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Faits divers : AMOUREUX JUSQU’À L’IMPRUDENCE

B. voulait absolument faire plaisir à sa dulcinée. Alors que c’étaient les moyens qui lui manquaient le plus

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Les artisans de Bamako ont la très fâcheuse réputation de ne pas honorer les délais qu’eux-mêmes fixent. Et ce n’est certainement pas les tailleurs qui pourraient sauver l’honneur égratigné des autres professions. Eux aussi sont tristement connus par les accrochages qui les opposent à leurs clientes. Presque toutes les dames –et plus particulièrement celles ayant atteint un certain âge – pourront vous raconter les déboires qu’elles ont connus avec les maîtres du ciseau. Les mésaventures déjà assez fréquentes en temps ordinaires explosent littéralement en période de fête. Et cela pour une raison connue de tous : les ateliers acceptent plus de commandes qu’ils n’ont le temps d’en exécuter.
Notre fait du jour relate l’histoire d’un tailleur indélicat. Mais il ne s’agit pas de retard dans la livraison d’un habit commandé et à moitié payé. Nous étions en début de semaine dernière. Devant l’un des commissariats situé sur la rive gauche de Bamako, deux jeunes filles S. et N. discutaient chaudement. Quelques curieux avaient formé un petit cercle tout autour des protagonistes et attrapaient au vol les détails d’une affaire qui fit s’exclamer plusieurs personnes. Les jeunes filles n’avaient cure des réactions de la petite foule, elles semblaient sur le point d’en venir aux mains.
Non loin d’elles, une troisième fille K. tentait désespérément de les calmer. C’est d’elle que nous obtiendrons les détails d’une histoire pas tout à fait ordinaire et dont la conclusion s’écrira certainement avec l’implication des policiers. D’après notre informatrice, un dénommé B. serait à l’origine de tout ce ramdam. Le jeune homme est ressortissant de Guinée. Il habite le quartier depuis près de cinq ans. Peu après son arrivée dans notre pays, il eut la chance de décrocher un emploi intéressant. Tailleur de profession, il a été engagé par un jeune Malien qui faisait le même métier que lui. Ce dernier est connu et estimé dans le quartier, cela essentiellement par son professionnalisme.

L’IMPRÉVU N’ÉTAIT PAS PRÉVU. Le courant était passé très vite entre les deux jeunes gens. Car notre compatriote avait séjourné quelque temps dans une localité de la Guinée Conakry et il en avait gardé un bon souvenir. C’est pourquoi il accueillit comme un frère le Guinéen qui installa sa machine à coudre dans l’atelier de son hôte. Durant plus de deux ans, les « associés » collaborèrent dans une atmosphère bon enfant. Cette belle harmonie sera rompue par l’arrivée de S. Nous apprendrons par la suite que la jeune fille était une copine de longue date de B. et qu’elle avait fait spécialement le déplacement de Conakry pour venir passer quelque temps chez lui. En fait, les deux amants n’avaient jamais perdu le contact l’un avec l’autre et échangeaient régulièrement au téléphone.
S. s’installa au domicile de son copain et bientôt elle s’y ennuya. En effet, elle ne s’était fait aucune amie et le temps lui semblait interminable à attendre le retour de son ami. Alors, elle prit l’habitude de se rendre presque chaque jour à l’atelier de B. Au cours de l’une de ses visites, la compagne du tailleur guinéen vit un album de modèles déposé sur une table dans l’atelier. Elle le prit et se mit à le feuilleter. Elle tomba sur un modèle qui la séduisit immédiatement. Elle le montra à son ami et lui fit comprendre son souhait serait de posséder une tenue de ce modèle. B. s’empressa de répondre favorablement à cette demande de sa dulcinée. Il demanda seulement à son amie de lui laisser le temps de chercher un tissu digne d’elle.
S. n’y vit aucun problème. Pourtant, il y en avait bien un. En fait que la demande de sa compagne tombait au plus mauvais moment pour B. Le jeune tailleur se trouvait dans une période de vaches maigres. Il disposait juste des fonds nécessaires à leur subsistance quotidienne et n’avait pas de quoi payer le beau tissu qu’il avait promis à S. Mais par orgueil masculin, il ne pouvait avouer à sa copine son incapacité à tenir son engagement. Le jeune tailleur n’avait pas prévu l’ « imprévu », comme on le dit. Et il perdait le sommeil à force de chercher la meilleure manière de se sortir d’affaire.
Quelques jours passèrent sans qu’il ne puisse trouver même une partie des fonds qui lui auraient permis de confectionner l’habit prévu. Pourtant il lui fallait prouver à sa compagne qu’il n’en était pas à un pagne près. En désespoir de cause, il s’engagea dans une solution qui allait le plonger dans les ennuis. Sans rien dire à qui que se soit, il s’empara du tissu qui semblait, à ses yeux, le plus beau de l’atelier. Il tailla le modèle demandé par S. et alla le remettre à sa dulcinée. La joie de celle-ci mit du baume au cœur du jeune tailleur qui à ce moment précis ne regrettait pas ce qu’il avait fait. Ne devait-il pas se débrouiller pour faire plaisir à une jeune fille qui avait parcouru des centaines de kilomètres pour le rejoindre ?
Mais, comme on le dit, ce n’est pas en fermant les yeux sur les problèmes que l’on fait disparaître ceux-ci. Un beau matin, N. la propriétaire du coupon subtilisé, vint voir B. à son atelier. Elle avait déposé quelques jours plus tôt son tissu à coudre en précisant qu’elle n’était pas excessivement pressée. Mais qu’il fallait que l’habit commandé soit prêt pour un événement social auquel elle devait se rendre. Elle avait même payé une avance pour s’assurer que B. respecterait ses engagements. Le jeune Guinéen se disait qu’il aurait donc quelques jours devant lui pour tenter de remettre en place le tissu utilisé. Malheureusement pour lui, la cliente avait entretemps changé d’avis. D’après notre source, elle aurait obtenu un autre tissu qu’elle avait jugé beaucoup plus beau que celui qu’elle avait déposé à l’atelier. Elle décida alors de se rendre chez le tailleur pour récupérer le premier coupon et laisser le second à la couture.

