Alors que le Mali traverse une des périodes les plus difficiles de son histoire moderne, marquée par une crise institutionnelle, économique et sécuritaire, l’horizon semble se tourner vers l’Est. C’est à Beijing, du 4 au 6 septembre 2024, que le destin de notre nation pourrait connaître un tournant significatif, lors du 9ᵉ sommet sino-africain.
Bamada.net-Ce sommet, qui rassemble une dizaine de pays africains, revêt une importance particulière pour le Mali. Représenté par Son Excellence le Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, notre pays y participe avec une délégation de haut niveau comprenant cinq ministres stratégiques. Cette présence est un signe fort de l’engagement du Mali à renforcer ses liens avec la Chine, un partenaire devenu incontournable sur le continent africain.
Depuis 2015, la Chine s’est imposée comme un acteur majeur en Afrique, injectant des milliards de dollars dans le développement des infrastructures et des parcs industriels. Les routes, chemins de fer, et ports financés par Pékin sont autant de symboles d’une coopération qui dépasse le simple cadre économique pour s’inscrire dans une logique géopolitique. Aujourd’hui, face aux réticences des institutions financières internationales, la Chine apparaît comme un recours vital pour le Mali.
L’enjeu est crucial : obtenir un prêt significatif pour soutenir la lutte contre le terrorisme et pallier les urgences financières. En se tournant vers la Chine, le Mali espère trouver une alternative aux blocages rencontrés auprès de la Banque mondiale et de l’UEMOA. Les discussions entre le Ministre de la Défense, Sadio Camara, et son homologue chinois pourraient aboutir à un renforcement de la coopération militaire, indispensable dans la guerre asymétrique que nous menons contre les groupes terroristes.
Mais au-delà des enjeux sécuritaires, ce sommet est aussi l’occasion de repenser les échanges commerciaux entre nos deux pays. Inondé par les produits chinois, le Mali cherche à équilibrer ces échanges, à mieux les structurer pour en tirer un bénéfice mutuel. La Chine, déjà présente dans le secteur minier avec l’exploitation du lithium à Bougouni, pourrait bien accroître ses investissements, et par là même, participer à la transformation de nos ressources naturelles.
Sur le plan diplomatique, cette rencontre sino-africaine intervient à un moment où le Mali redéfinit sa politique étrangère. Avec la fermeture récente de plusieurs ambassades occidentales, dont celles de la Suède, du Danemark, de la Suisse et de la France, notre pays se tourne résolument vers des partenaires alternatifs comme la Chine et la Russie. Ce choix, bien qu’ambitieux, traduit une volonté d’affirmer notre indépendance sur la scène internationale et de diversifier nos partenariats.
Le 9ᵉ sommet sino-africain sera donc bien plus qu’un simple rendez-vous diplomatique. Pour le Mali, il s’agit d’une occasion de redéfinir sa trajectoire, de renforcer ses alliances, et de poser les bases d’un avenir plus stable et prospère. L’histoire jugera de la pertinence des choix faits aujourd’hui, mais il est clair que ce sommet de Beijing pourrait marquer une étape décisive dans la quête du Mali pour une souveraineté retrouvée.
NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.
Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net