Nafissatou Diop est une styliste douée et passionnée de la mode surtout de la lingerie. Toujours souriante tout en dégageant la bonne humeur, Nafitoo propose à ses clientes les « Piments de nuit », pour les « Nuits épicées » et pour l’ambiance, l’enfant terrible du Sénégal propose les accessoires, sous toutes les formes pour séduire son homme et l’empêcher de regarder ailleurs. Les Maliennes ont eu la chance de découvrir son univers lors du festival du Bazin dont elle a été l’une des invitées d’honneur. Durant son séjour, Nafitoo a rencontré des centaines de femmes en privé pour des conseils de couple. Nous l’avons rencontrée et elle nous livre ici quelques secrets de femme.
Bamako hebdo : A la fin du Festi Bazin, vous avez prolongé votre séjour à Bamako d’une semaine. Vous aviez une bonne raison ?
Oui ! En fait, à chaque voyage dans le cadre d’un défilé, j’en profite pour approcher les femmes du pays et faire des ventes privées. Je suis créatrice de lingeries, et donc les ventes privées adressées aux clientes, les femmes, ça fait partie aussi de mes opérations. C’est toute une gamme, on va dire d’activités de promotion.
Avant Bamako, votre promo vous a menée dans plusieurs capitales de la sous-région. Les femmes là-bas ont-elles répondu à l’appel ?
Elles ont toujours répondu présentes ! Pour la simple raison que toute épouse ou femme en général est toujours soucieuse de s’occuper de son ménage. Et s’occuper de son ménage, c’est plaire à son mari ou son conjoint. Pour la femme africaine, c’est vraiment quelque chose de très culturel. Donc, oui, elles sont sorties pour voir ce que je proposais.
Et les ventes suivent ?
Oui ; tout à fait ! Oui ! Quand elles viennent, c’est pour voir ce que je propose. Et donc, il y a les ventes, les conseils, on discute entre nous… Voila, c’est un peu comme un regroupement de femmes qui discutent entre elles.
Généralement, quel argumentaire leur tenez-vous pour qu’elles s’intéressent à vos articles ?
Je leur dis tout simplement qu’en matière de séduction, il n’y a pas de culture. Lorsqu’on trouve que quelque chose est jolie pour soi, on n’a qu’à la prendre si les moyens vous le permettent. C’est tout simple. Parallèlement, c’est aussi la culture sénégalaise que je leur présente. C’est comme ça qu’elles apprennent à découvrir l’univers de Nafytoo. Et quand on aime faire plaisir à son homme, on essaye de nouvelles lingeries.
Vous parlez de culture sénégalaise, est-ce facile pour celle qui ne l’est pas d’y adhérer ?
Oui, tout à fait ! Comme je dis, la lingerie, ce n’est pas culturellement singulier ! C’est pluriel, si je peux dire ça comme ça. C’est-à-dire que ça peut aller à différentes femmes de pays de cultures différentes. Éthiopienne, angolaise, malienne, européenne, américaine : toutes portent des nuisettes en satin ou en dentelle… En clair, c’est une culture universelle.
Vos matériaux fabriqués ont pour nom fil de pêche, perle de verre etc… Est-ce que ces matières servent le design et le confort de vos pièces ?
Il y’a ce qu’on appelle la lingerie fonctionnelle. C’est ce qu’on porte pour aller au travail et en d’autres circonstances. Moi je crée la lingerie de séduction, qu’on porte dans l’intimité. Donc, forcément, ce n’est pas quelque chose qu’on garde longtemps sur soi. Et même si c’est du fil de nylon, des perles, c’est quand même des matériaux assez souples et agréables sur la peau. C’est extensible souple et facile a porter.
Quel est le petit secret des femmes pour satisfaire leur mari et l’empêcher d’aller voir ailleurs?
C’est tout un ensemble. Il faut du respect et c’est la base de tout. Une femme aura beau avoir les accessoires, si elle veut se mettre au niveau de l’homme et porter le pantalon ou entrer dans un rapport de force, les disputes suivront, et ca ne marchera pas ! Donc, une femme, c’est d’abord la douceur, le respect et la compréhension. Il ne faut pas non plus négliger la communication, se parler beaucoup, demander à son mari ce qu’il nous reproche et vice versa, parce que c’est un échange dans les deux sens. Il faut aussi s’occuper de lui dans l’intimité, prendre soin de la maison et, de temps en temps, lui faire des petits plats même lorsqu’on a des domestiques. Etre agréable et douce, c’est en définitive le plus important. Il ne faut surtout pas être derrière lui tout le temps à essayer de savoir ce qu’il fait, où il va etc…
Votre homme doit être comblé !
Vous le saurez en privé (rires)
Comment vous avez eu l’idée de tout ceci ?
Ce n’est pas moi qui ai créé ça ! Au Sénégal, la lingerie a toujours existé telle quelle, avec ces matières-là. Moi, je n’ai fait que les moderniser. Je les ai sorties en robe, j’ai fait des coupes faciles à porter ainsi que d’autres pièces, voilà.
Tout ça ne vous enferme-t-il pas dans un carcan ethnique comme peut le penser le public occidental, quand on sait que vous participez à des défilés en Europe ? Comment vous apprécie-t-on ailleurs qu’en Afrique ?
