Il convient de rappeler aux générations montantes que la France s’est rendue coupable de deux (02) horribles crimes ici en Afrique à savoir la traite négrière et la colonisation. Ces deux fautes historiques ont dépeuplé le continent africain de ses bras valides et spolié nos pays de toutes leurs ressources naturelles. Lors de la traite des nègres, l’Afrique a perdu plus de 400 millions de ses enfants. Les travaux forcés sur notre sol ont humilié et déshumanisé nos peuples.
De 1957 à 1962, un vent nouveau avait soufflé sur l’Afrique : le vent des indépendances nationales. Mais ce que les générations montantes doivent garder à l’esprit c’est bien la célèbre déclaration prémonitoire du combattant de la dignité et de la cause africaine, le regretté Kwamé Nkrumah.
Il disait à la lumière des vagues d’indépendance africaine enregistrées sur le continent : «Les Blancs sont partis pour mieux rester.»
Effectivement, la décolonisation a accouché d’un virus pathogène en l’occurrence celui de l’exploitation et de l’oppression néocoloniale. Ce néocolonialisme à l’odeur nauséabonde ne saurait servir la cause de l’Afrique. Dans le tumulte des événements néocolonialistes, les Africains, par la faute de leurs dirigeants, ont appris à s’adapter au paternalisme français, à cette bienveillance autoritaire, voire autoritariste et condescendante de la France vis-à-vis des peuples d’Afrique.
Pendant une cinquantaine d’années d’indépendance, le continent africain est resté (et reste toujours) victime de la bamboula française sur notre sol africain.
On a encore en mémoire le triste soutien que bien d’Africains ont apporté à la candidature de François Hollande contre Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle française de 2012 au motif que celui-ci n’aime pas l’Afrique mais qu’avec Hollande la France s’occuperait mieux des peuples africains. C’est bien là une vision erronée et étriquée de la politique française sur notre continent. Ne pas se rendre à cette triste évidence, c’est tout simplement avoir les yeux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir à la lumière du néocolonialisme français.
Il faut dire ici et maintenant qu’hier comme aujourd’hui, la coopération de nos pays avec la France coloniale et néocoloniale n’a jamais été et saurait être mutuellement avantageuse tant il reste établi que l’Afrique reste la vache laitière pour les gouvernants français et leurs mandibules africaines que sont les politiciens véreux, que ces dirigeants soient de gauche, de droite, du centre ou écologiste ! Cela est si évident que toute coopération entre les chats et les souris se déroule toujours aux dépens de ces dernières. Comme pour dire tout simplement que bonnet blanc est égal blanc bonnet. Sans doute Sarkozy à la place de Hollande travaillerait pour la partition du territoire national du Mali que l’on observe aujourd’hui dans les faits avec amertume. Qu’on n’aille pas nous parler de l’accord de paix d’Alger, quand on sait que tant d’autres accords ont été colmatés comme celui de 2006 toujours dans la capitale algérienne sous la responsabilité d’ATT.
Les autorités maliennes ne pouvaient prendre le risque de convoquer une conférence nationale ou un référendum sur la question du Nord et l’accord dit de paix d’Alger et cela au risque de voir le peuple malien cracher à leur visage qu’elles sont au service de la France néocoloniale et des démons africains au lieu de servir la cause de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali. Un fait patent explique, si besoin en est que Sarkozy et Hollande sont deux poissons d’une même rivière comme le dirait un adage de chez nous :
– Avec Sarkozy, on a fait la guerre contre le peuple libyen pour s’accaparer de ses puits de pétrole.
– Avec Hollande, les Maliens n’ont plus le droit de fouler le sol de la région malienne de Kidal. En envoyant son armée dans le septentrion de notre pays, c’était essentiellement pour défendre les intérêts néocoloniaux de la France néocoloniale car cette volonté manifeste de balkaniser à nouveau notre territoire est un vieux rêve des colonialistes français.
Pour rafraichir les mémoires, il faut rappeler la cynique devise du ministre français de la Colonisation en la personne de Jules Ferry qui disait : «Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde pour une grande nation comme la France, c’est abdiquer».
