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Edito : Les élections ne sont pas pour demain au Mali

L’Autorité Indépendante de Gestion des Elections, AIGE a rencontré la classe politique et la société civile pour échanger autour l’organisation des élections sur le plan technique et logistique. Ces deux rencontres, loin de susciter de l’espoir quant à la tenue dans un proche avenir des élections au Mali pour un retour à l’ordre constitutionnel, ont plutôt créé le doute sur la volonté des autorités de mettre un terme à la transition par l’organisation d’élections crédibles, transparentes et inclusives.

Le Président de l’AIGE a laissé entendre que sa structure est fin prête et que les conditions de la tenue d’une élection sont réunies, mais affirme n’est pas être à mesure d’indiquer la moindre date quant à l’organisation des dites élections censées mettre le Mali au diapason des pays où les institutions sont légitimes et légales. Pour Me Moustapha Cissé, Président de ladite structure, il n’est pas de sa compétence de fixer une date, mais il a rassuré les forces vives de la nation que l’AIGE ne ménagera aucun effort pour une organisation de bonnes élections au Mali.
Si l’initiative de ces deux rencontres avec la classe politique et la société civile était à saluer, surtout après une longue période d’hibernation politique consécutive à la suspension des activités des partis politiques et d’associations à caractère politique, elles n’ont pas permis d’avoir une certaine lisibilité sur l’indépendance de l’AIGE et sur sa capacité à s’affranchir de la tutelle de l’administration. Hors-mi les déclarations de bonnes intentions et la volonté affichée à vouloir jouer pleinement sa partition, l’AIGE ne s’est pas montrée rassurante quant à sa capacité à être une structure totalement indépendante du pouvoir auquel elle attend tout. Elle ne donne nullement l’impression d’être à équidistance de tous les protagonistes, elle semble être une reine sans couronne, car elle ne peut rien décider d’elle-même, alors qu’elle en a toutes les prérogatives.
Revenons-en à la rencontre avec la classe politique. Une bonne partie de cette même classe politique a claqué la porte après avoir protesté vigoureusement contre l’incarcération de 11 de ses leaders et posé comme condition de sa participation, la libération de ces leaders. En réponse à cette doléance de l’Alliance du 31 mars 2024 pour le retour à l’ordre constitutionnel, le Président de l’Autorité Indépendante des Gestions des Elections, AIGE s’est dit incompétent à donner une suite favorable à cette requête et a renvoyé la question aux autorités judiciaires, seules compétentes en la matière. Si au nom de la séparation des pouvoirs l’exécutif ne doit pas s’immiscer dans les affaires judiciaires, mais au nom de la paix sociale et par souci d’inclusivité, il pourrait peser de tout son poids pour demander à la justice de diligenter afin de relaxer les onze détenus et même tous les autres prisonniers politiques. Aucun sacrifice ne serait de trop pour parvenir à la paix.

En définitive, la prise de contact entre l’AIGE et les forces vives de la nation loin d’être une lueur d’espoir pour la tenue prochaine des élections, m’a semblé être juste un petit sondage pour savoir l’état d’esprit des acteurs politiques après la levée de la suspension des activités. Car si la structure dite indépendante n’est pas capable de dire à quand les élections, alors qu’elle en a la prérogative, il y a lieu de douter de son indépendance, de son impartialité et de sa capacité à organiser des élections dont les résultats ne seront pas contestés. Donc les élections ne sont pas pour demain.

L’Alternance

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