Depuis 2017, le festival Fari Foni Waati regroupe des danseurs de divers horizons pour quelques jours. Cette année, ce rendez-vous de la danse aura lieu les 30 et 31 janvier.
Devant le complexe culturel Blonba, à Torokorobougou, quartier populaire de Bamako, une foule difficile à canaliser forme une ronde. Composée d’enfants, de jeunes et de vieux, les regards sont figés sur les corps en mouvement des danseurs occupés à « performer ». Les djembés résonnent jusque sur la voie principale où certains usagers, curieux, rejoignent la foule pour savourer le spectacle.
Le souvenir de cet épisode très marquant du Fari Foni Waati 4, en 2020, donne un avant-goût de l’ambiance extérieure pour cette 5e édition. Elle est prévue pour les 30 et 31 janvier 2021. Même si les restrictions sanitaires liées au Covid-19 obligent les organisateurs à tenir une grande partie de l’événement en salle. Sous réservation.
« Rencontrer, partager, valoriser la danse »
« Le Fari Foni Waati, qui pourrait signifier en langue bamanankan ‘’le moment de se détendre ou encore de se déhancher’’, est un rendez-vous annuel qui permet surtout aux danseurs de se rencontrer, d’échanger et de créer des liens très importants en rapport avec cette passion commune qu’est la danse », a expliqué la directrice du festival, Naomi Fall, lors de la conférence de presse du lancement de la cinquième édition, au Blonba, le 26 janvier 2021.
La danse, comme plusieurs autres domaines artistiques au Mali, n’est pas perçu comme un métier, déplore les acteurs. Les contraintes sociales et le regard de la société met du plomb dans l’aile de nombreux danseurs qui, malgré la passion et la persévérance, ont du mal à décoller. Les opportunités sont maigres et la carrière ne suit pas toujours. Ces jeunes danseurs, pourtant diplômés ou formés sur le tas, débordent de talent. « Fari Foni Waati est aussi une occasion pour nous de promouvoir et valoriser ce métier », a ajouté la directrice.
Un engouement réel
Une grande partie du festival se tiendra en salle cette année. Mais beaucoup d’œuvres sont au programme dont une dizaine de spectacles et de performances artistiques. Trois pièces ont été montées durant les ateliers et sont également prêtes à être présentées au public. Elles ont été conçues par les chorégraphes Hamdi Dridi, Alesandra Seuti et Olivier Tarpaga, assistés par Ousséni Dabaré. « Ces chorégraphes, qui viennent respectivement de la Tunisie, de la Belgique, des États-Unis et du Burkina, ont travaillé en synergie avec plus d’une quinzaine de danseurs vivant au Mali mais appartenant à différentes nationalités », a précisé Marie Doussou Sangaré, chargée de production du festival.
Selon la directrice, Naomi Fall, ce sont des danseurs de plus de 19 pays différents qui ont postulé à l’appel. Malheureusement, le contexte sanitaire, qui change aussi le mode de soutien, a fait que les voyages internationaux ont été réduits au maximum.
Un festival inclusif
Cette année, le contexte du coronavirus n’est pas la seule particularité. Les acteurs ont décidé d’offrir une plateforme d’expression aux handicapés et aux enfants de l’école fondamentale de Baco-Djicoroni.
A propos des handicapés, il s’agit des jeunes malentendants de l’école pour déficients auditifs de Bamako. Ces jeunes ont travaillé avec la compagnie de danse Famu Danse du chorégraphe Daouda Keïta, dans le cadre du projet parole de corps dont l’objectif est l’insertion des jeunes malentendants dans la vie socio-professionnelle à travers l’art. Le festival s’ouvrira aussi avec le spectacle Fitini Show, qui concerne la restitution des ateliers de danse menés avec les enfants de l’école fondamentale de Baco-Djicoroni
Plus qu’un simple festival, Fari Foni Waati s’impose désormais comme un laboratoire artistique soucieux de l’avenir de la danse et des danseurs en Afrique.
Source: benbere