PAR UNE IRONIE DU DESTIN. Lorsqu’il vit arriver sa cliente avec son nouveau pagne sous les bras, le jeune tailleur comprit que les problèmes allaient lui dégringoler dessus. Il en fut encore plus convaincu lorsque N. lui demanda de remettre le premier coupon qu’elle avait laissé quelques jours plus tôt à l’atelier. Le tailleur parvint cependant à garder son sang-froid. Il demanda à la jeune fille de revenir un peu plus tard pour récupérer son bien. « Comme vous le voyez, je suis trop occupé pour fouiller dans les affaires et chercher votre tissu maintenant », déclara-t-il en faisant un grand geste du bras pour montrer la pièce encombrée de tissus découpés.
Mais quelque chose dans son regard ou dans sa mimique a dû trahir le jeune tailleur. Car de manière étonnante, N. rejeta les explications qu’il avait données. Elle demanda à entrer immédiatement en possession de son tissu. Le ton commença à monter dans l’atelier de couture entre les deux jeunes gens. N. qui était désormais hors d’elle-même indiqua qu’elle ne partirait que si on lui remettait son coupon. Finalement, elle céda à l’insistance de certains témoins qui l’appelaient à la modération. Elle accepta de donner un délai au tailleur et de revenir dans quelques jours. A la date indiquée, N. se présenta dans l’atelier de B. et trouva que ce dernier s’était absenté. Mais le Destin qui ne manque pas d’ironie fit que ce fut ce moment là que choisit S. pour se présenter à l’atelier de son copain.
Et par malheur pour B., son amie portait le magnifique habit qu’il lui avait cousu avec le tissu d’autrui. A la vue de son pagne arboré par cette inconnue, N. sursauta. Mais elle n’avait aucune certitude que c’était son tissu qui avait été utilisé. Elle décida donc de prendre le temps de s’assurer de l’indélicatesse du jeune tailleur. Elle garda donc son sang-froid alors qu’elle brûlait de demander des comptes à S. La jeune fille prit quelques jours pour mener ses enquêtes. Nantie de preuves suffisantes, N. se présenta au domicile du tailleur qu’elle trouva absent. Par contre, S. était bien là. Cette fois-ci N. n’essaya pas de retenir ce qu’elle avait sur le coeur. C’est à la suite de cet accrochage que les deux jeunes filles se sont retrouvées au commissariat.
Avant de quitter les lieux, certains témoins nous ont expliqué que la propriétaire du pagne cherchait à obtenir une convocation pour aller la remettre au tailleur. S., de son côté, avait accepté de suivre la cliente jusque chez les policiers. Elle tentait de comprendre comment toute l’histoire s’est réellement passée pour essayer de trouver une solution à l’amiable et éviter le cachot à son ami. Ce qui n’était pas gagné à l’avance.

MH.TRAORÉ

source : L’ Essor

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