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Fin de la mission du FMI : Honteuses révélations des audits

C’est le jeudi dernier que la mission du Fonds monétaire international (FMI) s’est achevée au Mali. Avec à leur tête Christian Josz, les experts de la plus grande institution de Bretton Woods ont, au cours d’une conférence de presse, étalé les scandaleuses découvertes qu’ils ont faites pendant les deux semaines d’enquête. Cela,  grâce aux audits menés par le Bureau du vérificateur général et la Cour suprême.

Christine Lagarde directrice generale fmi ministre malien boire fili sissoko

Face à la presse, le chef de la mission du FMI a déclaré qu’ils ont sollicité deux organes  externes de contrôle du Mali, à savoir le bureau du Vérificateur général et la Cour suprême, pour faire une  analyse de la situation. Dans le cadre du contrat de fournitures militaires de 69 milliards de Fcfa, il y avait une surfacturation importante de 29 milliards. Ils ont aussi travaillé sur le fonds de garantie de l’État qui est de 100 milliards Fcfa. D’après le Vérificateur général, celui-ci pourrait avoir été utilisé frauduleusement à hauteur de 10 milliards de Fcfa. Selon les deux rapports d’audit concernant  l’achat de l’avion présidentiel, les chiffres sont légèrement différents mais très proches du montant de 20 milliards de Fcfa déclaré par l’État. Selon les intermédiaires spécialisés, cités par le bureau du Vérificateur général, le prix d’un avion de cette nature varie entre 30 et 40 millions de dollars. Le prix que l’État malien a payé est proche du montant supérieur de cette fourchette. Les audits ont également mis en évidence des transactions exécutées par l’État en dehors des textes, aux dires de M. Josz.

 

 

Une surfacturation de 29 milliards de Fcfa

Bouaré Fily Sissoko, Ministre de l’Economie et des Finances, a affirmé: «Il existe bien un décalage de 29 milliards Fcfa entre le montant du contrat de fourniture de véhicules et le décaissement intervenu au profit du fournisseur. Mais, il faudra attendre le rapport final et les audits en cours pour connaître la véritable nature de cette différence. Il y a bel et bien eu surfacturation de 29 milliards sur le même marché qui, à l’origine, était composé de  deux lots de 34.066.867.000 F CFA et de 35.116.529.474 F CFA, soit un total de 69.183.396.474 F CFA. Et la durée d’exécution du marché est de 36 mois, soit du 1er septembre 2013 au 01 décembre 2016». Avant d’ajouter qu’à l’heure actuelle, 85% dudit marché ont  déjà été exécutés. Le fournisseur auquel elle a fait allusion est la société d’un conseiller spécial du président de la République, du nom de GUO Star-sarl.  A la question de savoir comment de telles sommes ont-elles pu être validées, Fily Sissoko dira qu’«il y avait la dérogation au niveau de l’article 8 des marchés publics qui parlait, en fait, de secrets défense et de besoins essentiels pour l’Etat. Il y a eu une utilisation extensive de ce concept-là».

 

 

Des marchés seront annulés, les versements reprendront

De ce fait, le Fonds exige du gouvernement qu’il annule des marchés et ne paie pas les montants surfacturés. Selon M. Josz, l’annulation de ces contrats qui n’étaient pas encore lancés, la limitation les contrats existants à ce qui était livré et la revue à la baisse les prix des contrats qui sont surfacturés ont permis de ramener le montant de 134 à 57 milliards FCFA. Une nouvelle modification de la loi de finances devra donc annuler certaines dépenses pour intégrer cette somme au budget. «La mission quitte Bamako satisfaite et les versements reprendront d’ici la fin de l’année», assura-t-il.

 

 

Zéro pointé en gestion des finances publiques

S’il y a en un domaine où l’honneur du Mali a mainte fois  été dégradé, c’est bien celui de la gestion des finances publiques. L’ingérence de l’exécutif et ses pratiques frauduleuses singulières valent à notre pays une mauvaise réputation. Le niveau de corruption et la captation de l’Etat par des dirigeants publics et des intérêts privés clouent du plomb dans les ailes de l’économie malienne. L’honnêteté commande de préciser que de ce honteux épisode avec le FMI, une simple vérité émerge déjà: en matière financière, les règles les plus vertueuses ne prémunissent jamais contre les habitudes immorales. Au-delà des faits révélés, sur lesquels il n’y a pas d’autre option que d’ouvrir des poursuites judiciaires contre les coupables, on se demande maintenant que reste-t-il des beaux discours du président IBK sur la lutte contre la corruption. «Le Mali ne sera plus gouverné comme avant (…) Pour le bonheur des Maliens, je lutterai farouchement contre toutes formes de délinquance financière. Sans pitié ! ». Blablabla…

Rokia DIABATE

SOURCE: Le Prétoire  du   29 sept 2014.
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