La pratique de l’excision continue au Mali, menaçant l’épanouissement de nombreuses filles et femmes où le taux de prévalence est alarmant. Elle nuit à la santé sexuelle et reproductive.
« Il n’y a aucun bénéfice » à pratiquer l’excision, affirme, catégorique, l’historien Sane Chirfi Alpha. « A Tombouctou ville, une centaine de femmes ayant subi l’opération [excision] sont mortes à l’exception d’une seule, qui a fait abandonner la pratique », témoigne-t-il avant de balayer d’un revers de main les arguments religieux que brandissent les adeptes de cette pratique. Selon lui, la pratique est coutumière et non religieuse.
La pratique de l’excision est antéislamique. Elle n’a pas de fondement religieux contrairement à la circoncision, qui, en outre, est recommandée aussi sur le plan sanitaire. La circoncision permet de protéger les hommes contre les infections.
« Formes exagérées de l’excision »
Au Mali, l’excision est largement pratiquée dans les régions de Mopti, Ségou, Sikasso, Koulikoro et la capitale Bamako. Malgré les nombreux dangers liés à la pratique, elle perdure. « Ceux qui ne la font pas ont juste reçu une tradition arabe », soutient Moussa Doucouré pour tenter d’expliquer la nécessité de la mutilation génitale. « Nous n’allons pas échanger notre culture contre celle de l’Occident ou encore de l’Orient. »
Almoudou B. Touré, consultant en culture de l’éducation, n’est pas du même avis. « Il faut comprendre que ce n’est pas l’influence du monde arabe dans la mesure où les pays arabes et musulmans, comme l’Égypte, pratiquent les formes exagérées de l’excision », nuance le chercheur.
Déconstruire les préjugés
Les préjugés autour de l’excision sont légion au Mali, en particulier chez les femmes. Dans l’imaginaire collectif, les femmes qui ont subi les mutilations génitales sont traitées « d’insatiables, d’impures ou de vicieuses. » Tandis que ces dernières se défendent à leur tour en qualifiant les partisans de la pratique de « frigides ou d’incomplètes ». Des clichés qui créent deux clans opposés et entravent parfois les efforts de sensibilisation pour l’abandon de la pratique.
Pour déconstruire ces préjugés, il va falloir renforcer la lutte contre les mutilations génitales féminines, changer d’approche et communiquer sans offenser ou vexer celles qui ont subi la pratique. Il faut plutôt les impliquer dans la lutte pour un résultat satisfaisant.
Retenons que l’excision est classée parmi les pratiques traditionnelles nuisibles à la santé sexuelle ainsi qu’à la santé reproductive de la femme. Ceci est scientifiquement prouvé.
Source : BENBERE