Cécile Kyenge, chef de la Mission d’observation de l’Union européenne et membre du Parlement européen, a effectué sa première visite au Mali les 10 et 11 juillet au cours de laquelle elle a rencontré la plupart des acteurs de l’élection présidentielle fixée au 29 juillet. L’occasion de faire le point sur les préparatifs du scrutin à près de deux semaines du vote.
Bamako, 11 juillet 2018 – Arrivée à Bamako le 10 juillet, Cécile Kyenge, chef de la Mission d’observation de l’Union européenne (MOE UE), s’est entretenue avec 17 des 24 candidats à l’élection présidentielle ou leurs représentants, dont le président-candidat Ibrahim Boubakar Keïta, et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé qu’elle devait rencontrer le 11 juillet en fin de journée.
Au cours de ses entretiens avec Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) en charge de l’organisation des élections, avec Siaka Sangaré, Délégué Général aux Elections (DGE), avec Salif Traoré, ministre de la Sécurité et de la Protection civile, ainsi qu’avec Tiénan Coulibaly, ministre de la Défense, Cécile Kyenge a pris connaissance des mesures prises par le gouvernement pour assurer la sécurité de la campagne électorale et des bureaux de vote ainsi que de l’état d’avancée des préparatifs du scrutin.
La chef de la Mission d’observation de l’UE s’est ensuite entretenue au cours d’une table-ronde avec 15 des 24 candidats ou leurs représentants à l’élection présidentielle, puis avec Tiébilé Dramé, le directeur de campagne du candidat et chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé.
Des préoccupations soulevées par des interlocuteurs de la Mission sur le processus électoral
Au cours de ces discussions, Cécile Kyenge a pris note des préoccupations soulevées par certains de ses interlocuteurs sur la distribution en cours depuis le 20 juin des nouvelles cartes d’électeurs biométriques, ralentie notamment par une grève des administrateurs civils aujourd’hui achevée, sur les préparatifs du scrutin en particulier dans les zones où l’administration n’est pas ou peu déployée, ainsi que sur la sécurisation des candidats et des électeurs pendant la campagne électorale et le jour du scrutin, essentiellement dans les régions du Centre et du Nord du pays en proie à des conflits intercommunautaires ou sous la menace de groupes extrémistes armés.
Pour sa part, le président Ibrahim Boubacar Keïta, candidat à la réélection, a fait part à Mme Kyenge, reçue en audience le 10 juillet, de la volonté du gouvernement de tout mettre en œuvre pour permettre de réaliser un processus électoral crédible et apaisé, et de son intention en tant que candidat de faire campagne dans l’ensemble des régions du pays y compris dans le Nord.
« Même si je suis persuadée de la bonne volonté du gouvernement et de l’administration en matière d’avancement du processus électoral, je suis néanmoins soucieuse du rythme de distribution des cartes d’électeur à près de deux semaines du scrutin » a déclaré Cécile Kyenge. « Bien sûr, des mesures complémentaires sont prévues comme la poursuite de la distribution de ces cartes d’électeur le jour du scrutin, mais si le rythme de distribution n’est pas à niveau, notamment dans certaines zones, nombre d’électeurs pourraient faire face à de sérieuses difficultés dans l’exercice du droit de vote».
« La sécurité de la campagne électorale et du scrutin représente un autre défi majeur, notamment dans le Centre ainsi que dans le Nord », selon la chef de la Mission de l’UE. « Le déploiement d’un dispositif de sécurité conséquent promis par les autorités est donc indispensable à la fois pour permettre aux candidats et aux électeurs de participer à la campagne, mais aussi pour rendre possible l’accès aux bureaux de vote dans les zones menacées le jour du scrutin ».
La chef de la MOE UE s’est également entretenue avec Mahamat Saleh Annadif, le chef de la MINUSMA, la mission des Nations Unies qui apporte un appui logistique au processus électoral. Mme Kyenge a également rencontré les ambassadeurs des Etats-membres de l’Union européenne, qui soutient des structures d’observation nationale. La chef de la Mission d’observation électorale de l’UE devait être reçue dans l’après-midi par la Cour Constitutionnelle, pour insister sur la nécessaire transparence de la Cour en matière de recensement des votes. D’autres rencontres étaient prévues avec la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), et avec le candidat et chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Cécile Kyenge devait par ailleurs prendre connaissance des préoccupations de la société civile en matière d’élection lors d’une rencontre prévue avec des représentants des associations des droits de l’homme, de promotion des femmes dans la vie politique, de jeunes, de personnes handicapées, de soutien aux médias indépendants, et avec des observateurs nationaux.
20 observateurs de l’UE dits de longue durée sont actuellement présents dans le pays ainsi qu’une équipe de 10 analystes à Bamako. Ils seront renforcés une semaine avant le vote par 30 autres observateurs dits de courte durée, et par une vingtaine de diplomates de l’Union européenne en poste à Bamako. Le 29 juillet, la Mission d’observation électorale de l’UE disposera ainsi de plus de 80 observateurs sur le terrain. Deux jours après le scrutin, la MOE UE présentera publiquement dans une conférence de presse ses premières observations et conclusions sur le processus.
Alain CHABOD
Chargé de l’information et des relations de presse
La rédaction