Le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, a effectué les 22 et 23 février 2020, une visite dans la région de Mopti. Une semaine après le massacre des populations civiles à Ogossagou ayant coûté la vie à plus 30 innocents. Le chef du gouvernement aurait, au cours de cet énième séjour dans la région de Mopti, formulé le souhait de démanteler les check-points installés sur la Route nationale 16 par les éléments du groupe Dan Nan Ambassagou, un mouvement dissout le 24 mars 2019 par le gouvernement du Mali au cours d’une session extraordinaire du Conseil des ministres.
Le Chef d’État-major général du mouvement Dan Nan Ambassagou, Youssouf Toloba, a immédiatement réagi dans un communiqué daté du 23 février, largement diffusé sur les réseaux sociaux. «Le Chef d’Etat-majordu mouvement d’auto-défense, Dan Nan Ambassagou au pays dogon, vient à travers ce communiqué, informer l’opinion nationale et internationale qu’il a appris avec beaucoup d’amertume l’intention duPremier ministre Dr Boubou Cissé de vouloir supprimer les check-pointsdes éléments du mouvement d’auto-défense Dan Nan Ambassagou, installés sur la Route nationale 16 communément appelée route de poisson reliant Sevaré, Bandiagara, Bankass, Koro, frontière Burkina-Faso. Nous tenons à vous informer que l’installation de ces postes n’est pas fortuite, ils ne sont pas installés par le simple plaisir de vouloir les installer. Mais plutôt dans le but et le seul but de sécuriser la route, les villages, afin de permettre aux populations, toutes ethnies confondues, de circuler librement sur cet axe. Avant leur installation,les terroristes arrêtaient des véhicules et procédaient à des exécutions sommaires sur des populations civiles. Nous rappelons par la même occasion que ces postes sont installés à des points stratégiques qui permettaient aux terroristes de faire des mouvements du nord au sud pour regagner leur base dans la zone de Diallo. Donc, l’installation de ces postes a permis de repousser plusieurs attaques terroristes contre les villages, les populations et même le poste de contrôle de Goundaka», peut-on lire dans ce communiqué.
Le patron de Dan Nan Ambassagou formule des menaces, à peine voilées, dans son communiqué. Après le démantèlement sans incident des check-points hier mercredi 26 février comme l’a annoncé le gouverneur de la Région de Mopti, Général Abdoulaye Cissé, il y a un risque d’instrumentalisation des femmes et des enfants.
Les responsables de Dan Nan Ambassagou comme Youssouf Toloba, Sékou Bolly, leader d’un mouvement Peul et autres narguent-ils impunément la République ? Si c’est le cas, ils devraient ainsi que leurs commanditaires être mis aux arrêts et traduits devant les juridictions compétentes ! L’argumentaire développé dans le communiqué vaut-il son pesant d’or ? Les check-points en question comblent-ils effectivement l’absence des forces de sécurité dans ces zones ?
Que l’Etat s’affirme en faisant prévaloir son autorité. L’exercice de la force légitime doit revenir à l’Etat. Et au seul Etat !
L’expert indépendant des Nations Unies, Alioune Tine, a raison d’affirmer que les défaillances de l’Etat facilitent la violence. L’Etat du Mali a failli depuis belle lurette. Les forces engagées pour la stabilisation du pays ont aussi failli à leurs missions. L’une des missions des casques bleus de la MINUSMA est la protection des populations civiles. Et, bizarrement, à Ogossagou, Kolongo, Sobanda et ailleurs, ce sont les civils, les principales victimes de cette barbarie digne du Moyen-âge !Ces massacres à répétition doivent interpeller la conscience collective. Que l’Etat malien assume ses responsabilités ! Et que les partenaires jouent aussi leur partition dans la protection des populations civiles !
Chiaka Doumbia
Le Challenger