ace à la multiplication des assassinats dans leur capitale, beaucoup de Maliens exigent l’application de la peine de mort.
Certes, le Code pénal malien prévoit cette peine pour de nombreux crimes, mais son application est suspendue depuis trois décennies. Avant de lever cette suspension, il faut, à mon avis, répondre aux interrogations suivantes : La justice malienne a-t-elle assez d’expertise et de moyens pour éviter les erreurs conduisant à l’exécution d’un innocent ? L’Etat a-t-il assez de force pour faire exécuter les rebelles du Nord du Mali qui, au sens de la loi, doivent être fusillés ? Sinon, quelle équité y aurait-il à appliquer la peine de mort à certains criminels et non à d’autres ? A-t-on songé au fait que malgré l’application effrénée de la peine capitale, les États-Unis gardent le plus grand nombre de prisonniers au monde ? Je ne m’oppose pas à la l’application de la peine de mort, mais je crois qu’elle ne servirait à rien si elle ne s’accompagnait pas de mesures vigoureuses tendant à éteindre les cinq principales causes de la criminalité : la faillite de l’éducation familiale, scolaire et civique; la pauvreté des masses, les guerres au nord et au centre du pays, l’inefficacité, voire la complaisance des tribunaux envers les délinquants, la mauvaise politique de sécurisation des villes et des quartiers.
Me Konaré
Azalaï-Express.