Il n’est une surprise que l’éducation nationale est minée par une mauvaise gouvernance. La gestion des fonds du contribuable alloués au secteur par l’Etat est à plusieurs niveaux calamiteuse. Entre enseignants et élèves fictifs, les nombreuses cas de doublons, le vol y est monnaie courante dans le denier publique.
L’arrêté de transposition du statut autonome des enseignants a révélé bon nombre d’insuffisances dont les autorités du secteur avaient livré une bataille contre le phénomène. En effet, ce document qui prend en compte la situation individuelle de tous les enseignants qui émargent sur le budget national a révélé un disfonctionnement très grave qui a occasionné des milliards de pertes pour l’Etat. L’arrêté de transposition a révélé des cas d’abandon et de décès survenus depuis des années et qui continuaient à percevoir « les salaires ». Il a été constaté la présence d’un enseignant au niveau de deux, voire, trois Académies ou au niveau de deux ordres d’enseignements. Conséquence, l’Etat débourse deux à trois salaires pour la même personne. Face à l’ampleur de la situation, le ministre d’alors Housseyni A Guibdo a ordonné l’audit des fichiers incriminés. Une bonne action qui pourrait faire gagner une manne importante au Trésor public.
A côté, la problématique des élèves fictifs et les cas de doublons sont plus qu’alarmants. Tout comme chez les enseignants, un diagnostic sollicité par le département a permis de déceler une hémorragie au sein des caisses de l’Etat. Outre les élèves fictifs, c’est-à-dire ceux qui ont épuisé leur scolarité et qui étaient maintenus dans le fichier, il y a également des cas de doublons, des élèves présents à la fois sur la liste de plusieurs établissements. La conséquence est le payement irrégulier des frais scolaires pour les élèves irréguliers et le double payement pour les cas de doublons. Là encore, un nettoyage méticuleux du fichier a été ordonné par le ministre. Ainsi, Sur les 41 milliards initialement prévus pour le payement des frais scolaires, le contrôle a ramené la somme à 33 milliards. Au total, 9 000 élèves irréguliers ont été radiés du fichier.
Les écoles communautaires ne sont pas en reste. Dans le cadre de l’intégration des écoles communautaires et le recrutement de son personnel dans la fonction publique des collectivités annoncée dans la DPG du Premier ministre, un vaste programme de recensement et de contrôle physique a été organisé sur toute l’étendue du territoire national. A mi-parcours, la réalité du terrain dépasse tout entendement.
Sur les 16 000 enseignants des écoles communautaires pour qui l’Etat paye officiellement les subventions, environ 6 000 seulement ont été identifiés sur le terrain. Concernant le nombre des écoles communautaires, sur les 5 000 officielles, seulement 1700 ont été identifiées. Toujours dans la dynamique d’assainir le dossier des écoles communautaires en attendant leur intégration dans la fonction publique des collectivités, le ministre a ordonné le contrôle physique des enseignants sur le terrain. Au moment de la démission du ministre Housseini Amion Guindo, les équipes des ressources humaines étaient sur le terrain dans 5 régions. Espérons que ces initiatives de contrôle perdurent avec la nouvelle équipe du département de l’Education nationale. Il y va de l’assainissement du secteur de l’éducation nationale.
Aminata Traoré
Les echos