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Editorial: le vrai-faux ‘’problème politique’’

Comme si les rebelles se passaient les termes du langage des revendications en Afrique, ceux du Nord, à l’instar de ceux du M23, militairement défaits en République démocratique du Congo (RDC), n’ont plus qu’un slogan: le problème est politique; il faut le gérer politiquement.

accrochage soldats nord mali Serval

Mais que recouvre exactement la notion de politique quand une foultitude de termes existent pour exprimer clairement ce qu’on veut, sans être dépositaire des subtilités de la langue de Molière ? Il y a là anguille sous roche d’autant plus qu’un ‘’problème ‘’ avec des ‘’solutions politiques’’ peut donner lieu aux interprétations des plus rigoureuses aux plus farfelues. Et c’est justement tout l’intérêt du MNLA et du MAA  de surfer sur l’imprécision et le manque de concision des expressions en matière de revendication au sujet de la région de Kidal sujet toutes les controverses et convoitises.  Ce, notamment depuis que le nombre des intervenants à la résolution de la crise du Nord a été multiplié à la puissance X avec des rôles aux contours manifestement mal définis.

Dans l’usage le plus courant, notamment sous nos cieux maliens, une gestion politique équivaut à sacrifier toutes les contraintes réglementaires pour l’atteinte d’un objectif bien donné. Ce qui peut impliquer: plus de favoritisme dans les domaines professionnels, du traitement financier; plus de laxisme en permettant à une catégorie de citoyens de se hisser au-dessus de toutes les lois de la république et de bénéficier d’une absolution sans confession préalable des péchés; plus de promesses discriminatoires et difficilement tenables; mais qui sont des gages de rançons… Au regard de l’expérience récente de notre pays, dans la gestion de la crise du Nord, c’est ce qu’il est permis de retenir d’une solution politique qui n’est somme toute que le condensé amer d’un bradage des principes sacro-saints d’un État qui se respecte un tant soit peu.

Les exemples d’un deux poids deux mesures sont légions: intégration de combattants rebelles dans les différents corps des forces armées et de sécurité et de l’administration sur la simple base de quotas et non sur des critères d’aptitude et de compétence professionnelle; octroi d’un régime préférentiel de 10 ans déjà reconduit une fois privant l’État d’une part de ses recettes douanières; port et usage d’armes de guerre par une catégorie de citoyens sans conséquence judiciaire; atteinte à l’intégrité du territoire national sans conséquences; octroi de prêts pour le financement des activités de développement économique qui ne sont jamais remboursés…

L’intermède d’une rupture de ces avantages indus accordés aux rebelles touareg de Kidal, à la faveur de leur épopée militaire, galvanisés qu’ils étaient par leurs alliés jihadistes (qui s’assemblent se ressemblent); apparaît à leurs yeux comme un manque à gagner énorme; mais surtout une hypothèque sur la continuation d’un système hautement lucratif. Il n’est dès lors pas étonnant étonnant qu’ils effectuent un virage à 180° en tournant le dos à tous les alibis avancés depuis des décennies pour mettre le Nord à feu et à flamme. À savoir, finalement, le seul déficit de développement.

Avec la nouvelle donne incarnée par le Président IBK qui est arrivé avec une réponse à toutes les revendications qui paraissaient légitimes; il urgeait  pour les rebelles, pris de court, de trouver un nouvel exutoire pour ne pas être sevré des conforts matériels obtenus à coups de chantages et de surenchères. La paix et la réconciliation nationale sont ainsi devenues pour eux ce qu’a été la manne pour le peuple d’Israël au cours de sa traversée du désert.

En clair, les rebelles changent de contenant (le manque de développement) et gardent le contenu (les avantages matériels) de leur revendication.

Mais l’équation qui semble échapper à beaucoup d’acteurs rebelles; c’est que le bon vieux temps est en train d’être révolu avec la fin du pilotage à vue fait de colmatages grossiers et grotesques remplacés par de nouvelles offres de sortie de crise. Contrairement à ce que dit l’adage, les rebelles des Kidal qui ont abusé de la faiblesse de l’État ne pourront se prévaloir que de leurs propres turpitudes. Pour cela la machine est en branle.

 

Par Bertin DAKOUO

Source: Info-matin

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