Ils étaient plusieurs dizaines d’employés licenciés de la société minière fabulagold (ex Wassoul Or) à envahir le siège de la direction de ladite société sise à Badalabougou, le lundi 11 mai 2020.Objectif : réclamer leurs droits de licenciement. Réunis au sein d’un collectif, ces employés dénoncent des licenciements abusifs en complicité avec certains collègues et responsables de la direction régionale de l’inspection du travail de Sikasso.
Animés d’une seule conviction, celle du paiement sans délai de leurs droits après licenciement, ces employés ne voulaient pas quitter les lieux ce lundi, avant d’avoir des précisions sur les conditions de leur remise dans leurs droits. « On n’est pas des mendiants.Nous ne sommes pas là pour quémander quelque chose qu’on ne mérite pas.Mais au contraire nous revendiquons dignement notre droit, ce qui est à nous », laissaient entendre certains ; « on est aussi des chefs de famille et on veut notre argent pour soulager nos familles qui vivent dans la précarité », disaient d’autres pour manifester chacun leur colère dans la salle d’attente lorsque le personnel d’accueil a indiqué que tous les cadres de la société étaient absents.
Après quelque bourdonnement, c’est le comptable qui a voulu intervenir pour calmer le jeu en proposant de faire une doléance qui sera soumise aux responsables plus tard. Mais les manifestants ont dit niet à cette proposition tout en indiquant que cette situation a assez duré. Ils ont fait savoir que la seule condition de départ est la présence physique du chef personnel ou celui chargé des ressources humaines. À les en croire, ils ont été trop trahis dans cette histoire par différents interlocuteurs, notamment de responsables de la direction régionale de l’inspection du travail de Sikasso, et de certains collègues qui ont préféré leurs intérêts à ceux des 86 chefs de famille.
Pour le président de ce collectif, Hamidou Dembélé, ingénieur-géologue et employé de cette société minière depuis 2015, ce licenciement est survenu après trois mois de congé technique du 1er janvier 2020 au 31 mars, sans salaire ni prime d’accompagnement en cette circonstance de forte précarité. Un temps suffisamment nécessaire pour la société Fabulagold de savoir si les travailleurs allaient être rappelés ou licenciés comme le stipule l’article 35 du Code du travail. Mais selon lui, le problème est que sachant bien qu’elle ne va pas rappeler les gens, cette société a préféré faire trainer les employés jusqu’en fin avril. Une période que les ex-travailleurs considèrent valable comme les autres mois non payés. Cela, du fait que le licenciement n’a été notifié qu’au 27 avril. En plus decas, les ex-travailleurs revendiquent aussi la majoration de 30 %, faite par le patronat sur l’ensemble des salaires depuis janvier 2019, soit 16 mois, le 13e mois constituant le chômage technique et le congé annuel. Aux dires de ce dernier, si le collectif des travailleurs licenciés s’est formé, c’est parce que les choses ont dépassé les simples revendications syndicales. Car, la société n’a répondu à aucune doléance du syndicat sur l’élaboration de ce plan de licenciement. Alors que pour lui, quand on achète une société en difficulté, on doit se préparer à faire face aux difficultés. Et d’ajouter par ailleurs que malgré les difficultés, wassoul Or arrivait au moins à payer ses travailleurs. Cela, du fait que la société avait près de 30 à 40 kg d’or par jour, unrevenu suffisant à entretenir le personnel. Pis, il souligne que ce sont les mauvaises manœuvres des soi-disant experts amenés par fabulagold qui ont enfoncé plus la société dans cette situation de crise.
Pour sa part, le vice-président de ce collectif des travailleurs licenciés Issouf Keita, a lancé son cri de cœur envers les plus hautes autorités ainsi qu’à la communauté internationale en vue de s’impliquer résolument dans cette affaire. Il a aussi souligné les nombreux viols du droit des travailleurs, notamment, la dissimilation de la majoration faite par le patronat pendant plus d’une année, le mauvais traitement infligé aux travailleurs après les trois mois de chômage technique. Car, pour lui, au lieu de prendre ses responsabilités pour informer les travailleurs de leur licenciement, la société a préféré chasser ceux qui voulaient reprendre le service après le congé. Une situation qu’on ne doit pas encourager, selon lui, dans un pays de droit. De toute façon, les 86 travailleurs licenciés de la société Faboulagold se disent décidés à employer tous les moyens légaux afin d’obtenir leur droit.
À noter que Wassoul Or est devenue Fabulagold en juillet 2019, après être vendue par le PDG Aliou Boubacar Diallo, le nouveau député élu de Kayes.
ISSA DJIGUIBA
Source: Journal le Pays- Mali