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EIGS : la poursuite du règne Sahraoui

Deux mois après la mort de son émir, l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) reste muet sur la succession d’Abou Walid Al Sahraoui. Alors que des sources concordantes évoquaient la présence d’un Peul Nigérien pour assurer l’interim, il semble qu’un nouveau cadre Sahraoui ait été désigné pour en prendre le commandement définitif.

 

Le secrétaire général du GATIA, Fahad Ag Almahmoud , qui suit l’affaire depuis le début, annonce sur son compte Twitter que l’Etat Islamique « a choisi Abdoul Bara Al Ansari Assahrawi comme chef de l’EIGS ».

Qui est ce nouveau chef, que ce leader de mouvement signataire localise en Libye jusqu’à sa nomination ? A la lecture de sa kunya, « nom de guerre » que les djihadistes ont l’habitude d’emprunter, Abdoul Bara serait un Arabe originaire de la région du Sahara occidental : un Sahraoui.

Depuis la création de l’EIGS en 2015, le clan des Sahraouis compose le haut commandement de l’organisation terroriste en occupant ses postes clés : émir, qadi, coordinateur ou encore logisticien. Les Sahraouis ont sous leurs ordres des combattants, principalement Peuls, originaires du Niger et du Burkina-Faso, mais également un groupe de Daoussaks de la région de Ménaka.

Les Sahraouis ont longtemps été intouchables. Cependant, en 2021 leur clan a été littéralement décapité par les morts et arrestations successives de leurs membres : Abdul Hakim, Djouleybib, Rhissa, Issa, Abou Abderahmane et dernièrement l’émir de l’EIGS, Abou Walid Al Sahraoui.

La disparition de cadres Arabes au fil des mois a entrainé un véritable climat de paranoïa parmi le commandement de l’EIGS. Dans la région de Ménaka, plusieurs personnes, notamment Daoussaks, sont enlevées puis assassinées car elles sont soupconnées de trahison. Les photos de leurs exécutions sont ensuite publiées par le journal de propagande de l’Etat Islamique An Naba. Sur les messageries, le groupe exhibe des dépouilles de combattants, Peuls à priori, avec des commentaires sur le sort réservé aux traitres, histoire d’intimider ceux qui oseraient parler de la mort d’A. W. Al Sahraoui.

Pour masquer ces trahisons et rivalités internes, plusieurs signes indiquaient qu’un combattant Nigérien d’origine peule avait été choisi dans la foulée pour occuper le poste d’émir par intérim. Ce passage à la tête du groupe terroriste n’aura été que de courte durée. La décision de mettre de nouveau en place un Sahraoui en tant qu’émir pourrait avoir été prise par la direction de l’Etat Islamique au Levant.

Un changement de gouvernance au sein de l’EIGS n’est pas à l’ordre du jour. La caste Sahraoui, en faible nombre, conserve sa position dominante, mais combien de temps encore ? Il est clair que les autres combattants vont continuer à convoiter des postes plus importants car lorsqu’on goûte au pouvoir on y prend définitivement goût.

Idrissa Khalou
Twitter : @IKhalou

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