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Faits divers : MEURTRIER, ABSURDE ET ÉVITABLE

Tel se présente l’accident survenu le week-end dernier à Sénou. Les mauvaise habitudes ont malheureusement la vie dure

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Il serait difficile d’invoquer à tous les coups la fatalité pour expliquer la cruelle absurdité de certains accidents de circulation. La plupart de ces derniers auraient été facilement évitées si les conducteurs avaient fait preuve d’un minimum de prudence et s’ils avaient pris en compte les spécificités de la circulation à des endroits bien précis. Il suffit en effet aux usagers de se rappeler que les voies sont étroites, que les abords des routes sont encombrés de monde, que l’éclairage public est défectueux pour que les risques d’accident baissent considérablement. Aux chauffeurs donc de tenir compte de ces facteurs et de se montrer raisonnables. Malheureusement la modération est la qualité la moins répandue chez les conducteurs maliens qui semblent se livrer à une course permanente contre le temps. Ils font des acrobaties incroyables pour gagner quelques mètres et quelques secondes, comme si leurs vies en dépendaient. Et ils oublient que c’est justement la vie d’autrui qu’ils mettent en danger en dehors de la leur propre.
C’est une addition d’imprudences et de facteurs défavorables qui explique l’accident dramatique, venu allonger la funeste liste des drames qu’ont eu à gérer les agents VP (voie publique) du commissariat du 10è Arrondissement. Une nouvelle catastrophe s’est en effet produite dans la nuit du dimanche à lundi dernier sur la route nationale qui va de Bamako à Sikasso via Bougouni. Au cœur du tragique événement, un minibus Sotrama et un car de voyageurs. Le premier venait du centre-ville et se rendait à Sénou tandis que le second roulait dans le sens contraire. Un bilan relativement lourd a été enregistré au terme du drame.
Les sources policières indiquent que la collision est survenue en tout début de nuit. Cette heure pas très tardive a eu l’avantage de mobiliser rapidement et en nombre suffisant les secouristes qui se sont précipités pour porter assistance aux victimes. En effet, ce jour là, exceptés quelques couche-très-tôt, les populations riveraines du quartier Sénou ne s’étaient pas encore endormies. Une certaine animation prévalait encore à l’entrée de ce quartier périphérique de la capitale, entrée qui ressemble à un mini marché. Des petits commerçants ambulants s’y donnent chaque jour rendez-vous. Et ils restent sur place du matin jusqu’au soir. Leur occupation ? Essayer de placer leurs produits auprès des passagers des véhicules qui marquent une courte pause avant de sortir de Bamako ou de pénétrer dans la capitale.
La nuit où le malheureux événement est arrivé, les commerçants occasionnels de ce mini marché n’étaient pas tous rentrés chez eux. Quelques-uns se trouvaient encore là dans l’espoir d’accrocher d’hypothétiques derniers clients. Ce sont ces retardataires qui seront les témoins oculaires d’une catastrophe qui continue de marquer encore les esprits des riverains. Beaucoup d’habitants se sont en effet précipités hors de leurs domiciles après avoir entendu l’affreux fracas des métaux qui s’entrechoquaient et ils se sont retrouvés nez à nez avec un spectacle horrible de corps ensanglantés. Le délégué du poste de police de Faladié, l’inspecteur principal Moussa Traoré se trouvait trop loin pour percevoir le terrible vacarme. C’est le coup de fil d’un témoin qui l’a mis en alerte et lui a fait envoyer immédiatement certains de ses éléments pour constater les lieux du drame.
UN BRUIT DE MÉTAL FROISSÉ. Il faut préciser que le secteur de Sénou relève du commissariat du 10è Arrondissement du point de vu sécuritaire. Mais face à la gravité de la collision, les agents du poste de Faladié qui relèvent du 7è arrondissement ont trouvé tout naturel venir épauler leurs collègues de l’autre commissariat. Encore secoués par l’horreur de la scène qui venait de se passer en direct sous leurs yeux, certains témoins ont donné des versions assez précises et toutes concordantes sur le déroulement des faits des faits. Selon ces personnes, le car de transport en commun impliqué appartiendrait à une de ces nombreuses compagnies de transport qui prennent le départ de Bamako pour rayonner sur le reste du pays.
