Les médias ont un rôle très important à jouer pour assurer la transparence, la sincérité et la crédibilité des élections, en parfaite harmonie avec leur mission de service public. Le Sénégal et le Ghana sont cités comme des exemples grâce au rôle de veille des medias. Le rapport mondial sur le développement humain de 2002 reconnaît le rôle crucial joué par les radios privées du Ghana dans la transparence du processus électoral. Tout au long des différentes phases du processus électoral, la presse peut largement contribuer à assurer une plus grande transparence du jeu électoral.
A l’inverse, les médias peuvent contribuer négativement au processus électoral. Les périodes électorales sont connues pour être des moments de tensions, lesquelles peuvent être exacerbées par des médias irresponsables, partisans ou mal renseignés.
Après les candidats et leurs soutiens, le ministre de l’administration territoriale, les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets et les présidents de bureau de vote, notre troisième lettre est adressée aux hommes de média.
Il s’agit pour les hommes de média de prendre conscience de leur responsabilité en ayant à l’esprit que le désordre et l’anarchie sont les premiers obstacles à l’exercice de cette profession, ô combien noble. Combien d’entre eux ont failli perdre la vie en 2012 avec l’irruption accidentelle sur la scène publique de la soldatesque de Kati ? À l’exception de la Turquie devenue la grande prison pour les journalistes à cause des dérives autoritaristes d’Erdogan, les hommes de média risquent leur vie dans des conditions où il y a la guerre ou des situations d’instabilité chronique.
C’est pour dire qu’il revient à tous ceux et toutes celles qui manipulent la plume, qui tiennent une camera ou un micro, de faire en sorte que le pays ne bascule pas. Il leur est demandé d’informer juste et vrai. Et cela en toute responsabilité, professionnalisme et impartialité.
Chers confrères, chères consœurs et hommes de média, soyons capables de fournir à la population une couverture du processus électoral à travers des informations équilibrées et impartiales. C’est ce qui peut aider les citoyens à faire un bon choix entre les candidats en compétition.
Pour arriver à un traitement équilibré et indépendant des questions électorales, il faut une prise de conscience aigue des professionnels de l’information de leurs rôles et responsabilités dans le maintien de la paix sociale.
Chers confrères, chères consœurs et hommes de média, ne fermons pas les yeux sur la vérité et ne soyons pas complices de l’embrassement du pays. Ne cédons pas aux chants de sirène des oiseaux de mauvais augure qui sont prêts à tout pour conquérir et conserver le pouvoir.
Chers confrères, chères consœurs et hommes de média, mettons le Mali au-dessus de tout. Laissons les politiques se chamailler et ne prêtons pas nos colonnes, nos micros et nos plateaux à ceux ou celles qui n’ont d’autres arguments que les insultes. Refusons les contrats de ceux qui sont dans la manipulation.
Chers confrères, chères consœurs et hommes de média, n’acceptons jamais d’être utilisés comme des véhicules pour propager la haine raciale ou ethnique. Disons Oui aux critiques objectifs, non à la propagande et aux attaques injustifiées contre des candidats ou des membres de leurs équipes de campagne.
Chers confrères, chères consœurs et hommes de média, ne montrons pas nos préférences partisanes ou politiques ni nos intentions de vote dans nos articles ou à l’antenne. Les propriétaires des organes ne devraient pas porter atteinte aux dispositions d’impartialité et d’équité à travers des interférences dans le contenu des reportages. Faisons preuve de vigilance et évitons les conflits d’intérêts.
Il nous revient donc de savoir manier nos plumes et micros afin de ne pas jeter de l’huile sur le feu, mais plutôt de jouer à l’apaisement.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger