Le cerveau de l’évasion spectaculaire du 16 juin à la prison centrale de Bamako, le terroriste sous-traitant d’AQMI, Mohamed Ali Ag Wadoussène, a été arrêté dans la nuit du mardi au mercredi 25 juin à l’immeuble de la boulangerie Badjelika, sis à l’ACI 2000. L’auteur du rapt en 2011 des deux Français Philippe Verdon et Serge Lazarevic à Hombori a résisté à son arrestation déclenchant une série de fusillades (qui a duré presque six heures d’horloge, le bandit ayant été arrêté après deux heures du matin) entre lui et une unité de la gendarmerie et les forces spéciales de la Sécurité d’Etat. Sa compagne, Djana Walet Faraoua dite » Rose « , élue miss Kidal 2009, a été tuée au cours des échanges de tirs. Deux présumés complices, qui ont accueilli et caché le terroriste chez eux, à l’immeuble, ont aussi été mis aux arrêts.
L’arrestation de Mohamed Ali Ag Wadoussène est le résultat d’une série d’investigations menées par les forces spéciales depuis son évasion de prison. Sa compagne, Djana Walet Faraoua dite » Rose » qui lui rendait régulièrement visite et lui apportait à manger pendant sa détention et qui se trouvait déjà dans le collimateur des services de renseignement, a vite fait l’objet d’une filature. Chaque déplacement de la jeune dame depuis Badalabougou, quartier où elle habite jusqu’au centre-ville, était suivi par des agents en civil. Ses communications téléphoniques avaient été mises sur écoute.
Au tout début, Djana Walet a évité de rentrer directement en contact avec Wadoussène pour ne pas éveiller les soupçons. Elle était toutefois restée régulièrement en contact téléphonique avec une tante de ce dernier, vivant au Burkina Faso. Des indices à la disposition des enquêteurs pourraient faire croire qu’elle préparait déjà une fuite de son petit ami de terroriste vers le Burkina Faso ou la Guinée Conakry.
Il nous a, en effet, été indiqué que lorsque Wadoussène s’est évadé de prison, il était resté en compagnie de Soumaila Dembélé, alias » Soumi « , son confident et codétenu, un condamné à la perpétuité qui faisait l’objet de recherche et dont » L’Indépendant » a publié récemment la photo. C’est grâce à ce dernier qu’il était parvenu à se faire loger dans une villa de Sébénikoro, derrière le Woyowayanko, acquise en location. Lorsque Soumaila Dembélé a senti l’étau se resserrer autour des prisonniers en cavale dont beaucoup ont été repris, il aurait confié à Wadoussène son intention de se trouver une nouvelle planque.
C’est en ce moment que ce dernier, ne sachant plus quoi faire, a commis l’imprudence d’appeler Djana Walet. La jeune dame a pris contact avec des proches habitant l’immeuble ABK1. Avant de venir chercher son amant à Sébénikoro. On ignore si elle était venue toute seule ou accompagnée d’autres personnes.
Quand ils ont quitté Sébénikoro, Wadoussène ne se doutait de rien. Alors que des éléments des services de renseignement le filaient discrètement jusqu’à l’immeuble Badjélika, son nouveau refuge. Les enquêteurs se sont d’abord assuré que l’homme traqué correspondait bien au profil de Mohamed Ali Ag Wadoussène. Après confirmation qu’il s’agissait de l’auteur de l’évasion spectaculaire du 16 juin, ils ont alerté les forces spéciales. Quelque trente six éléments se sont rendus sur les lieux. Ils ont été rejoints par la gendarmerie et des policiers du 14ème arrondissement.
C’est dans des conditions presque rocambolesques que cette opération consistant à neutraliser le fugitif a été menée aux environs de 22 heures. Le secteur a été entièrement bouclé, empêchant toute possibilité de fuite avant l’assaut final.
Deux de ses complices, qui tentèrent de s’enfuir, ont été appréhendés. Plusieurs heures durant, le terroriste, qui ne se trouvait plus qu’avec sa compagne dans la chambre résista. Des échanges de coup de feu et jets de grenade lacrymogènes selon des sources concordantes, se sont multipliés.
A ce niveau, les sources varient sur les circonstances de son arrestation. Selon une première source, Wadoussène, ayant épuisé ses munitions, a mis du feu dans la chambre en essayant de se suicider, mais il a été maitrisé à temps par les forces de sécurité. D’autres sources révèlent que les agents ont provoqué un incendie pour pouvoir le maitriser.
Toutefois, des sources proches de l’enquête indiquent que le terroriste s’est servi de sa compagne comme bouclier. Lorsque celle-ci fut atteinte par balles, il a mis le feu dans la chambre. Sa visibilité ayant été diminuée par la fumée, il a pu être maitrisé plus aisément.
Lors de notre passage sur les lieux, sa chambre était fermée à clé. Des impacts de balle étaient visibles dans la chambre contiguë à celle qu’occupait le terroriste.
Nous y reviendrons.
A Diarra