Après une première phase en 2014, une nouvelle enquête inclusive est lancée pour évaluer la qualité de la distribution de la justice dans notre pays
La cérémonie de lancement officiel de la deuxième enquête sur les besoins et la satisfaction des Maliens en matière de justice a eu lieu, hier à Bamako. L’événement était présidé par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Hamidou Younoussa Maiga. Il y avait également le directeur général de Hill innovating justice, Sam Muller, le coordinateur national de DEME SO, Ibrahima Koreissi, des juges des tribunaux de première instance de Bamako et de Kati et des représentants de la société civile.
La perception de la justice dans notre pays est d’une importance considérable pour l’amélioration du service public de la justice, a souligné le ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Selon Hamidou Younoussa Maïga, une enquête de perception d’un secteur donné peut, en effet, être un outil stratégique d’amélioration des politiques publiques. Il a expliqué que son département, avec l’appui de l’ambassade du Royaume des Pays-Bas, a commandité une enquête nationale quantitative qui sera réalisée par le bureau d’étude Hill innovating justice.
Le Garde des Sceaux a, en outre, rappellé que l’enquête qui démarre, fait suite à une première réalisée en 2014. La particularité de cette deuxième vague d’enquêtes est qu’elle se veut plus complète et plus inclusive dans sa réalisation, a-t-il soutenu. «C’est dans ce sens qu’une commission technique composée des experts du ministère de la Justice et des statisticiens maliens a été mise en place pour le suivi des différentes phases de l’étude. Cette commission technique assurera le transfert de compétences et la fiabilité des données qui seront collectées. L’information statistique fiable et sa disponibilité en temps réel sont essentielles pour la prise de décisions justes et soutenables, pour le suivi et l’évaluation des politiques, et pour rendre compte fidèlement des progrès accomplis dans le domaine de la justice», a-t-il déclaré.
Le ministre Maïga a saisi l’occasion pour exhorter les membres de la commission technique à ne ménager aucun effort et à profiter au maximum du transfert de compétences afin d’asseoir dans notre pays une véritable culture de sondage préalable à l’élaboration des politiques publiques. Il ajoutera qu’il est fondamental que le ministère de la Justice puisse disposer d’éléments sur les perceptions que les populations ont de leur justice afin de mieux définir sa politique. Par ailleurs, il a affirmé que les conclusions attendues apporteront un éclairage sur des questions cruciales. Les Maliens savent-ils comment fonctionne la justice? Quelles perceptions ont-ils des acteurs de la justice ? Quelle place accordent-ils au système judiciaire dans l’équilibre démocratique? Quelle évaluation font-ils des institutions judiciaires par rapport aux modes traditionnels de règlement des litiges? Autant de questions dont les réponses aideront à disposer d’une masse critique nécessaire à une bonne orientation de la politique judiciaire de notre pays.
Le Garde des Sceaux a également souligné que cette deuxième phase de l’enquête élaborera des indicateurs efficaces dans le but d’appuyer les objectifs stratégiques de son département dont les points essentiels sont l’amélioration de l’accès des citoyens à la justice et le renforcement de la qualité du service public de la justice, la création d’un cadre propice à l’amélioration de la situation des droits humains afin de lutter contre l’impunité, la corruption et la délinquance financière et enfin, le développement d’outils d’information adéquats pour donner une meilleure visibilité au système de justice et permettre son appropriation.
Au nom du président de la République et du gouvernement, Hamidou Younoussa Maïga a réitéré ses sincères remerciements aux partenaires techniques et financiers (PTF), en particulier à l’ambassade du Royaume des Pays-Bas, pour leur appui constant et déterminant dans le secteur de la justice.
Le coordinateur national de DEME SO a, lui, indiqué que cette étude est le résultat d’une fructueuse collaboration qui a consisté, en plus de l’enquête, de doter l’association d’une plateforme et d’un tableau de bord de suivi de ses différents services. Ibrahima Koreissi a ajouté que cette enquête intervient après deux ans et demi de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger et de mise en œuvre du programme d’urgence de mise en œuvre de la réforme de la justice (2015-2018). Il a remercié le ministre de la Justice pour sa bonne appréciation de l’implication de la société civile dans ses activités de réforme et d’amélioration de ses services. Il lui a témoigné toute sa disponibilité à œuvrer à ses côtés pour la satisfaction des besoins de droit dans notre pays.
Ibrahima Koreissi a également remercié l’ambassade des Pays-Bas pour sa confiance et son soutien continus pour la paix et le développement du Mali. «Nous associons à ces remerciements l’Union européenne qui, en 2014, a bien accepté de cheminer avec nous.
Pour sa part, le directeur général de Hill innovating justice dira qu’il reste à relever plusieurs défis pour permettre un accès plus efficient de la justice à la population. Pour Sam Muller, il faut des données fiables et une synergie d’action pour résoudre cette problématique.
Mamadou SY
Source: Essor