Les états de service de la Force française Barkhane forte 5 100 militaires au Sahel sont loin de parler pour elle au regard de la vague de rejet, si ce n’est d’hostilité de la part de nombreux ressortissants maliens. Ce, nonobstant des coups d’éclat dont elle se prévaut au moment justement où elle se trouve dans l’œil du cyclone de l’opinion nationale pour sa valse-hésitation suspension reprise des opérations conjointes avec les FAMa et maintenant adaptation de la présence militaire française.
Plusieurs cadres du groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS) sont morts ou ont été capturés ces dernières semaines par la force française Barkhane et ses partenaires, a indiqué le vendredi 2 juillet la ministre française des Armées, Florence PARLY. Outre la mort d’Almahmoud ag Baye, alias Ikarey, deux proches d’Abou Walid al-Sahraoui, leader de l’EIGS, ont été arrêtés, selon des sources françaises.
Désormais, il est question de deux choses : le maintien de l’engagement français au Sahel et l’adaptation, la reconfiguration de sa présence militaire française.
Par cette décision, dont le terreau est ce qu’on a appelé un « coup d’Etat dans un coup d’Etat » et surtout le soutien inattendu à l’Elysée apporté par la Conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO à la Transition, les vociférations, les trémolos et les contorsions des anti-français ou pro-Russes ont reçu un écho presque favorable inespéré. ‘’La France dégage’’. La France dégagera effectivement, d’ici la fin de l’année de trois principales bases au Nord. Elle dégagera même jusqu’au Niger où elle entend installer son commandement. Preuve que Bamako et N’Djamena ne trouvent plus tellement grâce aux yeux de l’ancienne puissance coloniale échaudée par la gestion de deux coups d’Etat, quand bien même sous des formes différentes. Il n’y a donc pas matière à s’étranger lorsque le président BAZOUM, la guest star à Paris à la place du Président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel, Mahamat Idriss DEBY, se laisse aller à chanter la pomme à son hôte du jour, en clouant au passage au poteau nos braves colonels qui auraient des atomes crochus avec les putschs toutes les fois qu’ils connaissent des déboires sur les théâtres d’opérations.
Qu’est-ce que le Mali gagne dans cette adaptation de la présence militaire française ? Que TAKUBA ou des mercenaires russes se substituent à Barkhane ? Non, notre fierté, le zèle que certains ont mis à vouloir faire dégager Barkhane ne peut s’accommoder d’une telle pleutrerie. Tant de virtuosité dans l’expertise pour s’abandonner à la médiocrité, ne saurait prospérer.
Entre précipitation à élaguer une branche du dispositif de soutien et procrastination, il faut choisir.
Cependant, le temps n’est plus aux imprécations, mais à retirer l’écharde de la plaie. Ce que nous pourrions gagner, c’est un sursaut patriotique pour débarrasser notre territoire de tous les nuisibles qui l’infestent et l’infectent sous les apparences démoniques de jihadistes.
Mais, notre engagement patriotique va-t-il réellement au-delà des invectives, des incantations et des manifestations subventionnées de larbins à usages multiples, à la solde du plus offrant ? Notre armée nationale est-elle suffisamment aguerrie et financièrement indépendante pour se passer des services d’autres puissances ? Qu’on se le dise : il serait vain de vouloir créer une réalité parallèle, un monde alternatif, à l’intérieur duquel tout devient possible.
Les épreuves rédhibitoires imposées à notre peuple, nous les connaissons et nous n’y arriverons pas à bout par les petites courtisaneries à deux balles, à coup de d’esbroufe ; mais par à un engagement à toute épreuve à relever les défis qui assaillent notre pays. Point besoin de boule de cristal pour cela.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: Info-Matin