Plus tard, le général De Gaulle a laissé entendre que ’’la France n’a pas d’amis, elle a des intérêts.’’ L’on comprend donc tout le dessous inavouable de l’enthousiasme et de l’empressement qui ont caractérisé le démarrage de l’opération Serval dans le septentrion du Mali.
Au moment où l’armée française foulait le sol malien, en 2013, les armes du Mali étaient toujours bloquées dans la capitale guinéenne et cela sous la pression du gouvernement français de François Hollande.
Mais le président guinéen avait-il le choix entre livré les armes du Mali à nos soldats pour faire face à la rébellion et quitter le trône ou les confisquer et contenter la France à la face de laquelle Ahmed Sékou Touré avait craché : «La paix dans la pauvreté est préférable à l’opulence dans l’esclavage», disant ainsi non à la communauté française et oui à l’indépendance immédiate de la Guinée. C’était un jour mémorable du 28 septembre 1958.
Le président Alpha Condé est arrivé au pouvoir dans des conditions douteuses quand on sait qu’au premier tour de la présidentielle Cellou Dallein Diallo avait obtenu 43% des suffrages exprimés par les Guinéens contre seulement 25% pour Condé. Le second tour n’a eu lieu que sept mois plus tard. Que s’est-il réellement passé dans ce long intervalle de temps ayant séparé les deux tours de cette présidentielle ? Seul Dieu le sait ! L’on comprend donc que Condé ne pouvait oser remettre nos armes à nos militaires de reconquérir le Nord-Mali.
En tout cas, il faut le dire à qui veut l’entendre que notre armée, si elle n’avait pas été phagocytée par la politique antinationaliste de Alpha Oumar Konaré et ATT, imposait le respect du Mali dans toute la sous région africaine.
En 2012, les militaires français basés au Sénégal avaient laissé entendre que l’armée malienne était carante et qu’elle devait subir une réforme des hommes de troupe aux structures de commandement. Mais à peine un an plus tard, deux (02) contacts ont été établis avec la mission européenne chargée d’assurer la formation de l’armée malienne.
Il est ressorti de ces contacts que certes les moyens étaient obsolètes mais que notre pays dispose d’officiers capables de bâtir une nouvelle armée selon les besoins du Mali (voir l’ouvrage de Abdoulaye Tamboura intitulé ‘’Le conflit touareg et ses enjeux géopolitiques au Mali’’, page 165).
Au regard du néocolonialisme paternaliste de la France chez nous, il n’ya qu’une solution pour les peuples d’Afrique : la rupture sans appel avec ce paternalisme français. Comme pour rejoindre le Togolais Edem Kodjo, ancien secrétaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour qui, il est temps pour les Africains d’orienter leurs efforts et leurs stratégies vers l’intérieur de l’Afrique, au quel cas contraire, les peuples d’Afrique subiront toujours les effets nocifs de la coopération avec l’Occident. Kodjo disait : «Oui, à force d’avoir regardé vers l’extérieur, de s’être organisé vers l’extérieur et pour l’extérieur, à force d’avoir accepté tout de l’extérieur, concepts comme produits…, l’Afrique subit plus que tout autre les effets pervers de la crise venue d’ailleurs».
Il est temps pour les Africains de comprendre qu’il n’y a pas de meilleur candidat à l’élection présidentielle française pour l’Afrique. Pendant longtemps, les diables de la politique extérieure de la France ont fait croire aux peuples africains et à bien d’intellectuels que la gauche française vaut mieux que la droite.
Pour nous, il est temps de comprendre que tous ses candidats soufflent dans la même trompette tant qu’il s’agit de la coopération franco-africaine. Seuls les aveugles de la politique et les ennemis des peuples ne le comprennent pas encore.
Comme on le dirait en fulfuldé ‘’Nênê gôtô, baba gôtô’’, tous ces candidats à l’élection présidentielle française sont les mêmes à moins de jouer à l’aveugle ou à l’innocent. Ils ne peuvent servir que la cause des lobbies français aux dépens des peuples français et d’Afrique.
L’on ne dira jamais assez qu’il urge de rompre avec le paternalisme colonial français pour que les Africains apprennent enfin à penser et à agir par eux-mêmes et à s’occuper du devenir de leur continent en vue de permettre aux peuples travailleurs d’Afrique de participer efficacement au concert des grandes nations du monde.
Fodé KEITA