La triste nouvelle est tombée hier, très tôt le matin : l’artiste chanteuse Fantani Touré est décédée. L’information a vite fait le tour de la ville avant que le ministère de la Culture ne confirme officiellement la disparition tragique via un communiqué. Les Bamakois, comme le reste du pays, sont sous le choc.
« Mme Dembélé Fantani Touré s’est éteinte ce mercredi 3 décembre 2014 à Paris où elle résidait depuis plusieurs années », annonce le ministre de la Culture. « Au nom du gouvernement et du monde de la culture profondément éprouvés par une si grande perte, le ministre de la Culture adresse ses sincères condoléances à la famille de la défunte, tout en ayant une pensée pieuse pour cette éminente figure artistique dont l’engagement pour la promotion de la culture malienne a été couronné, entre autres distinctions, par : la médaille de Chevalier de l’Ordre national du Mali (2010), le Prix UNESCO de la paix (2011), le Tamani d’or (2014) », indique le communiqué du ministre de la Culture.
Fantani Touré était une des grandes voix du Mali. Une belle et puissante voix, totalement engagée dans la promotion de la culture malienne. Mariée au célèbre comédien Habib Dembélé dit « Guimba », Fantani Touré a parcouru presque toutes les scènes maliennes. Elle est auteur, compositeur et interprète de trois albums : « N’tin Naari », « Bozola » et « Benkan ». Elle est l’initiatrice et l’organisatrice principale du festival les « Voix de Bamako ».
Kandjoura Coulibaly, artiste plasticien et décorateur et costumiers de cinéma, est inconsolable. Joint au téléphone par nos soins, il estime que la perte est incommensurable. « Nous venons de perdre un trésor irremplaçable. Fantani aimait sa patrie, son pays, sa famille. C’est un grand symbole de la nation qui disparait ».
Tous lui reconnaissent une sociabilité peu ordinaire, un amour profond du Mali et de sa culture, un sens élevé du rassemblement et de la cohésion.
Communément appelée « Guimba Ka Fantani » (la Fantani de Guimba en langue nationale bambara), Fantani Touré est originaire de Bozola, l’un des plus vieux quartiers de Bamako.
Cette artiste de renommée internationale qui quitte la scène à l’âge de 50 ans, avait été formée à l’école des semaines locales, régionales de la jeunesse et de la Biennale artistique et culturelle. Elle participe à différentes éditions de cette manifestation entre 1978 et 1986. La chanteuse enregistre un premier album qui attire l’attention de Salif Keita impressionné par une voix et des paroles puissantes. Celui-ci l’invitera plus tard à venir enregistrer dans son studio Wenda Production.
En 1997, Fantani Touré participe au Marché africain des arts du spectacle d’Abidjan (MASA) avec son propre groupe et sort son premier album « N’tin Naari» dont les paroles décrivent les conditions sociales des femmes au Mali. La même année, elle est élue meilleure artiste du Mali. Elle participe à plusieurs festivals : ceux d’Angoulême, des Francofolies de Limoges, de l’Hippodrome de Douai (France), les « Paroles d’hiver » en Grande Bretagne en 1998, le festival « Banlieue et rythme de Guedyewye » au Sénégal. Sans compter les manifestations et rassemblements au niveau national.
L’illustre disparue a joué dans deux films, « Sia » et « La Genèse » de Cheick Omar Sissoko. En 2008, engagée dans la défense de la cause des femmes, Fantani Touré crée le Festival international au féminin « Les voix de Bamako » dont la 7è édition est prévue en janvier prochain.
A. SOW
SOURCE / ESSOR