2017 est terminée ! Avec elle ses hauts et ses bas. Le succès indéniable du sommet Afrique-France, la réinstallation du Gouverneur de Kidal, la tenue de la Conférence d’entente nationale, le retour d’ATT, la Biennale artistique et culturelle mais également les attentats dont celui contre MOC à Gao, l’insécurité au centre, le soulèvement contre le projet de référendum, les corrélations du phénomène religieux, les grèves perlées et bien d’autres qui ont encore affligé et terni notre pays pour lequel l’Europe à commencer par la France et l’Allemagne ont renouvelé leur soutien. Heureusement.
Le Mali est aujourd’hui ce pays qui surprend plus d’un par ses capacités de résilience, la combativité de ses citoyens face à une épreuve imposée et les ressorts de son économie qui mieux que de tenir le coup font des exploits comme la reconquête du rang de premier producteur de coton en Afrique, le succès du forum pour l’investissement, les chantiers du développement…
Et comme cadeau du nouvel an, ce remaniement ministériel auquel presque personne ne s’attendait ou presque. Bref le vin est tiré, il faut le boire.
Mais que d’interrogations ! Comment en est-on arrivé là au sommet de l’Etat ? Comment le Premier ministre issu pour une fois du parti majoritaire, le RPM, a-t-il perdu la confiance de son patron et éventuellement des siens ? Comment a-t-il été remercié ? Comment s’est opéré le choix de son successeur entre autant de candidats potentiels dont le Président du Rpm ? Pourquoi Soumeylou Boubèye Maiga à la Primature ? Et Pourquoi le maintien ou le départ de tel ou tel ministre de l’équipe ?
A toutes ces questions, chacun tente d’apporter sa réponse. Celle qu’il juge plausible en arguant le plus souvent de mystérieuses sources. Une pratique de supputations qui semble ne plus faire mal à personne, un dédale de rumeurs et de tumultes de grins mais surtout un petit univers de sociétés secrètes fractionnées et déchirées par des ambitions elles-mêmes en pièces détachées, des objectifs alliant subjectivité et conspirations comme en attestent les données les plus récentes sur la corruption et la prévarication foncière, terrain sur lequel le Président IBK et la nation entière attendent que suites soient données par la justice.
Mais puisque c’est le remaniement qui nous tient à l’étrier, parlons- en. En effet, à Bamako, les rumeurs de remaniements se suivent comme une poudre et se ressemblent jusqu’à ce qu’elles se confirment.
Les cercles les plus avertis soupçonnaient la chose en cette fin d’année, après la session budgétaire de l’Assemblée Nationale, mais dans une moindre ampleur avec notamment le maintien du premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga nommé au poste en avril 2017 après l’échec déplorable et l’immobilisme de son prédécesseur Modibo Kéïta à exorciser les démons des grèves de la santé, de l’enseignement et la crise latente du football.
Le PM AIM une fois confortablement installé s’est illustré par une rigidité incommodante pour ses responsabilités dans le contexte politique malien, une incapacité à rassembler le Rpm à Gao sa base, le Rpm au plan national et au-delà la majorité présidentielle nonobstant sa grande posture. Idem pour la mise en oeuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale qui n’avançait pas au bon rythme surtout du fait de certains partenaires dont les groupes armés.
A cela il faut ajouter la quasi solitude dans laquelle le Président IBK s’est encore une fois retrouvé face aux opposants au projet de referendum et la liberté de ton du PM sur la gestion de l’affaire des mutins emprisonnés et une gaffe à la cour constitutionnelle dans le dossier de la loi sur l’OCLEI. Mieux les crises expédiées prestement en avril et mai 2017 ont visiblement été calmées sans en traiter les symptômes de fond alors même que la cure n’aura contribué qu’à gonfler les charges de l’Etat tout en réduisant ses capacités d’investissement.
Dans un tel contexte problématique, IBK aura-t-il réalisé que le navire de sa réélection méritait un autre copilote et donc un nouveau casting.
En portant son choix sur SBM, le président IBK aura fait le choix de l’expérience avérée, de l’expérience politique, de la stratégie et des réseaux à l’international.
Le temps sera un handicap certain, on le sait, parce qu’il va falloir prendre plusieurs actes réglementaires pour asseoir le bon fonctionnement de l’équipe gouvernementale, former les cabinets dans 36 départements ministériels, présenter une Déclaration de politique générale et se mettre au travail pour les mêmes priorités que celles du gouvernement précédent.
Ces priorités sont au nombre de six : le parachèvement de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le défi sécuritaire, l’apaisement du climat social, le Programme présidentiel d’urgences sociales, le renforcement de la position du Mali au plan diplomatique et l’organisation des élections (locales, présidentielle et législatives).
A ce titre, le choix de maintenir la plupart des ministres du gouvernement sortant est à l’avantage de l’immense chantier confié à SBM qui bénéficie du bonus crédit confiance de la majorité parlementaire à laquelle il appartient depuis 2013.
On n’est pas orphelin d’avoir perdu père et mère, mais d’avoir perdu l’espoir dit-on. L’espérance est le plus utile des biens.
Source: Mali Demain