Copié-collé. Mercredi soir, sur France 2, Emmanuel Macron s’est glissé sans fard dans les habits de Nicolas Sarkozy, employant les mêmes mots, les mêmes gimmicks, et déclinant les mêmes obsessions. « Je crois au parti de l’ordre, à celui qui récompense le travail et le mérite », avait lancé l’ancien président, dimanche 23 octobre, dans Le Journal du dimanche. « Je crois dans une France du travail et du mérite », a répété son successeur trois jours plus tard, vantant à plusieurs reprises les vertus de « l’ordre » contre ceux, aux deux extrêmes, qui voudraient le « désordre ». Il a plaidé aussi pour une « France forte », slogan de campagne de M. Sarkozy en 2012.

Le président s’est également inspiré de son aîné en assurant que la défiscalisation partielle des heures supplémentaires – mesure phare du quinquennat 2007-2012 – allait être « intensifiée ». Il a évoqué son souhait de « durcir les règles » avec une nouvelle loi pour mieux « lutter contre l’immigration illégale », thème cher à M. Sarkozy. Sur les retraites, il s’est mis dans les pas de son prédécesseur – qui avait fait passer l’âge légal de départ à 62 ans – et insisté sur la nécessité d’une nouvelle réforme.

En se disant favorable à une « alliance » avec les députés Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale pour l’adoption de certains textes, M. Macron a par ailleurs directement répondu à M. Sarkozy, qui lui avait suggéré de délaisser le « en même temps » pour se tourner plus franchement vers la droite et conclure « un accord politique » avec elle.

Un déjeuner discret à l’Elysée

Ces emprunts rhétoriques et idéologiques ne doivent rien au hasard. Selon nos informations, M. Sarkozy et M. Macron ont discrètement déjeuné mardi à l’Elysée, à la veille de l’intervention télévisée de ce dernier. Un moyen de réchauffer une relation qui s’est refroidie depuis l’été. Pendant la campagne présidentielle, M. Macron avait multiplié les égards à l’endroit de son prédécesseur pour se concilier ses bonnes grâces et, ainsi, affaiblir Valérie Pécresse et la droite.

Mais M. Sarkozy a l’impression d’être moins écouté depuis. Agacé par le « en même temps », il ne pardonne pas non plus à M. Macron d’avoir annoncé à son ex-porte-parole Catherine Vautrin, issue de la droite, son intention de la nommer à Matignon, avant de choisir finalement Elisabeth Borne, issue de la gauche.

En privé, Nicolas Sarkozy se dit par ailleurs très déçu par les six premiers mois du quinquennat, qu’il juge à la fois timorés, ensablés et penchant à gauche. En faisant passer des messages dans Le JDD, puis dans le huis clos de leur déjeuner, il veut tenter de peser sur celui que certains se plaisent à décrire comme « chiraquisé ». Il a déjà pu mesurer son influence sur ce jeune président, en pleine crise des « gilets jaunes » : lors d’un tête à tête, il l’avait aidé à « remonter sur son cheval », selon un ami des deux hommes. Deux jours plus tard, M. Macron annonçait des heures supplémentaires sans charges sociales et défiscalisées, soit le grand retour du « travailler plus pour gagner plus ».