L’Indépendant : Quels sont les atouts de la télémédecine pour les Africains ?
La télémédecine est un raccourci pour les pays africains pouvant leur permettre de régler un certain nombre de problèmes lié à la santé de la population. De même qu’elle peut devenir très dangereuse si elle n’est pas contrôlée. Grâce aux outils de la télémédecine, on peut installer des laboratoires de dernière génération en miniature dans des endroits les plus reculés du pays. Ce qui permettra d’avoir une plus grande performance et une autonomie. Le danger c’est quand elle n’est pas utilisée par des professionnels. A ce moment, le risque c’est de voir certains commander des produits dangereux comme la morphine sans passer par une pharmacie. Raison pour laquelle le ministère de la Santé doit avoir un œil sur cette pratique pour ne pas qu’elle devienne un problème de santé public.
L’Indépendant : Les autorités vous accompagnent-elles dans votre démarche ?
Dr. Sayave Gnoumou:
Les autorités commencent à avoir un grand intérêt pour cette pratique. Il en est de même pour les grandes institutions telles que l’OMS. D’ailleurs, je suis régulièrement invité à des évènements de mise à niveau des règlements, des normes au niveau international. Je suis aussi envoyé dans différents pays africains pour les aider à mettre en place des stratégies dans ce sens. A mon avis, cela dénote de l’intérêt que nos autorités portent sur cette pratique. Le seul problème c’est que très souvent on organise des séminaires et les résolutions sont gardées dans les tiroirs. L’autre problème c’est que ce ne sont pas les stratégies qui manquent mais par où commencer Aujourd’hui, tous les ministères de la santé en Afrique sont conscients qu’ils n’auront pas le choix que de l’utiliser, mais ils ignorent dès fois comment s’y prendre. Il y’en a qui croient que c’est juste de la technologie alors que d’autres pensent que c’est une question d’argent. Alors que très souvent ce n’est pas un problème d’argent si on rationnalise mieux les ressources. Il faut juste qu’on s’approprie ces techniques en Afrique. Pour ce faire, il faut que les autorités prennent cette situation à bras le corps.
L’Indépendant: Quelles sont les difficultés rencontrées dans la pratique de la télémédecine en Afrique ?
Dr. Sayave Gnoumou:
Je ne parlerai pas de difficultés, mais plutôt de limites. Notre travail consiste à créer des solutions utiles aux personnes qui l’utilisent. Dans chaque pays, il est important de s’appuyer sur la règlementation en vigueur. Au Cameroun, quand j’ai contacté un avocat pour faire de la télé-cardiologie, il m’a assuré que la voie est libre et que je pouvais y aller. Mais après réflexion, je me suis dit qu’il fallait être prudent. Très souvent, il arrive que dans des pays, certains fassent uniquement recours à des informaticiens pour ce genre de pratique. Alors que c’est important d’avoir des professionnels de la santé qui comprennent mieux certains concepts.
L’Indépendant: Etes-vous soutenu dans la réalisation de votre projet ?
Dr. Sayave Gnoumou: J’ai une petite entreprise à Paris au sein de laquelle nous travaillons dans le domaine de la télémédecine. Ce qui nous a poussés à travailler dans ce domaine c’est qu’à Paris nous étions un groupe de médecins en service dans plusieurs hôpitaux. Nous avions l’habitude de nous entraider dans plusieurs choses notamment la facilitation des procédures médicales. De ce fait, son se partageait très rapidement les informations médicales d’un patient pour prendre une décision concertée. C’est donc cette forme de collaboration que nous avons entretenue et consolidée pour nous conduire à la télémédecine.
L’Indépendant : Vous avez participé à l’exposition Keneya qui s’est déroulée à Bamako, du 9 au 11 janvier. Que représente pour vous cet événement?
Dr. Sayave Gnoumou: Cette exposition est très importante pour moi. Je remercie ceux qui m’ont invité parce qu’au départ je ne savais pas que c’était un événement si important. Il faut que les professionnels se regroupent et se parlent en particulier en Afrique. Chez nous, la plupart du temps, les gens sont indépendants. Il faut qu’on commence à se parler pour pouvoir définir nos propres règles. Il faut aussi que les autorités soutiennent les projets et initiatives portés par les médecins parce qu’en fin de compte ce sont elles qui tirent profit de ce genre d’événement. J’ai déjà participé à deux expositions pour présenter des solutions aux laboratoires. Pour cette édition de l’exposition Keneya, j’avais un stand que je partageais avec des amis pour présenter des produits.
Réalisé par Massiré Diop et Hari Moussa Maïga
Source : l’Indépendant