A l’heure où des milliers d’élèves et étudiants du Mali, se préparent activement pour affronter les épreuves de fin d’année, nous avons jugé nécessaire de nous pencher sur l’une des plaies de notre système éducatif à savoir le choix de nos surveillants et correcteurs pour jauger la valeur intrinsèque de nos élèves.
Vu le dysfonctionnement constaté çà et là, au cours des 20 dernières années, nous sommes en droit de nous demander, surtout au niveau de l’enseignement fondamental si les hommes et les femmes choisis, pour surveiller et corriger ces épreuves sont à la hauteur des attentes de la nation.
Selon Mme Cissé Fatoumata Aly, chevalier de l’Ordre national du Mali, directrice du Centre d’animation pédagogique de Kalabancoro, le choix du correcteur relève du pouvoir discrétionnaire de l’académie et par ricochet du Centre d’animation pédagogique (CAP). Au-delà de toute considération, elle a affirmé que l’enseignant qui est ponctuel, assidu, et en règle avec le règlement intérieur, est prioritaire.
Quant à M. Oumar Togo, Dcap de Toukoto (Kayes), il faut privilégier les titulaires de la classe d’examen, qui maitrisent mieux le programme.
Pour M. Daby Yoro Coulibaly, conseiller en Orientation au Cap de Kalabancoro, il a déclaré que l’administration choisit les enseignants méritants pour récompenser leurs efforts afin de stimuler le goût de l’effort et encourager la performance dans le milieu scolaire.
Par contre, pour M. Karder Idrissa Maïga, secrétaire général de la sous-section du Syndicat national de l’éducation et la culture (Snec) de Kalabancoro, il y a une liste noire d’enseignants abonnés à la correction du DEF. Il suffit d’avoir une relation au niveau du Cap pour être parmi les correcteurs chaque année.
Une autre enseignante, sous l’anonymat, a affirmé que dans un passé récent, elle a vu un enseignant, spécialiste en anglais, corrigé dans la « commission Français ». Pire, des généralistes (enseignants du premier cycle) corrigent les mathématiques, en lieu et place des spécialistes en la matière.
Que comprendre dans un tel désordre ? Il y a-t-il un conflit de compétence qui échappe au département de tutelle ?
L’argent, le favoritisme et la magouille finiront par hypothéquer l’avenir de notre jeunesse, fer de lance de toute une nation, si l’Etat, les partenaires de l’école et les bailleurs de fonds n’y prennent pas garde.
Ironie du sort, des conseillers pédagogiques, directeurs d’école, les chauffeurs du Cap, les standardistes, les plantons, sont choisis pour évaluer nos candidats à la place de nos pauvres enseignants qui passent toute l’année à crier, à transpirer et à se blanchir de la craie dans les salles bondées d’élèves (125 élèves dans une classe de 9e A à Kalabancoro).
Les pouvoirs publics doivent avoir un droit de regard sur le travail de fond de nos services déconcentrés de l’éducation pour assurer une meilleure éducation aux enfants des pauvres.
Karim Doumbia, stagiaire
Source: L’Indicateur du Renouveau