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Editorial : L’incivisme au Mali

L’incivisme gagne du terrain dans de nombreux pays africains. Cependant, j’aimerais bien m’attarder sur le cas du Mali. En effet, depuis belle lurette, l’incivisme règne en maitre absolu dans notre pays. D’une part ce sont les gouvernants qui manifestent leur incivisme par la mauvaise gouvernance et le détournement des deniers publics,  d’autre part ce sont les citoyens lambdas qui n’ont plus le sens du respect  vis-à-vis des affaires de l’Etat. Du coup, le devoir citoyen et le patriotisme des qualités d’antan que chantent encore nos  griots sont devenus une hymne obsolète.

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Penchons-nous d’abord sur  les remarques les plus élémentaires : le non-respect du code de la route avec son lot de morts quotidiennes ; le non-respect des règles du voisinage (occupation anarchique des voies publiques pour une raison ou une autre) ; le non-respect des horaires de travail et le mauvais accueil dans les services d’Etat, et même dans certains secteurs privés ; l’utilisation abusive des biens de l’Etat (voitures, électricité, eau…) ; le nom paiement des taxes et impôts, la liste est bien infinie.

Si nous faisons une analyse plus approfondie, nous pourrions conclure que  l’incivisme est en grande partie la cause du retard du pays et comme nous l’avons déjà dit, cela va des plus hautes autorités aux citoyens lambda. Parlant  justement des  citoyens, ces derniers  ne participent pas ou contribuent très peu à  la gestion des affaires de l’Etat et de la chose publique. La seule dose de patriotisme qui semble échappée à notre contrôle est la critique stérile accompagnée des propos incitants à la haine et la révolte. Or, ce que ces analystes hors pair ignorent le plus souvent,  est  qu’ils font eux même partie du «système» qu’ils décrient en longueur de journée.

Une autre remarque qui mérite d’être partagée, est la situation socioéconomique que traverse notre pays avec toutes ces séries de grèves qui paralysent l’éducation, la santé et d’autres secteurs clés de l’Etat.  Trois ministères sont quasiment  abandonnés à leur sort,  pas parce qu’ils ne mènent pas à bien leur mission, mais parce que leur méthode de travail dérange la plupart  de nos concitoyens. Au lieu de participer de façon utile au bon dénouement de la crise, on se plait à vilipender, insulter et déplacer les faits pour faire du tort à on ne sait qui.  Pourtant, ces départements ont réalisé des performances notables. L’éducation a pris un nouveau visage, la santé s’est nettement améliorée et la fonction publique a su établir un dialogue entre le département et les travailleurs. Nous l’avons dit dans notre dernière parution : que la grève est bien sûr un droit constitutionnel, mais on doit savoir raison garder. Ainsi donc, les médecins dans la réclamation de leur droit pouvaient faire preuve de patriotisme en épargnant quelques vies humaines. Les enseignants qui, eux-mêmes parents d’élèves pouvaient, à mon avis, avec un peu de civisme, éviter cette situation calamiteuse aux élèves, victimes innocentes de la lutte  des parents.

Il convient de rappeler que chacun a sans doute un rôle  à jouer dans la société pour la bonne marche du pays.  Et pour arriver à ce résultat, il faut un retour aux sources pour puiser les quelques gouttes de patriotisme qui nous restent encore.

Amadingué Sagara

Source: SOLONI

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