En 2006-2007, j’ai participé à un Salon international de la lingerie. C’était la première fois que les acheteurs – qui ne sont que des boutiques et sites de ventes en ligne- voyaient ma gamme. Ces professionnels se sont intéressés à moi parce que j’apportais quelque chose de nouveau pour eux. Parce qu’il faut dire qu’ils sont très curieux de nature et ils aiment proposer des nouveautés à leur clientèle. J’ai eu droit à des articles dans la presse allemande, d’Angleterre où on disait par exemple : » Un vent nouveau venu d’Afrique « … Donc, voila, c’était quelque chose de nouveau, d’exotique pour eux et donc ça les a intéressé.
Vous avez fait seulement l’Europe ?
Non. J’ai fait le Canada, l’Amérique du nord mais l’Asie non. Pas de clientèle particulier en Europe, ce sont des boutiques qui commandent de temps en temps et souvent si je pars en France il y’a des françaises qui achètent et des américaines. Et je pense que toute femme qui aime innover va aimer ma lingerie parce que visuellement c’est quelque chose de beau quand c’est porté. De nos jours on voit des blanches qui s’intéressent à la lingerie africaine !
Au fait, que vendez-vous comme secrets de femme ?
Enfin, vous appelez ça secrets, moi j’appelle ça des épices ! Pour relever le plat de séduction ; en cuisine, y’a plein de petits trucs qui agrémentent le plat donc si on porte sa lingerie c’est pour avoir d’autres effets en plus des autres choses c’est tout simplement pour révéler les plans de séduction. Si on parle de lingerie c’est avec d’autres accessoires tels que les perles (baya) des parfums de chambre, des draps (rires) et des produits plus personnels et intimes que je ne citerai pas ici… si on les cite il n’y aura plus de surprise pour le mari raison pour laquelle je vends uniquement aux femmes.
Votre carnet d’adresse clientes se définit au fil des ventes privées
Oui toutes mes clientes sont mes copines et ça ce passe toujours en rigolant et c’est agréable.
Vous demandent-elles des conseils intimes ?
Euuh, Elles me demandent simplement des conseils… je ne développerai pas plus (rires).
Epices, huiles, encens, aphro, c’est à base de quoi ?
Je travaille des huiles essentielles et je travaille également avec une cousine très douée qui m’aide à créer. Sinon ce sont des compositions naturelles des eaux florales, des huiles essentielles qui sont testées bien avant parce que certaines sont uniquement pour les tissus le drap d’autres pour le corps, etc. Mais c’est moi qui les crée.
Nafytoo, c’est donc une petite unité industrielle
Oui je commence à me diriger vers ça mais c’est délicat. Pour l’instant je ne prends que des eaux florales et naturelles.
Après on peut se demander à quoi servent toutes ces potions
Ça peut être pour la chambre ! Pour le salon, on ne se limite pas seulement a séduire à porter quelque chose de séduisant pour son mari, mais il y’a aussi comment embaumer la maison et même des parfums de salle de bain. Tout ça fait partie du jeu de séduction
Y’a-t-il des périodes où la demande est forte ?
Surtout la saint Valentin qui est la fête des amoureux, la journée du 8 mars, fête de la femme. Ensuite les différentes fêtes.
Est-ce qu’il vous est arrivé d’avoir des hommes comme clients?
Non, non je ne reçois pas les hommes en individuel. Je peux recevoir un couple c’est-à-dire une dame qui vient avec son mari. Je pense que l’homme africain en général n’est pas encore prêt a aller acheter ouvertement de la lingerie pour sa femme
Est-ce que du fait de la suggestivité on ne vous fait pas de scènes ?
Non ! Je n’ai jamais eu de problème parce que mes défilés se passent de façon correcte. C’est vrai qu’au début je me sentais un peu moins couverte, mais maintenant avec la maturité et l’expérience je les présente d’une façon correcte je ne montre pas des filles dénudées. La preuve à mon défilé au festi bazin je n’ai présenté que des nuisettes et des kimonos en bazin.
Justement on s’attendait à voir de la lingerie, des dessous de femme en bazin, mais là on n’a rien vu pourquoi ?
Justement parce qu’on est au Mali. Et on ne présente pas n’importe quelle collection en public. Donc je pense que l’essentiel était de présenter une collection de lingerie en Bazin et c’est ce qui a été fait.
Vous avez donc peur ?
Non ! Je respecte plutôt la culture de tout un chacun. Et ma collection » Il fait chaud » a été beaucoup apprécié.
Que dire d’une collection de string en Bazin ?
(Rires) non ! Vous auriez créé ça parce que ça vous a inspiré ! Comment le porter ? Ou aussi vous vouliez vraiment prononcez le mot, hein ? (rires) En tout cas, c’est vous qui l’avez dit, pas moi (rires).
Personnellement pour vous quel dessous doit prendre le dessus ?
En fait moi je ne décide pas de ça ! J’ai une collection, je la présente et chaque cliente prendra ce qui lui ira le mieux. Par contre, je leur conseille beaucoup sur les senteurs.
Des conseils en lingerie à nos lectrices
Je leur conseille de ne pas se limiter à ce qu’elles ont l’habitude d’acheter. Elles doivent innover, essayer toute sorte de lingerie différente, comme pour les vêtements ! Aujourd’hui on peut mettre un kimono, demain une nuisette, après un ensemble deux pièces voilà ! Surtout pour le plaisir de son homme.
Réalisés par Clarisse et Kady