Grand chantre de l’africanité, Amadou Hampaté Bâ aura marqué son temps et surtout les siens par ses nombreux écrits. À travers une Fondation, sa famille essaie de « ressusciter » toutes les œuvres de l’illustre artiste.
Située dans la commune de Cocody, la Fondation Amadou Hampaté Bâ est tout de suite repérable, de par sa clôture atypique et les nombreuses citations de l’écrivain que l’on peut lire dès l’entrée. Des signes qui plantent le décor d’un voyage dans la vie de l’un des plus grands écrivains et hommes de culture qu’aura connus l’Afrique. A l’intérieur des locaux, citations et portraits retracent quelques moments de la vie de l’homme et donnent tout son sens à l’adage qu’on lui attribue : « en Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Décédé le 15 mai 1991 à Abidjan, Amadou Hampaté Bâ devait voir ses œuvres sauvegardés et enseignées aux futures générations, au risque qu’elles ne « brûlent ». D’où la création en 2002 de la Fondation par ses héritiers, avec l’appui des autorités ivoiriennes. « Le besoin de perpétuer l’œuvre a été ressenti, au regard de l’importance qu’elle avait dans la restitution de l’histoire des peuples de la sous-région et au regard des défis actuels auxquels ceux-ci se trouvent confrontés », confie Roukiatou Hampâté Bâ, Directrice de la fondation et par ailleurs fille cadette d’Amadou Hampâté Bâ.
Transmettre et conserver Considérée comme la gardienne de ce temple du savoir, Roukiatou essaie tant bien que mal d’accomplir sa mission. « Hampaté Bâ a laissé des savoirs consignés par écrit ou sur des supports audio et physiques. À travers les tables rondes que nous organisons, nous essayons de revisiter ses problématiques, comme celle de l’identité culturelle, et d’accompagner la jeunesse dans sa quête d’elle-même, à travers le partage d’expériences et d’autres activités ». La Fondation abrite une bibliothèque riche de plus de 3 000 ouvrages spécialisés, dont certains sont reconnus comme des pièces rares. Véritable mémoire vivante, allant des généralités aux thématiques les plus pointues. « Elle contient des œuvres que Hampaté Bâ lui-même a lues et nous mettons un point d’honneur, lors des visites par les établissements scolaires, à faire lire ses écrits afin de permettre aux élèves de se familiariser à la lecture, qui est une richesse pour leur esprit », ajoute Roukiatou. Cependant, au-delà du joyau architectural, la Fondation ne dispose toujours pas des moyens nécessaires pour pérenniser ce gigantesque chantier culturel africain. Malgré de faibles subventions du ministère de la Culture ivoirien et quelques aides de mécènes, la Fondation Hampaté Bâ est toujours dans la survie.
Journal du mali