Un jeune enseignant se rendait à un baptême. Il sera froidement abattu par des bandits en cours de chemin
Depuis quelques années déjà, l’insécurité grandissante à Bamako et dans les environs constitue une source d’inquiétude majeure, non seulement pour les populations qui sont les premières victimes, mais aussi pour les forces en charge de la sécurité des personnes et de leurs biens. En dépit de leurs moyens relativement limités, ces forces essaient tant bien que mal de s’acquitter de leur principale mission de sécurisation des populations. C’est dans ce cadre qu’il faut situer les patrouilles de grande envergure qu’elles organisent régulièrement depuis quelques temps pour sillonner certains quartiers périphériques de la capitale, réputés pour leur taux élevé de criminalité. Au nombre de ces quartiers figure en bonne place Kalabancoro.
Bien qu’il relève administrativement du cercle de Kati, le quartier de Kalabancoro, situé dans les environs immédiats de la ville de Bamako (côté sud), fait partie des endroits les plus dangereux des environs de la capitale, sinon le plus criminogène. La présence d’une Brigade de gendarmerie ici, semble ne même plus inquiéter les malfrats qui essaiment ce quartier populeux de plusieurs milliers d’âmes. Les attaques ne se font plus seulement que la nuit ici, depuis un certain temps. Les malfrats s’y adonnent à cœur joie. Les activités lugubres se passent parfois, et de plus en plus, en plein jour ou très tôt le matin au vu des passants impuissants de les empêcher. C’est un cas du genre qui fait d’ailleurs l’objet de notre fait divers du jour.
CHANGEMENT D’HORAIRES: Le commandant de la Brigade de gendarmerie du quartier, le sous-lieutenant Fousseyni Traoré a son idée sur le fait que les bandits semblent avoir « décalé » leurs horaires d’attaques actuellement. L’officier de gendarmerie vient de lancer ses éléments sur les trousses du, ou des assassins d’un jeune enseignant, matinalement et froidement abattu, il y’a juste quelques semaines à Kalabancoro. Des explications du commandant de brigade Traoré, nous retenons que les malfrats semblent avoir changé leurs heures d’attaques et/ou de braquages dont les populations sont victimes. Surtout pour ce qui concerne les propriétaires des engins à deux roues, la fameuse Djakarta, notamment. « Actuellement nous avons comme l’impression que les malfrats ont changé leurs horaires d’attaques. A un moment donné, les attaques étaient perpétrées nuitamment, mais depuis un bon moment, celles-ci se font entre 20 heures et 21 heures 30, quand ce n’est pas entre 6 heures et 6 heures 30, tôt le matin. Donc il va falloir tout mettre en œuvre pour combler ce vide en conformant les heures de patrouilles à celles des bandits », a sommairement expliqué le CB Traoré de Kalabancoro.
Lorsque nous nous sommes présentés dans les locaux de la Brigade territoriale du dit quartier, c’est un Commandant de brigade, visiblement un peu sur les nerfs qui nous a reçus dans son bureau. L’officier de gendarmerie ne cachait pas son amertume après l’assassinat du jeune enseignant du nom de Moustapha Cissé, âgé d’environ 36 ans et dont les assassins se sont enfuis avec la moto Djakarta. Le meurtre a été commis aux environs de 6 h 40, le matin, lorsque la victime, habitant de Niamakoro-Kourani se rendait à une cérémonie de baptême de l’enfant d’un de ses proches. « Nous ferons tout pour mettre hors d’état de nuire ces bandits qui ont commis cet acte ignoble. C’est comme si les malfrats nous ont défiés et nous entendons relever ce défi », a martelé l’officier de gendarmerie.
TAPIS DANS L’OMBRE : Revenons aux faits proprement dits. Ils se sont passés il y’a juste quelques semaines à l’endroit indiqué plus haut. Ce jour là, Moustapaha Cissé s’est réveillé tôt le matin. Quelques jours auparavant, il avait été informé du baptême de l’enfant de l’un de ses proches. Comme c’est le cas généralement, il lui fallait partir chercher un autre ami avec lequel il devait cheminer pour le même but. Mais ce dernier logeait à Kalabancoro. Les deux amis ont convenu sur une heure précise à laquelle ils devaient se retrouver pour se rendre ensemble au baptême. Il ne pouvait imaginer qu’il vivait ses dernières heures. Le jeune enseignant enfourche son engin et prend le chemin de Kalabancoro. Là même où ses assassins, comme s’ils étaient avertis, l’attendaient, tapis dans l’ombre. Après quelques minutes de course, il arrive à l’endroit où la mort l’attendait entre Niamakorokourani et Kalabancoro. Ici, les bandits s’étaient vraisemblablement camouflés juste à quelques mètres de leur victime, au bord de la route bitumée.
