Interpellées pour s’être partagées la vidéo de nudité de dame X, quatre épouses doivent en principe comparaitre devant des juges pour s’expliquer. Elles encourent de lourdes amendes.
Nul besoin d’affirmer que les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont révolutionné le monde. Les avantages des téléphones portables sur la vie de l’homme moderne sont énormes. Certes. Mais, il n’est un secret pour personne que la médaille à son revers. Car, cet outil de communication est capable de détruire la vie du couple le plus heureux du monde. S’il n’est pas utilisé à bon escient bien sûr. La preuve vient d’en être faite avec cette histoire face à laquelle le commissaire divisionnaire Amara Doumbia, en charge du commissariat de police de Kalabancoro-Koulouba s’est retrouvé il y a de cela quelques jours.
Nous sommes le 12 mars dernier. Un « Soit-transmis » émanant du procureur du tribunal de Grande instance de la Commune V du district de Bamako a atterri sur le bureau du commissaire divisionnaire sus-cité. Le document judicaire est relatif à la plainte d’une dame que nous désignons par X pour des raisons bien compréhensibles. Quelques heures avant, cette dernière avait eu un incident qui semblait lui avoir coupé le sommeil. Sa colocataire, qui est quasiment sa confidente (il semble qu’elles utilisent réciproquement leurs téléphones) était en train de manipuler son propre téléphone portable. Comme par hasard, elle est tombée sur des images vidéo de la dame X. Les images en question faisaient voir des scènes intimes de cette dame. Il s’avèrera plus tard qu’elle les avait effectivement tournées avec son propre téléphone, dont certaines très osées, pour envoyer les images à son époux, un compatriote expatrié en France.
Comme c’est le cas pour nombre de couples qui vivent relativement éloignés l’un de l’autre, la dame X et son époux expatrié communiquaient très régulièrement à travers plusieurs options contenues dans le téléphone. Cela ne sort pas de l’ordinaire à partir du moment où cette façon de faire permet de rapprocher virtuellement deux personnes éloignées par des milliers de kilomètres de distance. Mais pour le cas du couple concerné, la communication a pris une tournure quasi-dramatique lorsqu’une vidéo de nudité de la dame X s’est retrouvée dans le téléphone portable de la femme avec qui elle partage la même cour.
S’il n’est pas interdit que des époux s’envoient mutuellement des vidéos intimes. Il est très risqué de tourner en vidéo des scènes du genre pornographique, sans s’assurer d’avoir bouché toute possibilité de fuite des images comme ce fut le cas de dame X.
à la vue des images de sa confidente dans son téléphone portable, la colocataire n’en a pas cru ses yeux. Curieuse de comprendre comment cela s’est-il passé, sans détour, elle est allée directement vers sa voisine pour avoir la confirmation que c’était bien elle même qui a osé tourner des scénettes du genre, souvent dans des postures très osées. Elle aura la confirmation. Comme il n’est pas interdit d’envoyer de telles images vidéos à son époux légal, il reste à savoir comment, la vidéo s’est retrouvée au Mali dans l’appareil d’une autre personne alors que X l’avait envoyée à son mari résidant dans l’hexagone avec sa seconde épouse.
à la vue de la vidéo, X est entrée dans une colère indescriptible. Elle a passé des heures de réflexion sans avoir la moindre réponse. Et son dernier recours a été de passer par la voie légale pour y voir clair. C’est comme cela que les policiers ont été saisis pour enquêter et interpeller, s’il le faut, tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans cette affaire de divulgation d’images de la vie privée d’un citoyen sur la place publique.
De fil en aiguille, les éléments du commissaire Amara Doumbia ont creusé, fouillé et recoupé les informations durant des jours. Au final, ils ont mis la main sur quatre femmes domiciliées dans différents quartiers de la rive droite du district de Bamako. Curieusement, il se trouve que toutes les quatre sont mariées et ont leurs époux expatriés, soit en France, soit en Espagne. Bref. Elles disposaient toutes les quatre dans leurs téléphones portables de la vidéo de nudité de dame X.
à ce jour, s’il faut croire nos sources à la police de Kalabancoro-Koulouba, elles ont toutes été envoyées au centre de détention pour femme et mineur à Bollé. Elles attendent une prochaine comparution devant des juges au cours de laquelle elles devront dire toute la vérité sur les vrais auteurs de cette fuite. Elles apprendront qu’on ne s’amuse pas avec la vie intime d’un citoyen impunément. Elles apprendront aussi qu’une loi protège les données personnelles des uns et des autres. Et que ceux qui violent cette loi s’exposent à la rigueur de la loi en l’espèce. C’est de crainte de cela que les proches des mises en cause ont tenté de passer par des dessous de table pour étouffer l’affaire. Ils avaient minimisé la détermination du commissaire divisionnaire Amara Doumbia et ses hommes qui tiennent à ce que cette affaire serve de leçon pour les récalcitrants en la matière.
Rappel. Au Mali, l’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP) assure à toute personne vivant sur le territoire malien, la protection de ses données personnelles. La loi N°2013-015 du 21 Mai 2013 assigne à l’APDP, la mission de contrôle des traitements des données personnelles sur toute l’étendue du territoire national. Et les violations des données personnelles peuvent donner lieu à des amendes allant de 2,5 millions à 20 millions de Francs CFA.
Mohamed TRAORé