Qualifié d’homosexuel, M.D. a été torturé durant des heures avant que ses bourreaux ne « balancent »
les images de la scène sur les réseaux sociaux. Ce qui a d’ailleurs facilité leur interpellation par les
policiers.
La date du 14 octobre 2019 restera longtemps gravé dans la mémoire du jeune apprenti tailleur que nous désignons par les initiales M.D. Piégé par des individus malveillants, ce jour-là, il a été victime d’une agression sauvage à cause surtout de son orientation sexuelle. Du moins, si nous osons croire nos sources. Les faits viennent de se passer à Kati il y a quelques jours de cela. Au nombre de six, les agresseurs du jeune homme, qui croyaient agir impunément, sont allés jusqu’à filmer la macabre scène avant de « balancer » le film sur le Net. Ils se nomment Alpha Diallo (l’auteur principal), Mohamed Ba Traoré, Mohamed Logo Traoré, Madou Fané dit N’fa, Tiécoura Touré dit Makané. Pour des raisons liées à la suite des enquêtes, nous désignons le fugitif de la bande par les initiales C.D. Ils ont entre 18 à 20 ans et sont pour la plupart des apprentis chauffeurs et/ou tailleurs et vivent dans le même secteur dans la ville garnison.
Dans la vidéo mise en ligne, tout laisse à penser que ces individus ont prémédité leur sale besogne. Ainsi, pendant une bonne trentaine de minutes, ces jeunes gens ont soumis le malheureux à des actes de tortures dignes d’un autre âge. Le jeune homme a été flagellé, bastonné par la manche d’une daba et régulièrement brûlé par les flammes d’un briquet à gaz. Les tortionnaires de M.D. n’ont pratiquement épargné aucune partie de son corps, y compris ses parties intimes. Tétanisé et complètement dépassé par les événements, le garçon ne pouvait rien d’autre que de se tordre de douleur et supplier ses tortionnaires de lui laisser la vie sauve. De sources proches du dossier au commissariat du 2è arrondissement de Kati, le film de cette torture infligée à M.D. aurait passé environ deux semaines sur le Net. Face à une telle atrocité dont les auteurs n’ont pas voulu s’en cacher, les policiers de ce commissariat ont pris les choses en main. Dans la foulée, le commissaire principal, Santigui Kamissoko, a instruit aux éléments de la brigade des recherches de traquer et de mettre la main sur les auteurs de cet acte ignoble.
Quelques instants plus tard, après avoir bien visionné les images en détail, le chef de la brigade des recherches, le lieutenant de police Sory Sidibé et ses hommes sont entrés dans la danse. Ils avaient déjà une idée de l’identité des éléments de la bande. La suite était facile pour eux. Dans les heures qui ont suivi, ils ont mis la main sur le nommé Alpha Diallo alias « Blond ». Ce jeune homme qui semble être l’initiateur de cette scène horrible est très connu dans le secteur pour des actes du genre. Localisé, il a été interpellé à son domicile sans grand problème. Son arrestation a facilité celle des autres membres du groupe. Quelques heures plus tard, ce sont cinq éléments sur six de la bande qui ont été mis aux arrêts par le lieutenant Sory Sidibé et ses hommes.
Conduits au commissariat de police et interrogés, les tortionnaires de M.D., qui ne pouvaient nier l’évidence, se sont néanmoins défendus. Ils ont justifié leur acte par le fait que la victime est un homosexuel. Trop facile pour convaincre des limiers professionnels après la commission d’un acte de la sorte. Les enquêtes policières ont révélé un autre fait. Il semble que le nommé Alpha dit « Blond » sortait avec la victime en son temps. Ils étaient tous deux employés comme apprentis tailleur dans un même atelier. Comme cette histoire a fait un grand bruit dans les parages du quartier où ils résidaient à Kati, Alpha a voulu se laver de tout soupçon. D’où son idée machiavélique de planifier un tel acte à l’encontre de M.D. En attendant de retrouver le septième élément du groupe, en fuite, les dossiers des six ont été renvoyés chez le procureur de la République, près le Tribunal de grande instance de Kati. Ils doivent comparaitre pour « torture et attentat à la pudeur ».
Visiblement traumatisée par cet acte, la victime a reçu des soins appropriés avant de rejoindre les siens.
Tamba CAMARA
Source: L’Essor-Mali