Le président de la République s’est rendu à Paris en fin de semaine pour assister aux obsèques des treize (13) militaires français tombés au Mali. S’il est vrai que c’était sur invitation d’Emmanuel Macron qu’IBK a fait le déplacement, force est de reconnaître que ce dernier a été à peine vu ; considéré, ou presque, comme un badaud.
«Les simples curieux venus de Pau ou d’ailleurs ont été plus vus que lui, mieux considérés que lui». Cette phrase-complainte d’un compatriote présent aux obsèques des 13 militaires français tombés au Mali résume à suffisance l’attention dont a fait l’objet le président Ibrahim Boubacar Kéita aux Invalides, lundi dernier.
Et ce membre de la délégation, sous couvert d’anonymat, d’enfoncer le clou : «IBK a été humilié par Macron. Il n’a été l’objet d’aucune marque de considération. Il n’a entendu son nom prononcé dans aucun discours ; surtout pas celui prononcé par Emmanuel Macron aux Invalides. Il n’a pas été reçu par ce dernier, ni en privé, ni en public».
Les révélations fusent de partout quant au séjour d’IBK. Certains pensent que même la presse étrangère s’est passé la consigne du boycott de sa présence et que ceux qui en ont parlé ne l’ont pas fait en bien ; surtout pas «l’ami d’IBK», Vincent Hervouet, qui l’a fustigé de même que son entourage en ces termes : «irresponsabilité, corruption, refus d’appliquer l’accord de paix».
Que dire de la déclaration de cet officier français qui commentait la cérémonie en direct sur une chaîne de télévision française : «Je suis plus attaché à la présence du maire de Pau, François Bayrou, qu’à celle du président du Mali».
Finalement, le président de la République, dont le départ pour la France avait été très décrié par ses compatriotes ici au Mali, ne s’est pas vu réserver un meilleur sort, un meilleur accueil, à Paris, non plus. Presque hué, il n’a fait l’objet d’aucune considération digne de son rang.
Qu’est-ce qui justifie un tel comportement des autorités françaises vis-à-vis de notre président ? Un tel traitement était-il prévisible, surtout par ces temps qui courent ? Nombreux sont nos compatriotes qui estiment que oui ; surtout à un moment où la présence de la France est très contestée dans notre pays et où, du côté de l’hexagone, on croit que ce désamour est entretenu quelque part en haut lieu au sein de la République.
C’est d’ailleurs à cause de tout cela que certains Maliens (nous, non compris) ont estimé que le président ne devait pas faire le déplacement sur Paris et qu’il pouvait envoyer une délégation ministérielle. La plupart de ceux qui soutiennent cette thèse -que l’on se détrompe- ne sont pas insensibles à la mort des soldats français sur notre sol.
Au contraire, ils apprécient à sa juste valeur la présence des militaires maliens au Mali et mesure le sacrifice qu’ils consentent ; seulement, ils mettent en avant et dénoncent le comportement déséquilibré du président de la République IBK face à la mort des soldats quand il s’agit de Maliens ou de Français.
Aussi, faut-il dire que le président, lui-même, et ses services doivent sortir un peu du folklore, se prendre un peu plus au sérieux, et prendre beaucoup plus au sérieux les questions qui impliquent le Mali et la nation malienne.
Dans ce cadre : «quel intérêt IBK a-t-il à trimbaler avec lui tous ses responsables religieux à une telle cérémonie d’hommages ?» s’interrogent nos compatriotes. Il faut que l’on sache, définitivement, sous nos cieux, les gens n’ont plus le temps pour nos scènes théâtrales.
À ce que l’on sache, c’est IBK qui a été invité et non le cardinal, les protestants, les responsables du HCI et consorts. Comme si tout cela était gratuit et on oublie que l’on est dans un pays en crise et… en guerre.
Mohamed Ag Ibrahim
Source : Nouvelle Libération