Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a préféré le général rwandais Jean-Bosco Kazura pour diriger les forces de la Mission internationale de stabilisation du Mali (Minusma). Un choix conforme au principe mis en avant par plusieurs pays, de voir effectivement un « francophone » à la tête de la future force des casques bleus d’environ 12 600 éléments.
Jean-Bosco Kazura sera secondé par un général nigérien. Quant au chef d’état-major de la Minusma, il sera, lui, français. Pendant que la majorité des militaires sous son commandement seront issus de la force africaine déjà au Mali, la Misma.
L’insistance du Tchad de faire occuper ledit poste par le chef d’état-major de l’armée tchadienne, n’aura donc pas suffi. L’ONU a finalement opté pour ce général rwandais aux compétences avérées en matière de maintien de la paix, notamment en sa qualité d’adjoint au commandant des forces de l’Union africaine au Darfour (Soudan) avant le déploiement des casques bleus de l’ONU.
Jean-Bosco Kazura, a par ailleurs convaincu l’ensemble des observateurs, notamment lors de son audition par les experts de l’ONU, sur ses grandes capacités à conduire les hommes sur un terrain quasi-similaire au cas malien. Ce qui a motivé son choix au détriment du candidat présenté par le Tchad, un pays qui a fortement contribué à la guerre contre les terroristes et les jihadistes au Mali aux côtés des troupes françaises dans l’Adrar des Ifoghas.
Le choix de Jean-Bosco Kazura au détriment de son candidat national n’a rien enlevé à la volonté et à la détermination du Tchad à continuer à jouer les grands rôles pour la restauration de l’intégrité du territoire malien et pour la paix dans la bande sahélo-saharienne.
En effet, après avoir été informé par Ban Ki-Moon, du choix de Jean-Bosco Kazura, le président tchadien, Idriss Deby Itno, a réaffirmé la disponibilité de son pays à poursuivre ses efforts pour la stabilisation du Mali dans le cadre de la Minusma, en envoyant au besoin des troupes complémentaires sur le terrain.
La nouvelle politique tchadienne en Afrique, fait dire à certains observateurs que ce pays se positionne de plus en plus comme une véritable puissance sous-régionale. Il fait surtout preuve de beaucoup de pragmatisme dans sa solidarité avec ses frères africains en difficulté.
Les cas malien et centrafricain attestent ce nouveau rôle qui, jusque-là, semble bien lui réussir malgré le lourd tribut qu’il y paie, notamment en termes de pertes d’éléments parmi ses troupes dans les combats contre les jihadistes dans les massifs de l’Adrar des Ifoghas (extrême nord-est du Mali) en avril 2013.
Faut-il rappeler que le Tchad a perdu au Mali près d’une quarantaine de soldats aussi bien lors de combats acharnés contre les terroristes que par suite d’attentat fomenté par des kamikazes au passage de leurs véhicules militaires au centre-ville de Kidal.
Malgré tout, il reste le premier contributeur de soldats à la Misma, avec plus de 1500 hommes encore présents particulièrement dans
la région de Kidal, notamment à Aguelhok, Tessalit et Tinzawaten.
La meilleure preuve de solidarité se trouve plutôt dans les actes et non les beaux discours. Le peuple malien saura reconnaître ses frères et ses vrais amis au sortir de cette crise qu’il est en train de surmonter grâce à leur solidarité en tous genres.
Bréhima Sidibé