Le Centre International des Conférences de Bamako (Cicb) a abrité, hier mardi 05 novembre 2013, la première réunion ministérielle pour l’établissement d’une plate-forme de coordination de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. C’était en présence du secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, du président de la Banque Mondiale, du président de la Banque Africaine de Développement, de la présidente de la Commission de l’Union Africaine et de plusieurs personnalités internationales et maliennes.
Cette rencontre de haut niveau avait pour objet de procéder à l’identification des priorités des pays du Sahel dans les domaines de la sécurité, la gouvernance, du développement, de l’aide humanitaire…. Il a aussi été question d’établir un partenariat entre les pays du Sahel, le système des Nations Unies, les institutions financières internationales et les entités sous-régionales Africaines. L’objectif visé étant d’aboutir à un développement durable des régions du Sahel et de faire de cette région une terre de paix et de développement.
Dans son discours, le président Ibrahim Boubacar Keïta a fait savoir que le Sahel abrite de nombreuses zones de non-droit, et que y sont présents des milliers de trafiquants de tout genre et des groupes terroristes et djihadistes qui s’allient les uns aux autres selon les circonstances.
IBK: UNE COMMUNAUTÉ DE DESTIN
Le président IBK a souligné que ces groupes sèment la désolation et la terreur et entravent la liberté de circulation des personnes et de leurs biens. « Ils constituent de ce fait une entrave majeure au développement. Ces groupes menacent la paix et la sécurité des Etats de la région et, au delà de la région, la paix et la sécurité de nos voisins des rives de la méditerranéen et même, j’ose le dire, la paix mondiale ».
Il a ajouté que le Mali, à l’instar des autres pays de la région, est victime de cette concentration de vulnérabilité. Et que, dit-il, « le moment est venu pour nous Etats de la région du Sahel de nous attaquer vigoureusement à ces questions qui sont au cœur du devenir de nos pays et ralentissent notre marche en avant ».
Le président IBK a réaffirmé qu’aucun État de la région du Sahel ne peut faire seul face aux problèmes qui l’assaillent. « Nous sommes indéniablement liés dans une communauté de destin voulu par le tout puissant. La somme de nos efforts sera toujours supérieure à l’action individuelle que pourrait mener tel ou tel d’entre nous. Il nous faut absolument d’une part favoriser la convergence de nos actions en vue de l’avènement d’une ère de co-prospérité permettant aux habitants de cette contrée de sortir de l’insécurité, du sous-développement, de la misère sociale et intellectuelle », a plaidé Ibrahim Boubacar Keïta.
Le Chef de l’État a insisté pour dire qu’il y a pas de développement sans la sécurité et la paix et que, d’un autre côté, la paix et la sécurité demeureront précaire s’il n’y a pas de développement. Ce qui lui fait dire que « la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est une opportunité singulière nous offrant la possibilité de donner le meilleur de nous-même pour faire véritablement de cette région un espace de coprospérité économique et sociale adossée à une zone de paix et de sécurité renforcée ».
BAN KI-MOON: AGIR MAINTENANT
Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a souligné que l’heure est venue d’agir pour l’instauration d’une paix définitive dans le Sahel. Il estime que le Sahel a besoin d’efforts sortant de l’ordinaire. Et que, déclare-t-il, « nous devons dépasser les frontières institutionnelles et trouver les moyens pour faire face à la situation politique, sécuritaire, développementale et de l’aide humanitaire. M. Ban Ki moon a insisté que c’est maintenant qu’il faut agir ».
Il a réitéré la disponibilité de son institution à collaborer de près avec les gouvernements de la région et les organisations régionales et sous-régionales. Le secrétaire général des Nations Unies a déploré la situation dans le Sahel qui, depuis des années, est marquée par la sécheresse, la famine et la présence des groupes terroristes qui commettent de graves violations des droits de l’homme.
« Ensemble nous pouvons changer ce tableau. Nous pouvons vous aider à progresser plus vite, à mettre fin à la succession des crises et à avancer vers la paix, la sécurité et le développement. Le sahel peut avancer et il avancera… », a rassuré Ban Ki moon.
Dans leurs interventions respectives, les bailleurs de fonds et les décideurs politiques ont affirmé leur volonté d’accompagner les pays du Sahel et, notamment le Mali, qui vient de traverser une grave crise.
La cérémonie d’ouverture des travaux de la première réunion ministérielle pour l’établissement d’une plate-forme de coordination de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel a été marquée par des promesses de financement pour le développement des pays du Sahel. Promesses faites par les bailleurs de fonds.
Ainsi, l’Union Européenne se dit prête à financer dans le Sahel 5 milliards d’euros d’aide au développement de 2014 à 2020.
Le Commissaire au Développement de l’Union Européenne, qui a fait l’annonce, précise que l’aide sera destinée à appuyer les domaines de la sécurité, de l’agriculture, des infrastructures sociales de base et de la sécurité alimentaire.
La Banque Mondiale a promis un appui financier d’un (1) milliard de dollars aux pays du Sahel dans les 2 années à venir.
Quant à la Banque Africaine de Développement (Bad), elle se dite prête à consacrer deux (2) milliards de dollars aux projets structurants en vue d’accélérer la croissance dans les régions du Sahel. Tout comme les bailleurs de fonds et les institutions financières, les décideurs politiques se sont eux aussi dits décidés à soutenir les pays du Sahel.
Modibo KONÉ