La Cour Pénale Internationale (Cpi) vient de rejeter le dernier appel formulé par les avocats de l’ancien président Ivoirien, Laurent Koudou Gbagbo. Il est poursuivi pour quatre charges de crime contre l’humanité, suite à la crise post électorale survenue en Côte d’Ivoire en 2011. Avec le rejet de ce dernier appel interjeté par les avocats de Gbagbo, on peut donc dire que le dernier obstacle vient d’être levé et qu’il n’y aucun doute que Laurent Koudou Gbagbo, ex-président de la République de Côte d’Ivoire, sera bel et bien jugé par la Cour Pénale Internationale (Cpi). Le dossier a d’ailleurs été transmis à la présidente de la Cpi qui doit maintenant sélectionner des magistrats qui seront chargés de gérer les futurs rebondissements.
On se souvient que l’an dernier, après avoir tenté de rassembler les preuves contre l’ancien président ivoirien, Laurent Koudou Gbagbo, la procureure Fatou Bensouda avait fourni un dossier, mais les juges lui ont demandé de revoir sa copie, estimant que les éléments dudit dossier s’appuyaient trop sur des oui-dire anonymes tirés des rapports d’Organisations Non Gouvernementales (Ong) et d’articles de presse. Bref, les juges ont estimé que le dossier n’était pas solide.
En janvier de cette année, Fatou Bensouda avait présenté de nouvelles preuves. Six mois plus tard, soit en juin 2014, la cour pénale internationale avait, une première fois, dit « Oui ! » au procès, mais cela ne signifiait pas une victoire pour la procureure, car tous les doutes n’étaient pas levés.
En effet, un des trois juges en charge du dossier se disait n’être toujours pas convaincu par les preuves fournies par l’accusation. Il n’empêche que l’ultime appel interjeté en fin juillet dernier, par les avocats de Gbagbo a été rejeté. Ce qui voudrait dire que l’ex-président ivoirien Laurent Koudou Gbagbo sera jugé par la cour pénale internationale pour quatre charges de crime contre l’humanité : meurtre, viol, autres actes inhumains et persécution.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’annonce faite par la cour pénale internationale dans le dossier « Gbagbo » semble ne pas surprendre les dirigeants du Front Populaire Ivoirien (Fpi). Les militants du parti de l’ex-président accueillent, sans étonnement, l’annonce faite par la Cpi de maintenir les poursuites contre leur leader, pour crime contre l’humanité. L’appel de la défense de Gbagbo n’a pas été jugé valable, donc le procès devrait avoir lieu à la Cpi à une date qui reste à déterminer.
À Abidjan, dans le principal parti d’opposition, on continue d’évoquer « une justice des vainqueurs ». C’est ce qui fera dire à Géraldine Odjowi Koudou secrétaire nationale du Fpi, chargée de la Justice et des droits de l’homme, que « nous ne sommes pas très surpris (de cette décision de la Cpi-Ndlr) parce que la Cour Pénale Internationale a rendu des décisions qui démontraient bien que les motivations sur lesquelles elle s’était fondée étaient plus politiques que juridiques. Donc nous nous attendions un peu à ce rejet, même si nous continuons de croire que nous avons des arguments de droit. On est au procès et on va y aller, puis nous allons faire valoir nos arguments de droit. Nous avons des arguments pour contrecarrer ces charges. Parce que nous pensons que ces charges ne sont pas fondées. »
Il faut dire que depuis la chute de Laurent Gbagbo en 2011, le parti qu’il a fondé en Côte d’Ivoire a entamé son « chemin de croix » et aussi sa descente aux enfers. Pour avoir encouragé et pratiqué la violence et toutes sortes d’exactions sur les populations qui ne sont pas de leur politique, ils sont légion, les dirigeants et sympathisants du Fpi qui ont pris les chemins de l’exil et qui rechignent à rentrer au bercail, de peur d’une revanche de la part de ceux qu’ils ont persécuté au plus fort de la crise.
Pour avoir boycotté les dernières élections législatives, le Fpi n’est plus représenté au parlement ivoirien. Ce qui fait de lui un parti politique qui n’a aucune voix officielle pour se faire entendre auprès de l’exécutif. Pour avoir lancé auprès de ses militants le mot d’ordre du boycottage des opérations de recensement, le Fpi a rétrécit considérablement ses chances de remporter une élection dans les années à venir, pour la simple raison que ses militants et sympathisants qui n’ont pas été recensés n’auront pas droit au vote.
Pour avoir subit la démission de Mamadou Coulibaly, ex-président de l’Assemblée nationale et figure charismatique du parti, le Fpi a perdu un nombre important de ses militants qui ont d’ailleurs créé un nouveau parti avec ce même Mamadou Coulibaly à sa tête. Comme si ces peines ne lui suffisaient pas, le Fpi vient de retirer ses représentants de la Commission Électorale Indépendante (Cei), pour protester contre la reconduction de Youssouf bagayoko à la tête de cette structure.
Avec toutes ces dérives et déboires, ne s’oriente-t-on pas vers une dislocation totale et complète de ce parti qui a dirigé la Côte d’Ivoire pendant dix ans, dans des conditions calamiteuses ?. Une « Crise du nord » de la Côte d’Ivoire est passée par là de 2002 à 2011.