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Eco : La longue marche vers la monnaie unique

Serpent de mer est un terme utilisé par plusieurs médias pour désigner l’Eco, la future monnaie unique de la CEDEAO. L’expression n’est en rien galvaudée, car cela fait plus de 30 ans que sa mise en place est évoquée.

 

Le projet remonte à 1983, quand les chefs d’État et de gouvernement d’alors ont pris des initiatives pour créer une zone monétaire unique en Afrique de l’Ouest. « Ils manifestaient ainsi une ferme volonté de solutionner les problèmes de paiement qui minent la CEDEAO et qui résultent de la divergence des zones monétaires dans la région (certains partageant le franc CFA et d’autres non) », affirme le Dr Chérif Salif Sy, économiste et enseignant-chercheur sénégalais, dans une analyse publiée sur le site Alternatives économiques. La décision de la création de la monnaie unique est donc prise le 1er juin 1983 à Conakry, en Guinée. Puis… c’est le calme plat. Jusqu’en 1999, où, à Lomé, lors du 22ème sommet de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, une stratégie visant la construction rapide d’une zone monétaire unique fut remise au goût du jour. Elle visait à faire converger les pays non-CFA vers une monnaie unique, puis à fondre le CFA et cette nouvelle monnaie. Ce projet fut abandonné en 2014, car « prenant trop de temps », selon l’économiste Sy. Avant cela, trois avaient fait les frais des divergences et autres difficultés liées à la monnaie (2003, 2005, 2009).

Le 24 octobre 2017, lors d’un mini-sommet à Niamey à ce sujet, le Président nigérien Mahamadou Issoufou a relancé la question, prônant la mise en « circulation à partir de 2020 » d’une monnaie unique dans les pays de la Communauté « qui seront techniquement prêts ». « L’adhésion » des autres États se ferait « au fur et à mesure », a-t-il ajouté, redoutant que « les remises en question répétitives des dates de l’avènement » de cette monnaie unique puissent « installer un scepticisme dans l’esprit » des populations.

Réticences nigérianes

En 2018, le Président nigérian Muhammadu Buhari soulevait des préoccupations et appelait les pays de l’UEMOA à présenter une feuille de route claire de leur déconnexion du Trésor français. « Les chefs de gouvernement de la CEDEAO n’ont pas été suffisamment informés de toutes les implications de l’intégration à l’horizon 2020, en particulier concernant certains pays qui ne sont pas prêts individuellement au niveau national ». Une année plus tard, son pays semble avoir levé ses réserves, selon le ministre ivoirien de l’Économie et des finances, Adama Koné. « Le Nigeria d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier », déclarait-il en juin 2019.

Journal du mali

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