C’est la grande question que nous ne devons pas cesser de nous poser, sincèrement, dans la dynamique de la célébration ce 14 janvier 2024, AN II, de la Journée de la souveraineté retrouvée. Intervenant à l’occasion de la cérémonie y relative présidée par le Premier ministre, Chef du gouvernement, dans la docte enceinte de l’Université de Kabala, dans l’amphithéâtre 500, le ministre de l’enseignement supérieur, Bouréma Kansaye, a fort judicieusement rappelé que le sujet de la souveraineté retrouvée un débat fort intéressant entre chercheurs, qui avait prévalu en janvier 2023 en milieu universitaire, mais qui avait même pris ailleurs, on l’a noté, chez des nostalgiques d’un passé de soumission des accents chagrins.
Professeur Kansaye a résumé les positions des universitaires. La première soutenait que la souveraineté malienne avait été acquise le 22 septembre 1960 avec la proclamation de l’indépendance politique. La deuxième position soutenait que cette souveraineté politique acquise en 1960 a été fortement altérée, voire partagée avec d’autres puissances et donc (les tenants de cette position) appelaient à la restauration de cette souveraineté attaquée. Quant à la dernière position, elle explique que le Mali avait perdu complètement sa souveraineté, et que le 14 janvier 2022, celle-ci a été reconquise, donc une « souveraineté retrouvée ». Et de définir, de son point de vue, les trois mots-clés pour une meilleure compréhension et pour tenter une conciliation des différentes positions en apparence inconciliables, pour fonder la réflexion, non pas sur ce que la souveraineté est, mais sur ce qu’elle n’est pas, sur les concepts contraires ou antonymes de la souveraineté. Pour cela, exploitant les dictionnaires de français, Pr. Kansaye projette la lumière sur les concepts. La Dépendance est l’état de quelqu’un qui est soumis à l’autorité d’autrui (sujétion, subordination). L’Allégeance, elle, indique l’Obligation d’obéissance, de fidélité, de soumission. Quant à la Domination, elle traduit l’Action de dominer, d’exercer son autorité ou son influence sur le plan politique, moral, etc. Le ministre de l’Enseignement supérieur tire les conséquences : « Nous avons donc connu les formes les plus avilissantes et les plus humiliantes de la dépendance, de l’allégeance et de la domination. Les décisions prises par le 4ème sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO le 9 janvier 2022 sont un concentré de ces trois notions exprimant le contraire de la souveraineté et savamment appliquées à notre pays. Le 10 janvier, le Président de la Transition, dans son adresse à la Nation, lance un appel au peuple malien, véritable dépositaire de la souveraineté nationale, pour une mobilisation patriotique pour la défense de cette souveraineté brutalement attaquée. Le 14 janvier est de ce point de vue comparable à Kurukanfuga, d’où sont sortis des principes irréfragables destinés à inscrire dans le marbre la souveraineté nationale et incarnés par le Président de la transition, chef de l’Etat, le Colonel Assimi GOITA… »
Mais oui, bon sang, nous avons raison de vouloir recouvrer notre souveraineté pleine et entière, nous l’avons et nous ne devons pas cesser de la consolider, de la préserver, de la défendre, même s’il faut notre sang, ou de retourner à notre état de peuple régulièrement violé. Et c’est au nom de cette exigence patriotique que le Président de la Transition a édicté les trois principes directeurs de notre action de nation fière et réfractaire aux injustices, aux exploitations, à la servilité, à la renonciation d’être soi-même : « Le respect de la souveraineté du Mali ; le respect des choix stratégiques et de partenariats opérés par le Mali ; la défense des intérêts vitaux des populations maliennes dans toutes les décisions prises. » S’exprimant devant les représentants des légitimités traditionnelles, religieuses et de la société civile le 15 janvier, c’est-à-dire le lendemain du 14 janvier, Colonel Assimi Goïta a fait à la (ou a réservé à la fin de son adresse) une révélation effroyable. Emmanuel Macron lui avait proposé, par l’intermédiaire d’un Président africain, trois Maliens, encore vivants, qui pour être notre Président, qui pour être notre Premier ministre, qui pour occuper certainement le poste gardien de toutes les ressources du Mali. Une très grande puissance lui en avait proposé deux autres, toujours vivants eux aussi, pour les mêmes fins. Quid de la CEDEAO… Ce qui n’était qu’un secret de polichinelle, à savoir que nos dirigeants sont choisis par les impérialistes, a trouvé confirmation. Merci à Colonel Assimi Goïta d’avoir conclu à sa façon, comme le patriote français Jean Jaurès : « A celui qui n’a rien, la patrie est son bien » Me Mountaga C. Tall en a prolongé l’écho hier à la Maison de la presse.
Amadou N’Fa Diallo