Le bus venait de Sikasso avec plusieurs dizaines de passagers à son bord. Arrivé au niveau du poste de contrôle, son conducteur avait commencé à ralentir. Il avait constaté d’après la lumière des phares qu’une autre voiture arrivait plutôt rapidement vers lui. Prudemment, le chauffeur du car s’était donc mis sur le côté pour laisser le passage à la voiture qui venait de face. Après le passage de celle-ci, le car manoeuvra pour reprendre sa route vers Bamako. C’est à ce moment que le minibus qui se trouvait en « troisième position » derrière la voiture qui venait de passer choisit de déboîter pour dépasser le véhicule qui se trouvait devant lui. Et pour ce faire, il se déporta sur sa gauche pour occuper la partie de voie sur laquelle roulait le car qui avait repris sa progression vers Bamako. Selon les témoins, le minibus avait déclenché sa manoeuvre tellement brusquement et il roulait à une telle vitesse qu’il aurait fallu un miracle pour que les deux véhicules parviennent à s’éviter. Sotrama et car se sont donc heurtés dans un bruit assourdissant de métal froissé. Le minibus a été littéralement rebondi sur le mastodonte que représentait le bus et a été projeté hors de la route sous l’effet du choc.
Une foule de curieux a rapidement envahi les lieux. Les secouristes amateurs se sont immédiatement mis au travail avant l’arrivée des sapeurs pompiers. Très vite, ils dénombrèrent trois morts sur place et de nombreux blessés, dont certains parmi les petits commerçants ambulants installés au bord de la route. Quelques-uns de ces blessés étaient dans un état critique. Avec l’arrivée des agents de la protection civile, les victimes ont été transportées d’urgence vers l’hôpital du Mali à Yirimadio. Les deux véhicules accidentés ont été remorqués jusque dans les locaux du commissariat du 10è Arrondissement. Encore une fois, l’excès de vitesse serait à la base de cet accident mortel. Des témoins ont affirmé que le conducteur du minibus Sotrama roulait à une vitesse si élevée qu’il était impossible pour lui de contrôler quoi que se soit.
UNE GÉNÉROSITÉ MAL RÉCOMPENSÉE. L’accident a malheureusement fait une victime collatérale parmi les personnes qui se sont spontanément portées au secours des accidentés. L’homme en question était de passage lorsque le drame s’était produit. N’écoutant que son instinct de solidarité, il avait arrêté son engin, l’avait mis sur cale au bord de la route et s’était mêlé à la foule des bénévoles. Peu après lui, un jeune homme vint également se joindre au groupe des secouristes improvisés. Des témoins le remarquèrent pour le zèle qu’il déployait. Mais cet inconnu avait son petit plan bien en tête. Quand il jugea que tout le monde était absorbé par le secours qu’il fallait porter aux blessés, il s’éclipsa en douceur, regagna le bord de route où se trouvait l’engin de son « collègue » secouriste bénévole, mit tranquillement en marche le moteur de l’engin et disparut dans la nuit.
Lorsque la foule a commencé à se disperser, l’homme qui s’était arrêté pour apporter son aide aux victimes ne put que constater la disparition de son engin. Complètement effondré, il ne pouvait accepter que sa conduite généreuse soit aussi injustement sanctionnée. Malheureusement jusqu’au moment où nous mettions cet article sous presse, l’engin du malheureux secouriste n’a pas été retrouvé et aucun indice ne pouvait permettre d’orienter les recherches.
Après ce terrible accident, le délégué du poste de police de Faladié n’exclut pas la mise en cause de l’excès de vitesse. Cependant, l’officier de police pointe le doigt sur d’autres phénomènes qui rendent « accidentogène » cette voie très fréquentée aussi bien de jour que de nuit. L’inspecteur principal Moussa Traoré plaide en faveur d’une moralisation de la délivrance des permis de conduire pour les transports en commun. De son point de vue, l’octroi de ce document doit être précédé d’une enquête de moralité concernant les futurs conducteurs des minibus Sotrama.
« Il faut que ces jeunes chauffeurs sachent que les vies qu’ils ont en main sont très souvent celles de responsables de foyers où il y a des femmes et des enfants. Imaginez le choc d’une famille lorsqu’on vient lui apprendre que le père vient de perdre la vie alors qu’il revenait du travail et que ses enfants attendaient son retour à la maison. Ce qui est indiscutable, c’est que généralement ces accidents sont causés par de très jeunes chauffeurs. Ce qui est également malheureux, c’est que ces conducteurs se trouvent au moment de la collision sous l’emprise de stupéfiants », s’est indigné notre interlocuteur.
L’inspecteur principal met également en cause l’étroitesse de la voie au niveau de Sénou, voie qui encaisse aujourd’hui un trafic disproportionné par rapport à ses dimensions. Un autre facteur aggravant la difficulté à circuler dans la zone est la quasi inexistence d’éclairage. En attendant que des solutions soient apportés à ces différents inconvénients (et ce ne sera demain la veille), la seule solution à appliquer est de convaincre la majorité des conducteurs de se montrer beaucoup plus prudents, beaucoup moins pressés. Un plaidoyer qui aura du mal à se faire entendre si on voit à quel point les mauvaises habitudes sont implantées.

MH.TRAORÉ

source : L Essor

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