Le Groupe de la Banque mondiale a publié le mercredi 12 septembre 2018 son dernier rapport sur l’évaluation des politiques et des institutions nationales (CPIA). Pour la présentation des résultats de ce rapport aux hommes de médias et aux partenaires de la société civile, la Banque mondiale a organisé une vidéoconférence depuis son siège à Washington. Cette vidéoconférence a été animée par M. Albert Zeufack, économiste en chef de la région Afrique à la Banque mondiale. Il ressort de ce rapport que la situation est globalement identique à celle de 2016.
Cette analyse couvre 38 pays et mesure leurs progrès dans le renforcement de la qualité des politiques et institutions publiques. Les pays sont notés sur une échelle de 1 (note la plus faible) à 6 (note la plus élevée) pour 16 indicateurs de développement regroupés dans quatre catégories. Il s’agit de la gestion économique, des politiques structurelles, des politiques d’insertion sociale et d’équité et de la gestion et institutions du secteur public. En 2017, la note moyenne attribuée par le CPIA s’établit à 3,1. L’Afrique subsaharienne est donc légèrement en-dessous de la moyenne des autres pays bénéficiant de l’aide de l’Association internationale de développement (IDA), qui ressort à 3,2.
«En 2017, les pays africains ont bénéficié d’un environnement mondial plus favorable qui leur a donné l’espace nécessaire pour introduire des réformes », explique Punam Chuhan-Pole, économiste principale à la Banque mondiale et auteur principale du rapport. « Selon notre analyse, en 2017, les pays ont été près de 30 % plus nombreux qu’en 2016 à améliorer leurs politiques et institutions nationales. C’est là une tendance encourageante. » La conjoncture économique mondiale a en effet permis à l’activité économique de se redresser en Afrique subsaharienne, atténuant les pressions qui s’exercent sur des structures politiques et institutionnelles faibles.
La situation est cependant très variable d’un pays à l’autre. Le Rwanda a continué d’être en tête du classement, à l’échelon régional et mondial, en obtenant une note de 4. Parmi les autres pays bien placés dans le classement régional, on trouve le Sénégal, avec la note de 3,8, suivi de près par Cap vert, le Kenya et la Tanzanie, qui obtiennent tous les trois la note de 3,7. Dans l’ensemble, un peu plus de la moitié, soit 20 des pays de la région qui empruntent auprès de l’IDA ont affiché des performances relativement faibles, avec des notes inférieures ou égales à 3,2. Les pays fragiles peinent en particulier à faire face aux défis posés par un environnement exposé à des risques élevés de conflit, aux chocs sur les prix des produits de base ou à la menace climatique.
Parlant spécifiquement du Mali, M. Olivier Beguy, économiste principal du Bureau de la Banque mondiale pour le Mali, dira que notre pays vient juste après le top dix, c’est-à-dire à la 11ème place avec une note de 3,4 sur 6 ; ce qui est supérieure à la moyenne IDA qui est de 3,1. Pour lui, le Mali a fait de bons points dans le domaine de la croissance macroéconomique avec un taux de croissance annuelle estimé à plus de 5% en 2017. Il estime aussi que la dette du pays est soutenable avec une moyenne de 11% du PIB national. Autre coté positif pour le Mali reste l’entrée en vigueur en 2017 du budget en mode programme. Comme pour dire que la gestion économique est bonne avec une note de 4 points contre une moyenne de 3,2. Par contre, M. Olivier Beguy trouve que le Mali doit faire mieux afin d’améliorer sa gouvernance ; c’est-à-dire, la gestion des institutions et du secteur public, avec une moyenne de 3 points. Dans la gestion des politiques structurelles, le Mali a une note de 3,5 contre 3,1 qui est la moyenne. Et, les politiques de lutte contre l’exclusion sociale et de promotion de l’équité, notre pays se retrouve avec une note de 3,1 contre 3,2, la moyenne.
« Le CPIA est un outil important pour les pays africains car non seulement, un meilleur score permet d’augmenter le montant des financements concessionnels octroyés par la Banque mondiale, mais aussi parce que c’est un excellent outil pour élaborer et suivre les politiques publiques », a souligné lors de cette vidéoconférence M. Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. « Par conséquent, nos pays devraient accorder plus d’attention à cet outil important et l’utiliser » dit-il.
Depuis 1980, les notes de la CPIA servent à déterminer l’allocation des ressources de l’IDA aux pays les plus pauvres. Elles permettent également de suivre les progrès des économies africaines et de les comparer à ceux des autres pays IDA.
Notons enfin que l’Association internationale de développement (IDA) est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète. Fondée en 1960, elle accorde des dons et des prêts à faible taux d’intérêt ou sans intérêts en faveur de projets et de programmes de nature à stimuler la croissance économique, à réduire la pauvreté et à améliorer la vie des plus démunis. L’IDA figure parmi les principaux bailleurs de fonds des 75 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique. Les ressources de l’IDA permettent d’apporter des changements positifs dans la vie de 1,5 milliard de personnes résidant dans les pays éligibles à son aide. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités dans 113 pays. Le volume annuel des engagements est en constante augmentation et s’est élevé en moyenne à 18 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 54 % environ de ce montant étant destinés à l’Afrique.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com
Info Sept