Les Chefs d’Etat réunis à Abuja le 20 Janvier 2021, ont décidé de repousser la date de la mise en circulation de la monnaie commune Eco. Le pacte de convergence qui permettrait aux pays membres de respecter les principaux critères de convergence, devrait être repris en Janvier 2022 à cause de la pandémie de Covid-19 qui a accru les dépenses des Etats membres. La date proprement dite de la mise en circulation de cette monnaie devrait certainement attendre encore 2025.
Cette mise en circulation de la monnaie Eco souffre plus d’une rivalité insensée entre le Nigéria et la Cote d’Ivoire que de critères de convergence.
La Côte d’Ivoire qui est une copie de la gouvernance française prefère rester à la tête d’une UMOA que de se retrouver dans une zone monétaire où elle ne pourra s’attribuer que le troisième ou quatrième rôle. Il faut souligner que la Côte d’Ivoire depend entièrement du Nigéria pour sa consommation en pétrole, sa propre production étant livrée à la France. Dépendant donc du Nigéria pour son pétrole, elle n’entend pas céder un quelconque leadership sur cette future monnaie. Cette action est sous-tendue par la volonté de Paris qui ne souhaite nullement perdre le contrôle de la monnaie de ses ex-colonies. En témoigne leur déclarartion conjointe du 21 décembre 2019. C’est ainsi que la main mise de Paris sur le contrôle de la monnaie des ex-colonies lui permet également le contôle de leur politique, de l’économie, du commerce, des armées et donc de la securité.
Le Nigéria quant à lui attend de diversifier son économie avant de se lancer dans une aventure d’union monétaire. Faut-il le dire encore, l’économie du Nigéria dépend presqu’entièrement de sa production pétrolière. L’absence de la marque de leadership du Nigéria soit par nationalisme béat soit par manque d’objectivisme constitue un gros handicap dans cette union monetaire.
En rappel, la politique qui consiste à observer les critères de convergence avant la mise en place d’une Zone Monétaire Optimale a été établie et développée en 1961-1962 par Robert Mendell et Marcus Flemming. Ils estiment que pour faire partie d’une union monétaire, certains mécanismes économiques doivent converger notamment , l’inflation, le defit budgetaire, la dette publique…
Il est important de signaler que cette théorie d’observation de critères de convergence n’a jamais été respectée par aucune union monétaire. L’union monétaire qui a semblé appliquer jusqu’à ce jour le principe de ces critères mais sans succès est bien l’euro. Aujourd’hui quel pays européen respecte-t-il ces critères de convergence? La dette publique de la France par exepmle s’établit à 122,4% en 2021, qui pourtant ne devrait dépasser 70% comme le recommande Mendell.
La plus grande et puissante union monétaire au monde, le dollar americain avec ses 52 Etats n’a jamais fait de ces critères de convergence une préoccupation. Mais comme les Dirigeants Africains adorent les expériences qui échouent ou qui sont dictées par les occidentaux, ces critères de convergences sont devenus leur champ de batail aujourd’hui.
La monnaie Eco souffre plus de la mise en avant d’interêts et d’orgueil personnels de certains pays que de l’indispensabilité des critères de convergence. Nous comprenons donc cet appel du président du Faso lancé à l’assemblée nationale de Djibouti en ces termes : « Tous les Peuples du monde sont solidaires et leurs représentants élus que sont les députés doivent pouvoir transcender les intérêts des pays pour faire éclore un monde plus solidaire et plus uni.
Cela est particulièrement vrai pour l’Afrique, qui doit trouver dans le désordre mondial actuel, une opportunité pour construire son unité politique et sa souveraineté véritable notamment sur ses ressources et sa monnaie. »
Pour le Président du Faso, au lieu de faire de la maladie à coronavirus un sujet d’obstacle, il y voit plutôt une occasion en or pour l’Afrique, d’aller à la conquête de sa souvaireneté, politique, de ses ressources et de sa monnaie. Aujourd’hui la CEDEAO et l’UEMOA ont des acquis énormes en terme de libre circulation des personnes et des biens. Si la politique monétaire n’était pas étroitement liée à celle économique dans l’espace Uemoa , certains pays se seraient retirés du FCFA. La sortie du Fcfa ne doit pas se faire individuellement mais par blocs de pression inter-étatiques.
Somme toute, tant que nous craindrons les dures réalités de la liberté, de l’indépendance, qui sont du reste éphemères, nous condamneront nos enfants et nos petits enfants à un esclavage perpétuel. Le Développement ne saurait venir d’un accident d’un suivisme historique. Le développement en est une conséquence.
Œil D’Afrik
Le Président
Larba Israël LOMPO Pour Bamada.Net