Sans ambages, ce panel des démocrates appelle à un soulèvement contre la transition en cours en vue de rétablir « la souveraineté populaire et l’ordre constitutionnel, à soutenir l’investiture du gouvernement de transition en exil et à participer massivement à la manifestation populaire des démocrates maliens le 28 juin 2024 à Bamako, dans les autres localités du Mali et à l’étranger… ».
Dernière ce projet machiavélique qui n’est pas visiblement soutenu par certains hommes politiques joints par nos soins, malgré leur divergence avec les autorités de la transition, se cache le désir de ces ‘’démocrates’’ de vouloir mettre en place un gouvernement en exil pour agir au nom et au compte d’un pays où ils sont interdits de séjour.
Pour certains hommes politiques contactés par nos soins, ce projet est loin d’être une solution viable dans le contexte de la crise sécuritaire et socio-politique de notre pays. Parce que, selon eux, un gouvernement en exil va être une représentation qui n’aura aucune valeur juridique ni aucune légitimité. Au moins à défaut d’avoir de la légalité, il faut jouir de la légitimité. La transition en cours, en dépit de ses imperfections, bénéficie aujourd’hui d’une certaine légitimité auprès de la population. Veulent-ils être plus royalistes que le roi ? Ne sont-ils pas en train de se tromper de combat ?
Après s’être mobilisés pour renverser un régime démocratiquement élu, la stratégie du Panel des démocrates devrait être de renforcer leurs confrères du pays pour plus de cohérence, de respect des principes démocratiques, entre autres. Sans le respect de ces valeurs, il est impossible de mettre fin au coup d’Etat.
Par ailleurs, ce panel des démocrates appelle la population à participer à la rencontre de concertation en ligne le 18 mai prochain devant conduire à une transition civile élue. Cette rencontre de concertation, explique le communiqué, a pour objectifs de constituer un cadre pour échanger et appeler d’une seule voix à la fin du régime militaire, à la mise en place d’une transition civile, à la tenue des élections législatives pour instituer une assemblée constituante élue et à la sauvegarde des acquis démocratiques et de la souveraineté populaire au Mali.
Dans son scénario, le panel planifie la mise en place d’un gouvernement d’union nationale de 7 membres collégial non partisan élu et mandaté par ce Parlement pour organiser des élections législatives (désignation de députés par consensus local en zones d’insécurité) à partir du 29 septembre 2024 en vue d’une transition civile de refondation élue de 5 ans.
Le hic, alors que les autres démocrates se battent tout en exigeant des élections le plus rapidement possible pour le retour à l’ordre constitutionnel, le fameux panel envisage une transition civile de refondation de 5 ans. Également, parmi ses propositions farfelues, le panel souhaite que la transition soit gérée par un Chef d’État honorifique désigné chaque année par exercice tournant parmi les sénateurs. Qu’est-ce qu’un chef de l’État peut faire en un an et atteindre des résultats ?
En clair, en plus d’être farfelue, cette proposition infantilise notre situation. Au lieu de séduire par la qualité des solutions, cette organisation des démocrates entretient le doute sur sa capacité d’analyse et d’anticipation d’une crise politique, notamment. Existe-t-il, dans le monde, un pays où la présidence est tournante et par an ?
Cette histoire nous rappelle la déclaration tenue en janvier 2022 par l’opposant AINEA Ibrahim CAMARA, président du Parti « Mouvement Républicain », se disant également président de la Plateforme « Mouvement Faso Dcmbé ». Une responsabilité qui n’a existé que sur les réseaux sociaux et pour quelques minutes.
PAR SIKOU BAH