Il avait été cité, il y a quelques années de cela, dans une affaire de fourniture de véhicules à l’armée. On croyait que c’était dû à son manque d’expérience. Erreur ! À l’image de son grand-frère, Bakorè Sylla, il adore les affaires opaques et s’est spécialisé en faux et usage de faux. Le Vérificateur général vient de l’épingler dans une affaire de livraison de véhicules.
C’est à la suite d’une mission de vérification au niveau de l’Agence malienne de radioprotection (AMARAP) que le pot aux roses a été découvert. En effet, selon le rapport de cette mission, la commission d’ouverture des plis et d’évaluation des offres ne s’est pas assurée du respect des critères de qualifications des données particulières d’un appel d’offres auquel a participé Cheickné Sylla, à travers son entreprise GML Africa-SARL.
Selon ledit document, l’article 25.1 du Décret n°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant Code des marchés publics et des délégations de service public indique : «Chaque candidat à un marché, quelle que soit la procédure de passation des marchés employée, doit justifier qu’il remplit les conditions juridiques et qu’il dispose des capacités techniques et financières requises pour exécuter le marché en présentant tous documents et attestations appropriés».
L’Instructeur aux candidats du dossier d’appel d’offres (DPAO) capacité technique et expérience indique : «Le soumissionnaire doit prouver, documentation à l’appui, qu’il satisfait aux exigences de capacité technique ci-après : donner la preuve d’être concessionnaire, distributaire agréé ou avoir l’autorisation d’un fabricant, d’un concessionnaire, d’un distributaire agréé. En cas de fourniture de l’autorisation du concessionnaire ou du distributaire agréé, joindre la copie de l’agrément dudit concessionnaire ou distributaire agréé…»
L’équipe de vérification, pour s’assurer du respect des critères de qualification par les candidats ainsi que du respect des procédures de dépouillement par la commission, a examiné les données particulières de l’appel d’offres (DPAO), les offres des soumissionnaires, les rapports de dépouillement, les notifications et les contrats de marché fournis par l’AMARAP pour la période sous revue.
Elle a constaté que le titulaire du marché n°00067 du 11 juillet 2017 relatif à la fourniture d’un (01) véhicule tout terrain 4X4 station wagon en lot unique pour le compte de l’AMARAP, n’a pas fourni des pièces constitutives de l’offre, exigées dans les DPAO, notamment l’Autorisation du fabricant.
En effet, précise le rapport, le Groupe Motors Leader Africa Sarl (GML AFRICA), titulaire dudit marché, a fourni une autorisation d’un fabricant, non conforme au modèle prévu dans les DPAO. Pire, le modèle type de DPAO a subi une modification par le titulaire en remplaçant «sommes fabricant réputé» par le terme «agissant en tant que fabricant réputé».
Cheickné Sylla, un récidiviste
Il s’était fait remarquer en début d’année, dans le cadre de ses activités d’importateur de véhicules, en attaquant devant la Cour suprême, une décision d’appel d’offres. Ce qui n’a guère prospéré.
Dans l’arrêt n°246 du 18 avril 2019, la Section administrative de la Cour suprême, en son audience ordinaire, a rejeté comme mal fondé, le «recours pour excès de pouvoir» du Groupe Motors Leader Africa SARL (GMLA AFRICA), de Cheickné Sylla dit colonel (petit-frère de l’opérateur économique Bakoré Sylla dit GGB). Il avait porté plainte contre la décision n°19-003/ARMDS-CRD du 21 février 2019. Une affaire qui l’opposait à Mali Hyundai Motors et à la Société Diagana Mali Service.
Dans les faits, M. Sylla et Mali Hyundai Motors et Diagana Mali Service se sont retrouvés dans un marché d’appel d’offres de véhicules, d’environ 400 millions de FCFA, pour le compte d’un projet USAID relevant du ministère de l’Elevage et de la Pêche. Parmi les nombreux postulants, le PDG de GMLA AFRICA a été celui qui a refusé d’accepter le verdict de la commission de dépouillement. Il a, à l’époque, soutenu être le «moins-disant», même si ce n’était pas le cas.
Il a d’ailleurs été découvert qu’il n’était même pas en deuxième position pour prétendre enlever ledit marché en cas d’élimination de ses adversaires. Il comptait sur le trafic d’influence, la corruption et d’autres pratiques dont il s’est rendu champion toutes catégories. Il racontait partout en ville qu’il ne pouvait pas perdre un procès au Mali.
À suivre
Moussa Touré
Source : Nouvelle Libération