Cette rencontre de haut niveau offre l’opportunité au gouvernement de prendre des engagements forts pour le financement des interventions spécifiques à la nutrition, tout comme une coordination étatique au plus haut niveau pour favoriser des synergies de tous les secteurs concernés. Ces investissements donneront l’opportunité aux partenaires de s’aligner aux priorités du Gouvernement.
Faire de la nutrition une priorité politique et financière » c’est le thème du forum national sur la nutrition qui a ouvert ses portes le mardi 23 juillet au Centre international de conférence de Bamako. Présidé par le premier ministre Dr Boubou Cissé il avait à ses côtés le ministre de la Santé et des affaires sociales, Michel Sidibé, de Gerda Verburg, Coordinatrice mondiale du Mouvement pour le renforcement de la nutrition, ou Scaling Up Nutrition (SUN), du vice-président de la Côte d’Ivoire, M. Daniel Kablan Duncan, de l’ancien président de la Tanzanie, M. Jakaya Kikwete. Etaient aussi présent des chercheurs, des cadres techniques, des acteurs régionaux et locaux, des industriels de transformation agroalimentaire, des associations de consommateurs, et des organisations de la société civile.
Le gouvernement du Mali et ses partenaires restent déterminé à réduire considérablement la malnutrition. C’est tout le sens du forum qui se tient au centre international de conférences de Bamako. Dans son discours d’ouverture du forum national sur la nutrition, le premier ministre, Dr Boubou Cissé a annoncé que parmi les 10 millions de décès observé chaque année chez les enfants de moins de 5 ans, la malnutrition y est associée à plus de 50%. Et d’ajouter que le Programme alimentaire mondial estime qu’en Afrique de l’ouest 3,5 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aigüe et 9 millions souffrent de malnutrition chronique.
« En 2019, un enfant sur 5 est atteint de retard de croissance ou de malnutrition chronique et plus de 4 enfants sur 5 d’anémie au Mali » a affirmé le premier ministre. A l’en croire, le retard de croissance à des conséquences dévastatrices et durables sur les enfants qui en sont atteints marqué par un risque aigue de souffrir de maladie chronique comme le diabète et l’hypertension artérielle. Et aussi d’un développement physique et intellectuel sous optimal qui conduit finalement à une capacité de production moyen. Il estime que le résultat de l’étude sur le cout de la faim indique que la malnutrition coûte environ 265 milliards de F CFA par an soit 4,06 % du PIB. Les résultats de cette étude mettent en évidence les gaps futurs que le pays pourrait connaitre sur le plan humain et économique si le niveau de la malnutrition n’est pas maitrisé » s’est inquiété Dr Boubou Cissé. Avant d’indiquer qu’il est indispensable de trouver des solutions à long terme afin de réduire le fardeau de la malnutrition.
Le vice-président de la Côte d’Ivoire, M. Daniel Kablan Duncan, a partagé l’expérience de son pays qui dit-il n’échappe pas aussi à la malnutrition. Pour mieux lutter contre le phénomène dira l’orateur que son pays a opté pour l’approche multisectorielle traduit par l’adhésion de la cote d’ivoire en juin 2013 au mouvement mondiale de lutte contre la nutrition. » Depuis cette période sous le leadership du président de la République de la Cote d’Ivoire Alassane Ouattara le gouvernement ivoirien à travailler au respect de ses engagements et à l’atteinte des indicateurs fixés par le mouvement pour le renforcement de la nutrition (SUN) » a-t-il soutenu. Poursuivant ses propos, M. Daniel Kablan Duncan a relevé qu’Alassane Ouattara fait de la lutte contre la malnutrition une de ses grandes priorités et la place au cœur de la lutte contre l’extrême pauvreté.
Mme Gerda Verburg, Coordinatrice mondiale du Mouvement pour le renforcement de la nutrition, ou Scaling Up Nutrition (SUN) a révélé que faire de l’amélioration de la nutrition et la sécurité alimentaire une priorité politique et financière est un des meilleurs investissements qu’un pays puisse faire. » Augmenter les investissements publics dans la nutrition, c’est accroitre les capacités d’apprentissage scolaire des enfants et des adolescents, et augmenter leurs productivités pour plus de revenus potentiels une fois adultes. Cela augmente également les chances de sortir de la pauvreté » a-t-elle avisé.
L’ancien Président tanzanien Kikwete, a rappelé que l’Afrique a la plus grande part de malnutrition au monde. » Le combat contre la malnutrition doit et peut être gagné en Afrique, perdre n’est pas une option » a-t-il signalé.
Les enfants du Mali à travers le parlement national ne sont pas restés en marge de la rencontre. Dans leur déclaration, les enfants ont souligné que la malnutrition n’est plus une urgence silencieuse, mais criarde. » Nous enfants du Mali, nous nous en remettons à vous nos parents et nos décideurs car demain nous serons aussi appréciés en tant que parents. Un enfant bien nourri est un adulte accompli » ont -ils clamé.
Rappelons que le 1er forum national de la nutrition, qui s’est tenu en 2010, a conduit à l’élaboration du Plan national de la nutrition, le document de politique nationale de nutrition, et à la mise en place des organes de la coordination multisectorielle. Plus récemment, la nutrition a reçu une position clé dans le prochain Cadre stratégique pour la relance économique (CREDD) et les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi ont été inclus sur la liste des médicaments essentiels, confirmant l’importance croissante du secteur de la nutrition pour le Gouvernement du Mali.
Ramata TEMBELY
Source: l’Indépendant