NOUS, parties prenantes au panel ministériel de la Conférence régionale sur le thème « Médias et voix de la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre » tenue à Niamey les 6, 7 et 8 septembre 2022 :
RAPPELANT que le droit pour tout individu de se déplacer librement dans un pays, de quitter celui-ci et d’y revenir, est garanti par l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’article 12 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que par les instruments des Communautés Economiques Régionales de l’Union Africaine ;
RAPPELANT que Le « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », adopté par l’Assemblée Générale des Nations-Unies le 19 décembre 2018, à l’occasion de la Conférence intergouvernementale sur la migration à Marrakech, préconise de « fournir des informations précises à tous les stades de la migration » ;
RAPPELANT que le Cadre de politique migratoire pour l’Afrique révisé et Plan d’Action 2018-2030, de l’Union Africaine, recommande de :
– « fournir l’accès à des informations précises sur la migration de main-d’œuvre avant le départ et après l’arrivée, y compris les conditions d’emploi, les recours et l’accès aux conseils juridiques en cas de violation »,
– « fournir des informations adéquates et sexospécifiques sur les exigences, les défis divers en matière de genre et les possibilités de migration » et
– « s’assurer que les migrants potentiels ont accès à des informations adéquates, compréhensibles et sensibles au genre sur les possibilités qui leur sont offertes et les règlements régissant les migrations régulières » ;
CONSIDERANT que l’Afrique a toujours été une terre de mobilité des populations, non seulement à l’intérieur du continent, du celui-ci vers l’Asie, l’Amérique et l’Europe, ainsi que des autres continents vers l’Afrique ;
CONVAINCUES que la migration ou la mobilité humaine présente des avantages économiques, culturels, et sociaux certains, et est également source d’enrichissement mutuel des peuples et de renforcement de notre humanité ;
RAPPELANT que la migration irrégulière est illégale et expose les candidats et candidates à de nombreux risques physiques, financiers, ainsi que des risques spécifiques liés aux groupes vulnérables tels que les femmes, les enfants et les personnes vivant avec un handicap ;
PREOCCUPEES par l’accroissement constant de la migration irrégulière laquelle s’accompagne notamment d’une multitude de pertes en vies humaines, de trafics, d’exposition aux groupes armés non étatiques, d’exploitation d’enfants, de jeunes et de femmes ;
NOTANT l’importance des médias dans la fourniture d’informations sur les crises multidimensionnelles et récurrentes, en rapport notamment avec la sécurité, la politique, la gouvernance, le climat, l’environnement et la santé, lesquels sont des facteurs incitatifs à la migration interne à l’Afrique ou à partir de l’Afrique ;
PREOCCUPEES par la prévalence de la désinformation et la mésinformation sur la migration, lesquelles privent les populations de leur droit à l’information tout en affectant leur capacité à prendre des décisions éclairées sur le sujet ;
PERSUADEES que les jeunes filles et garçons d’Afrique de l’Ouest et du Centre sont influencés dans leur décision de migrer irrégulièrement par des témoignages peu crédibles de pairs, d’ami(e)s, de membres de famille, de passeurs ainsi que par la désinformation et la mésinformation relayées notamment à travers les réseaux sociaux ;
REAFFIRMANT, conformément, à la Déclaration de Windhoek+30, que l’information vérifiée est un bien commun qui fournit aux citoyens et citoyennes les moyens d’exercer leurs droits fondamentaux et de prendre des décisions éclairées ;
RECONNAISSANT que les médias publics, privés, communautaires, et en ligne sont des acteurs majeurs dans la production et la diffusion de l’information vérifiée sur tous les sujets d’intérêt public y compris sur la migration ;
DEPLORANT la prévalence des stéréotypes et autres préjugés dégradant dans la représentation des personnes migrantes, ainsi que la prédominance du discours sur la migration irrégulière dans les médias ;
SOUTENANT que la diversité et l’inclusivité des voix, ainsi que le respect de la dignité humaine, dans les représentations de la migration et des personnes migrantes dans les médias sont essentielles à l’accès à l’information complète sur la migration ;
CONSCIENTES que la viabilité économique des médias est cruciale à la production des contenus éditoriaux diversifiés et de qualité sur les sujets d’intérêt public dont la migration ;
SE FELICITANT des efforts consentis par les Etats, les partenaires au développement et les organisations de la société civile dans la sensibilisation de la population, en particulier les jeunes, sur les risques de la migration irrégulière et les opportunités qu’offre la migration régulière ;
RECONNAISSANT les efforts consentis par les Etats et le travail de l’UNESCO pour promouvoir la liberté d’expression, la sécurité des journalistes, le développement des médias, l’accès à l’information, l’autonomisation des jeunes, le renforcement des capacités des professionnels des médias, l’inclusion et la non-discrimination des personnes migrantes, notamment des femmes et des jeunes ;