Comme la plupart de nos concitoyens d’ailleurs, l’enseignant avait mal calculé et ne s’imaginaient pas que des bandits pouvaient s’attaquer à lui à un moment où le soleil commençait déjà à pointer ses premiers rayons à l’horizon. Mais c’était sans compter avec la détermination des malfrats de s’emparer d’une Moto Djakarta, coûte que coûte, ce jour là. Dès que le jeune homme est arrivé à leur hauteur, alors qu’il roulait tranquillement, des coups feux retentirent. Plusieurs témoins qui n’étaient plus au lit à cette heure du matin, ont confirmé aux gendarmes avoir effectivement entendu des coups de feux non loin de leur domicile. Pour être plus précis, certains témoins ont même parlé de six heures quarante du matin, l’heure à la quelle les coups de feux ont retenti. Après le fracas des armes, le jeune homme s’écroula, atteint de plusieurs balles en différents endroits sensibles de son corps. Cela s’appelle un meurtre prémédité et commis de sang froid. Les malfrats se sont ensuite emparés de son engin avant de disparaître dans les ruelles sans que personne du secteur ne puisse faire quoi que soit. Quelques minutes après le départ des malfrats, lorsque les curieux se sont précipités vers l’endroit où le bruit des fusils avait retenti, ils découvriront le jeune enseignant baignant dans son sang. Des indices trouvés sur place confirmeront qu’il venait d’être abattu par des bandits qui ont pris la fuite avec sa moto. Aussitôt, les plus avertis de la foule ont immédiatement décidé de joindre la Brigade territoriale de Kalabancoro.
UN ACTE ODIEUX ET REPREHENSIBLE : Informé de ce qui vient de se passer dans son secteur, le sous-lieutenant Fousseyni Traoré envoie aussitôt des éléments pour tirer cet acte odieux et répréhensible et audacieux au clair. Il s’agit d’un véritable défi lancé par les malfrats aux gendarmes. Les pandores arriveront sur les lieux presque en même temps que les agents de la protection civile en charge du secteur. Mais ils ne trouveront l’ombre d’aucun malfrat sur place. Il y avait plutôt une foule de curieux qui avaient envahi les lieux, informés par la rumeur. Moustapha Cissé fut transporté d’urgence au CHU Gabriel Touré dans un état désespéré. Malheureusement, il rendra l’âme quelques heures après son transfert à l’hôpital. L’annonce de sa mort quelques instants après son évacuation a suscité une vague d’indignation au sein des populations du quartier. Certains ont réclamé beaucoup plus de moyens à mettre à la disposition des gendarmes et autres policiers qui patrouillent dans ce quartier et ses environs. Un endroit qui, selon plusieurs témoignages recueillis sur place, est un « véritable nid de bandits de tout acabit ».
Autre triste réalité que l’officier de gendarmerie a malheureusement constatée sur le terrain ici. C’est le fait que nombre d’usagers n’acceptent pas de se plier aux contrôles inopinés des forces de sécurité dans le secteur concerné. Selon notre interlocuteur, ces contrôles ont l’avantage d’aider à débusquer l’ennemi commun qui se cache derrière le grand banditisme. « Nous demandons aux populations d’être compréhensives car ces contrôles sont nécessaires et il y va de l’intérêt général », a expliqué le sous lieutenant Traoré. En attendant, celui-ci entend relever le défi que viennent de lancer les malfrats à lui et à ses hommes jusque dans « leur secteur » en assassinant froidement un citoyen rien que pour lui dérober une simple moto. Et au petit matin.
Pour la suite de l’enquête qu’elle est en train de mener dans les coulisses au niveau du secteur où ce crime a été commis, on nous a assurés que la BT travaille, main dans la main avec certains proches de la victime. Les pandores se disent prêts à sauter sur la moindre occasion qui permettra de mettre hors d’état de nuire les assassins du jeune enseignant. Pour sauver leur honneur terni par cet acte odieux et plutôt osé.
Mh.TRAORE
source : essor