Ils sont tous étudiants et se plaignent des faits présumés de corruption dont ils se disent victimes à la Faculté de Médecine. Ces apprenants, sous couvert d’anonymat dénoncent l’attitude de certains professeurs et des étudiants qui « paient de l’argent » pour passer. C’est du moins ce qui ressort de la rencontre entre les « pauvres étudiants victimes » de la situation et les membres du réseau. Selon Moussa Ousmane Touré, « ces étudiants sont venus nous voir pour dire qu’ils sont victimes des faits de corruption. Ils nous ont également fait croire que leurs grands frères académiques ont été victimes de la même situation qui perdure ». Lors de cette rencontre, explique le président du Réseau, les étudiants ont estimé que certains professeurs s’adonnent à des faits de corruption au sein de la Faculté de Médecine. « Pour passer de la première année de cette université à la deuxième année, dénoncent les étudiants aux membres du réseau, certains professeurs proposent le paiement d’une somme forfaitaire variant entre 100.000F par matière, voire plus. Il y a 13 matières à valider, il faut alors payer beaucoup d’argent pour pouvoir passer, alors que les étudiants pauvres n’ont pas ce moyen », rapporte le président du réseau. Les jeunes dénonciateurs précisent être pauvres pour pouvoir supporter une telle pratique à l’université, confiant en avoir marre de ladite situation qui perdure, ajoute le président. Si ces allégations émanant de nos sources s’avèrent authentiques, cela veut que les pauvres n’ont plus de place au sein de cette université de référence. Autrement dit, poursuit Moussa Ousmane Touré, « si vous ne payez pas, vous ne pouvez pas devenir médecins ». Il faut alors s’attendre au pire dans les jours à venir, puisque des faux médecins formés sortiront de cette Faculté. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la vie humaine. Et Moussa Ousmane de préciser qu’il faut des médecins compétents et intègres pour ce pays. De par ces dénonciations, dit-il, ces étudiants ont mis les membres du réseau sur des pistes pouvant être explorées. « Les étudiants ont dit pas mal de choses qui nous ont touché. En tant que membre du réseau, on leur a donné beaucoup de conseils et proposé de prendre un avocat pour enclencher une éventuelle procédure judiciaire afin de mettre un terme à cette pratique », a rajouté Moussa Ousmane Touré. Se fiant aux dires des dénonciateurs, ces faits ont commencé en 2019. De ce fait, une première plainte, introduite au nom du réseau a été déposée en 2021 devant la justice. Ainsi, des actions seront bientôt menées pour mettre la lumière sur cette affaire, indique-t-on.
Bientôt une vaste campagne de sensibilisation contre la corruption
En compagnie de ses camarades, Moussa Ousmane a profité de cette rencontre pour se prononcer sur un nouveau projet de lutte contre la corruption. Lequel commence bientôt dans le district de Bamako. Il s’agit du « Guide illustre d’éducation, de sensibilisation et de plaidoyer sur la lutte contre la corruption et ses effets négatifs sur les femmes et les filles ». Ce document met l’accent sur la corruption dans le secteur de la justice, de la santé, des transports… A entendre Moussa Ousmane Touré, c’est un projet canadien signé par le réseau qui va s’étaler sur près de six mois dans le district de Bamako. La corruption est facteur du chômage, de démotivation, de déperdition. Elle est source de l’accès au pouvoir et s’effectue dans le secteur foncier, dans l’assistance humanitaire, dans le sport. Elle se fait pour accéder aux services publics, déplore leader. « C’est vraiment un document volumineux où la corruption est bien détaillée dans presque tous les secteurs. Nous irons dans les écoles, aux universités et partout pour sensibiliser et expliquer les dangers liés à la corruption », a-t-il confié.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS