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EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS SAHELIENNES : LE CAS DU NIGER

Nous importons américains, allemands, indiens, italiens, ponts et raffineries de pétrole clés en mains aux chinois. Quant aux français, ils se sentent comme chez eux à cause du passé colonial actualisé. Nous importons des voitures usées et abandonnées par l’Europe, nous donnons une chance aux compagnies minières, aux multinationales des semences et aux banques de crédit….Nous importons des systèmes dont l’efficacité ne dépasse pas une saison. Mais, nous restons pauvre…

Nous n’avons jamais été importants comme nous le sommes aujourd’hui. On est courtisé par les Pays et les agences humanitaires. Si nous n’étions pas là, il faudrait nous inventer pour de bon. Nous sommes désormais des exportateurs uniques des frontières, d’or, d’uranium, de cocaïne et des groupes armés. Nous avons réussi à trouver notre place dans l’économie globale. Qui parle de sécurité, terrorisme et du control des ‘néfastes’ flux migratoires irrégulier, trouve en nous le partenariat pour une politique ‘gagnant- gagnant’. Nous exportons crises humanitaires permanentes, famines illégales, désertifications obstinés, attentas occasionnels et un état d’urgence démocratique. En quelques mots on pourrait affirmer que nous faisons tout effort pour aider ceux qui veulent nous donner un coup de main. Le Sahel exporte des matières premières, des terres arables, sècheresse et il se donne en garantie comme une zone à risque pour tout ce que le monde attend de nous. Nous facilitons le travail des experts, des journalistes, des medias et nous n’oserions jamais les priver des nouvelles sur les catastrophes naturelles et celles dues aux changements climatiques. Quant à la géopolitique, il est reconnu de tous que nous sommes un terrain de choix pour des recherches, des rapports, des documents, des études et des plans d’ajustement structurel.

Nous importons des bases militaires, les forces conjointes, des formateurs, des conseillers, des experts à tous les niveaux et, bien sûr, des drones armés. Nous sommes conscients de notre rôle pilote dans l’économie humanitaire et nous faisons de notre mieux pour tous ceux qui veulent faire du bien à notre peuple. Les agences l’ont bien compris et elles arrivent en quantité, se proposent et parfois, elles implorent de pouvoir être parmi les élus des aides humanitaires, de quel nature qu’il soit. En argent, il serait le mieux pour tous. En effet la ‘liquidité’ s’insère bien dans le paysage qui est très dépendants des pluies. D’ailleurs, on ne refuse pas les biens en nature et surtout les projets visant un développement inclusif, avec une attention particulière aux femmes, véritables locomotives de l’économie. On importe des idées démocratiques, des méthodes efficaces de control des naissances, des systèmes de gouvernance et surtout des stratégies de conservation du pouvoir présidentiel. Nous permettons la libre expression des idées libérales et aussi aux fondamentalismes religieux contrôlés et filtrés par des agences d’état qui ne marchent pas. On ne vous laisse rien manquer. Nous hébergeons des réfugiés des Pays voisins, nous avons des centres d’accueil de retour pour les migrants, nous proposons des séminaires de formation et de capacitation dans tous les secteurs possibles et imaginables.

Nous exportons les ognons et de la poussière de remarquable qualité. Il n’est pas nécessaire de citer le sable. Il apparait et il disparait partout dans les routes, dans les bureaux climatisés et jusqu’aux feuilles des moins nombreux contrats de travail à temps indéterminé. Nous assumons les pauvres et la pauvreté. Nous tentons de présenter cette dernière de manière à la rendre attractive pour le marché, hautement concurrentiel, des fonds fiduciaires d’urgence. Les saisons de l’année et de la vie représentent un secteur prometteur pour les compagnies de téléphone mobile. Nous exportons, il faut le rappeler, avec des excellents résultats des dividendes démographiques uniques au monde, signe éloquent de notre bonne santé reproductive. Nous contribuons à la réalisation des prophéties sur les inondations. Il avait été prédit un an compliqué, avec des possibles décès et des milliers de sinistrés. Dit et accompli. Un récent communiqué d’OCHA, l’agence humanitaire de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies l’a tout à fait confirmé. Morts et sinistrés comme anticipé, en particulier à Agadez, ville reconnue comme patrimoine mondial de l’Unesco. On ne vit pas des seuls migrants mais on meure aussi par des inondations  annoncées. Il est difficile de ne pas être reconnaissants aux populations pour leur collaboration dans le projet.

Nous importons américains, allemands, indiens, italiens, ponts et raffineries de pétrole clés en mains aux chinois. Quant aux français ils se sentent comme chez eux à cause du passé colonial actualisé. Nous importons des voitures usées et abandonnées par l’Europe à travers les ports de la Côte et le désert de la Libye. Nous donnons une chance aux compagnies minières, aux multinationales des semences et aux banques de crédit. Les dernières idéologies à la mode et les grandes narrations sont bien accueillies et aussitôt mises d’un côté pour mettre à leur place les promesses des politiciens. Nous importons des systèmes dont l’efficacité ne dépasse pas une saison. Quant à Dieu, il n’a pas des concurrents sérieux. Il sait que, pour Lui, rien ne serait mieux que le Sahel pour passer son temps.

Mauro Armanino

Niamey

septembre 2018

Contributeur à 30minutes

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