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Faut-il repenser la démocratie face aux défis du XXIe siècle ?

Pendant des décennies, la démocratie a été érigée en modèle politique universel, censé garantir la liberté, la justice et la dignité humaine. Portée par les grandes puissances occidentales, elle s’est imposée comme une norme à laquelle tous les pays devaient se conformer pour prétendre à la légitimité sur la scène internationale.
Mais aujourd’hui, force est de constater que la démocratie traverse une crise profonde. Ni le communisme, discrédité par son échec historique, ni la démocratie, affaiblie par ses contradictions internes et ses échecs pratiques, ne semblent capables de répondre seuls aux défis immenses et complexes du monde contemporain. Il devient urgent de poser la question : que faire ?
Un idéal en décalage avec la réalité
Il faut distinguer les valeurs démocratiques (participation citoyenne, séparation des pouvoirs, protection des libertés fondamentales ) de leur mise en œuvre concrète. En Afrique, la démocratie s’est souvent réduite à des élections périodiques, formelles, déconnectées des réalités économiques et sociales. Des alternances sans véritable changement, des partis politiques clientélistes, des institutions affaiblies, et une participation citoyenne limitée ont fini par nourrir une grande désillusion.
Mais cette crise n’épargne pas non plus les grandes démocraties occidentales. Elles sont elles aussi confrontées à des dérives inquiétantes : racisme structurel, inégalités croissantes, captation du pouvoir politique par les lobbies économiques, manipulations médiatiques, désaffection civique… Autant de symptômes d’un système qui peine à tenir ses promesses.
Démocrates chez eux, dominateurs à l’international
Plus grave encore est le double discours démocratique des grandes puissances : elles défendent hautement les principes démocratiques dans leurs frontières, mais les oublient dès qu’il s’agit de leurs relations avec les pays plus faibles. Là où elles prônent l’État de droit chez elles, elles pratiquent ailleurs le deux poids deux mesures, l’ingérence, la domination économique, les sanctions unilatérales, voire les changements de régime.
Les institutions internationales, censées incarner un ordre juste et multilatéral, reflètent en réalité un déséquilibre structurel hérité de la Seconde Guerre mondiale. Le Conseil de sécurité des Nations unies, le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, sont autant de dispositifs où quelques pays imposent leurs règles et leurs priorités au reste du monde, au mépris de l’égalité souveraine entre nations.
Cette contradiction majeure sape la crédibilité de l’idée démocratique. Comment croire à l’universalité de ses principes quand ceux qui s’en revendiquent les piétinent dès qu’ils sortent de chez eux ? La démocratie ne peut pas être un privilège réservé aux pays riches et un instrument de domination à l’étranger.
L’exemple chinois : efficacité sans démocratie libérale ?
Dans ce contexte, la Chine, régulièrement critiquée pour son autoritarisme politique, attire l’attention par ses performances économiques, sa stabilité sociale et sa capacité à planifier à long terme. Bien que des interrogations subsistent sur les libertés individuelles, de nombreux pays du Sud y voient une alternative crédible à la fois au modèle démocratique occidental et à la dépendance aux bailleurs traditionnels.
Cela interroge : la démocratie est-elle nécessairement synonyme de performance ? Ou bien avons-nous confondu forme et fond ? Un État peut-il être légitime s’il apporte des résultats concrets à son peuple, même sans respecter les canons classiques de la démocratie libérale ?
Vers une démocratie refondée, au niveau national et international
Il ne s’agit pas de renoncer à la démocratie, mais de la repenser profondément pour en faire un levier réel d’émancipation et non un simple label idéologique. Cela suppose :
•Une démocratie plus participative et enracinée, intégrant les réalités locales, les traditions communautaires et les formes endogènes de gouvernance ;
•Une réconciliation entre démocratie et justice sociale, car un système politique qui ne réduit pas les inégalités perd sa légitimité ;
•Une démocratie utile, capable de nourrir, soigner, éduquer et protéger ses citoyens ;
•Et surtout, une démocratie mondiale, qui respecte la souveraineté des peuples, réforme les institutions internationales, et garantit à chaque pays, petit ou grand, une voix égale dans la gouvernance de la planète.
L’Afrique peut-elle ouvrir une nouvelle voie ?
Longtemps suiveuse, l’Afrique peut devenir un laboratoire de l’innovation politique. Elle n’a pas à choisir entre la démocratie occidentale, aujourd’hui en crise, et l’autoritarisme ; elle peut forger une voie originale, adaptée à ses réalités, exigeante dans ses résultats, inclusive dans son fonctionnement. Une gouvernance enracinée, pragmatique, souveraine et profondément humaine.
Mais cela suppose du courage : celui de questionner les dogmes, d’affirmer sa propre voix, de créer des institutions ancrées dans l’histoire, la culture et les aspirations africaines et non simplement importées de l’extérieur.
Conclusion : dépasser les illusions pour bâtir une gouvernance digne
L’histoire ne progresse pas par soumission aux modèles dominants, mais par invention et rupture. Le communisme a échoué parce qu’il s’est enfermé dans le dogme. La démocratie risque de subir le même sort si elle continue d’être appliquée à géométrie variable : respectée à l’intérieur, mais trahie à l’extérieur.
Ce n’est pas entre démocratie et dictature qu’il faut choisir, mais entre un statu quo inéquitable et une nouvelle vision de la gouvernance, fondée sur la dignité des peuples, la justice globale, l’efficacité des États et la souveraineté partagée.
L’Afrique, et au-delà elle, l’ensemble du Sud global, a une opportunité historique : ne pas abandonner la démocratie, mais la transformer pour la rendre enfin fidèle à ses promesses universelles.
Harouna Niang 
Citoyen africain
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