Les faits de corruptions et de surfacturations ont de beaux jours devant eux sous ce régime en place depuis bientôt six ans. Après les affaires de surfacturations dans l’achat de l’avion présidentiel, des équipements militaires, voilà que la surfacturation se retrouve dans les bureaux de l’EDM. En effet cette société doit aux fournisseurs plus de 90 milliards selon certaines sources crédibles. En somme, elle croule sous le poids d’une dette due au non-paiement des factures de fourniture d’électricité dans les services publics. Par la pratique de la surfacturation, le nouveau Ministre veut alourdir le niveau de cette dette en voulant octroyer le marché de construction de centrale électrique de Sirakoro, au groupe BWSC pour un montant de 19 milliards par rapport au moins-disant.
En effet, le journal Sphinx dans sa parution n°735 du 16 mai 2019 nous décrit comment le ministre Wagué compte s’y prendre pour défendre les intérêts des prédateurs haut placés dans la gestion étatique. En voici donc le récit tout frais. «En effet le Ministre Sambou Wagué, au lieu de s’occuper des délestages qui constituent les affres quotidiennes des populations, perd son temps à manœuvrer pour faire passer cette pilule amère que la Banque islamique de développement n’avalera jamais. Il s’agit de l’attribution du marché de construction à Sirakoro d’une centrale thermique de 100 mégawatts fonctionnant au fioul lourd à la société BWSC, classée en 4èmeposition lors du dépouillement des offres et en plus propose 11 milliards de F CFA plus cher que le moins-disant.
Ce n’est pas tout, car en termes d’offres techniques, cette société propose des groupes électrogènes de marque en faillite, rachetés par Caterpillar. C’est donc tout naturellement que la Banque islamique de développement, partenaire financier du Mali dans ce projet, par lettre N°RHD 68-361 du 20 mars 2019, a demandé à l’Énergie du Mali (EDM) de compléter la procédure d’évaluation des offres, en y incluant les deux entreprises CEC (Chine) et MATELEC (Liban) éliminées à tort pour ouvrir un boulevard à BWSC.
Malgré tout cela, SambouWagué, Ministre de l’Énergie et en même temps président du Conseil d’Administration de l’EDM-sa (en violation flagrante de la loi), se presse très lentement dans l’exécution des recommandations de la BID qu’il continue de défier. Son astuce a été de demander à l’EDM-sa de chercher à se faire couvrir par un avis de la Direction Générale des Marchés Publics (DGMP) pour tenter de contrebalancer la position de la BID.
Malheureusement pour SambouWagué et ses parrains, il y a encore au Mali des cadres qui savent garder leur dignité et leur honnêteté et surtout, un service comme la DGMP n’acceptera jamais devenir la risée du monde en se mettant sur le dos des institutions financières internationales comme la Banque Islamique de Développement (BID), quelle que soit la puissance du moment des prédateurs financiers dont SambouWagué est le prototype.
En effet, saisie par lettre n°19-0648 BK/mm/EDM-SA du 12 avril 2019, sous le prétexte d’une « demande d’avis d’expert dans le cadre de l’appel d’offres international pour la construction d’une centrale thermique au Fioul de 100 MW et ses ouvrages d’évacuation à Sirakoro pour EDM-SA », la DGMP a répondu par lettre n°01014/MEF-DGMP-DSP du 13 mai 2019 dont le Sphinx détient une copie à travers ses circuits d’investigations, comme il en a l’habitude.
La DGMP, dans sa réponse, a été très claire puisqu’elle s’est alignée sur la position de la Banque Islamique de Développement qui exige à la commission d’analyse des offres (pour ce marché) « de reprendre l’analyse des offres en intégrant les offres des soumissionnaires CMEC et MATELEC ». Il faut comprendre que ces deux soumissionnaires, qui sont les deux moins-disant comme le précise d’ailleurs la lettre de la DGMP, ont été écartés par magouille pour faire place nette à un autre soumissionnaire qui propose 11 milliards de plus. Le deal était donc clair. Sans détour, la DGMP, dont il faut saluer la clairvoyance et aussi l’indépendance d’action pour produire ce travail de qualité, a tout simplement demandé à l’EDM-SA de se conformer aux observations ayant motivé l’objection de la BID.