PAR CONSEQUENT, NOUS
REITERONS l’impérieuse nécessité, pour chacun de nos Etats, de garantir et préserver le droit à l’information, y compris l’information vérifiée sur la migration, à travers l’adoption, le cas échéant, et l’application effective des lois conformes aux standards internationaux ;
REAFFIRMONS notre volonté commune de lutter contre la désinformation et la mésinformation relatives à la migration, et de combattre la stigmatisation, la xénophobie, le racisme et les discours de haine et de violence à l’égard des personnes migrantes, conformément au droit international ;
ENCOURAGEONS les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre à améliorer la disponibilité et l’accès à l’information relative aux possibilités, risques et opportunités de mobilité humaine dans la région ;
ENCOURAGEONS les initiatives de lutte contre la migration irrégulière et de facilitation de la migration régulière menées dans le respect de la dignité humaine, de manière inclusive et favorisant la cohabitation pacifique entre les populations des pays de départ, de transit, ou de destination et les personnes migrantes ;
APPELLONS à promouvoir un débat public inclusif, fondé sur l’analyse des faits et des multiples facettes de la migration, ainsi que des campagnes d’information vérifiée et des problématiques liées aux femmes, hommes, jeunes et des besoins des plus vulnérables ;
INVITONS les gouvernements à :
- Améliorer la disponibilité et l’accès aux sources d’information relatives aux possibilités, opportunités et risques de la migration dans la région ;
- Renforcer l’appui financier aux médias pour leur permettre notamment d’assurer leur indépendance éditoriale et de produire des contenus diversifiés et de qualité sur la migration ;
- Favoriser un environnement législatif et réglementaire qui reconnait la valeur des médias communautaires et qui soutient leur durabilité à long terme, pour leur permettre de produire des contenus, notamment sur la migration, qui répondent aux besoins des groupes minoritaires et des populations locales ;
- Renforcer les capacités des professionnels des médias à produire des contenus de qualité sur la migration ;
- S’assurer de l’inclusion du sujet de la migration dans les cursus de formation au journalisme ;
INVITONS les partenaires au développement engagés dans le domaine de la migration, à :
- Contribuer à l’amélioration de la viabilité des médias, en particulier les médias communautaires, pour leur permettre, notamment, de fournir une information vérifiée sur la migration ;
- Soutenir les initiatives visant à renforcer la représentation plurielle et inclusive des personnes migrantes ainsi que la diversification des narratifs sur la migration ;
- Renforcer les capacités des médias et des organisations de fact-checking de la région pour contrer la désinformation et la mésinformation sur la migration ;
- Renforcer la collaboration nationale et transfrontalière entre les médias de la région et d’autres régions concernées, pour favoriser le journalisme collaboratif dans la couverture médiatique de la migration ;
INVITONS les médias et les organisations de la société civile engagés dans le domaine de la migration, à :
- Assurer la diversification des narratifs, notamment à travers le traitement du sujet sous divers angles, pour contribuer à la fourniture d’une information complète sur la migration ;
- Soutenir la production de contenus éditoriaux diversifiés en langues locales sur la migration ;
- Rendre plus inclusifs les narratifs dans les contenus éditoriaux en rapport avec la migration, en donnant davantage la parole aux jeunes, aux femmes, et aux personnes vivant avec un handicap, ainsi qu’à toutes les parties prenantes ;
- Contribuer à la déconstruction des stéréotypes et autres préjugés dégradant relatifs aux personnes migrantes ;
- Favoriser la compréhension des causes sous-jacentes et profondes de la migration ;
INVITONS ET ENCOURAGEONS l’UNESCO à multiplier les initiatives visant à accompagner ses Etats membres dans le renforcement de la viabilité des médias, maillon important dans la fourniture de l’information vérifiée sur la migration ;
ENFIN, SOUTENONS la présente Déclaration comme le résultat majeur de la Conférence régionale « Médias et voix de la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre », organisée à Niamey les 6, 7 et 8 Septembre 2022 ;
INVITONS les différentes parties prenantes à soutenir et à assurer la mise en œuvre effective des principaux résultats issus de la Conférence régionale « Médias et voix de la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre » ;
REMERCIONS la République du Niger, la République Italienne, et l’UNESCO pour leurs appuis techniques et financiers pour l’organisation de la Conférence régionale « Médias et voix de la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre ».
Faite à Niamey, le 06 septembre 202
Source : Le Challenger