L’évidence du non-respect des horaires légaux de travail et de l’absentéisme de plus en plus élevé dans les services publics saute à l’œil. Voilà deux des nombreux maux qui gangrènent l’administration publique malienne. Ces anciennes pratiques, qui ont la vie dure, dégoûtent de nombreux usagers de l’administration. Le clientélisme, le favoritisme, le laxisme, les rackets sont en train de tuer le service public, dans une indifférence quasi-générale des chefs. Lesquels ont perdu toute autorité sur leurs subordonnés parce que s’adonnant eux-mêmes à des comportements incompatibles avec leur statut. Le poisson pourrit par la tête. Ces agents de l’Etat oublient qu’ils sont payés avec les impôts des citoyens.
Un autre problème de ce pays est que les responsables qui doivent sanctionner se complaisent dans une ridicule dénonciation. Le Président, le Premier ministre ou les ministres dénoncent au même titre que les médias ou les organisations de la société civile. La forfaiture en somme, et cela fait peur. Le rôle d’un Président, d’un Premier ministre ou d’un ministre n’est pas de dénoncer une situation, mais plutôt de s’assumer courageusement en prenant les sanctions qui s’imposent. Or par peur, surtout pour leurs intérêts, leur place et autres privilèges, ils font fi de ces obligations régaliennes. De quoi faire retourner dans sa tombe le regretté Dr Sy Boubacar Sada, ministre de la Défense d’Alpha Oumar Konaré, qui a signé l’historique décision de radier 800 jeunes gendarmes. «Un responsable doit avoir le courage de prendre des décisions impopulaires…ou se démettre» répétait-il à qui voulait l’entendre.
Combien de visites inopinées, le ministre du Travail a-t-il effectuées dans les services relevant de son département pour s’assurer de la présence à l’heure de ses agents ? Combien de visites inopinées le Premier ministre a-t-il effectuées dans les départements ministériels pour s’assurer de la présence des ministres à leurs postes ? Le Chef doit toujours donner l’exemple. Un Président, un Premier ministre, un ministre ou un directeur venant en retard ou vidant son bureau sans motif valable ne saurait donc sanctionner qui que ce soit pour absentéisme.
Chiaka Doumbia