Rappelons que pour ce marché de construction de la centrale thermique de Sirakoro, il y avait 11 soumissionnaires. Parmi eux, trois ont proposé les marques allemandes MAN connues à travers le monde et en plus ils sont de loin moins chers que le groupe proposé par le soumissionnaire imposé. Et comme le révèle la DGMP dans sa lettre : «En date du 18 novembre 2018, adressés à EDM, le constructeur MAN Energy Solutions a fourni les éléments d’éclaircissement demandés. Il ressort de ladite correspondance, que les moteurs proposés sont performants et sont de la famille 4X de MAN Energy qui comprend les moteurs 48/60 et 51/60. Le moteur 51/60 bénéficie de 10 ans d’expérience…. » Voilà que le débat semble être clos.
Dans un pays où la gestion des affaires publiques se fait de façon sérieuse et rigoureuse, a-t-on besoin d’en arriver à étaler sur la place publique un dossier pareil ? Mais le peuple malien a besoin d’être informé amplement de ce qui est en train de se passer et qui relève de la grandedélinquance financière que nous avons toujours dénoncée, comme ce fut le cas pour le marché des équipements militaires octroyé par entente directe à Sidi Kagnassy, l’achat de l’avion présidentiel, parmi tant d’autres scandales révélés par le Sphinx ces six dernières années ».
Peut-on se demander si le Ministre SambouWagué n’est pas en mission commandée au profit des mêmes personnes qui l’ont fait d’abord Président Directeur Général, avant de le nommer Ministre, en le gardant toujours au poste de PDG ? À travers cette investigation du Sphinx, nous comprenons mieux que ce coup a été minutieusement monté dès le lancement de l’appel d’offres relatif à la construction de la centrale électrique de Sirakoro. Sinon de quoi ce richissime homme d’affaires a encore besoin dans la vie avec des dizaines de maisons en location et après avoir été le percepteur général du trésor, le directeur national du trésor pendant plusieurs années, ministre délégué au budget, Président Directeur Général de l’EDM, Ministre de l’Énergie et de l’eau ?
Mais l’homme est insatiable. Dans un premier il marchait à pied, ensuite à vélo, après il trouve qu’il lui faut une mobylette.Après avoir eu la mobylette, il pense àun motocross. Lorsqu’il obtient le motocross, il veut une voiture simple pour transporter sa famille, après il trouvera que la voiture simple n’est pas rapide et qu’elle n’est pas adaptée, pour cela, il souhaite avoir une grosse cylindrée sur laquelle l’attention de tous sera portée. Ensuite, il pense qu’il lui faut une cylindrée de série limitée avec toutes les options. Aux mêmes moments, certaines de ses familles voisines ont du mal à manger deux fois par jour. Après l’acquisition de cylindrée à série limitée, il pense à un avion monomoteur pour ses déplacements entre villes. Nous ne blaguons pas en parlant de monomoteurs, car il y a un ministre actuel dans le gouvernement, qui a des diplômes falsifiés, qui possède deux avions taxis à l’aéroport de Bamako selon des sources crédibles. Il ne se maintient dans le gouvernement qu’à coup de dizaines de millions distribués en haut lieu. Son adjoint dans son ancien service est accusé d’avoir fait disparaitre plus de 2 milliards dans des opérations fictives d’achats de service.Nous sommes dans les investigations et nous publierons la suite. Cette affaire d’EDM va plonger pour longtemps les maliens des grandes villes dans le noir. Allah peut-il encore sauver le Mali ?
Badou S. KOBA
Source: Le Carréfour