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Du nouveau dans l’affaire des hydrocarbures: Non un, mais deux réseaux de fraudeurs… et des complicités haut placées…

Deux réseaux de fraude sur les hydrocarbures sont découverts en même temps. Tous les deux impliquent de gros bonnets des affaires à Bamako. Le second est impliqué dans le transport depuis le Ghana du super carburant déclaré faussement comme du gaz au cordon douanier… Mais il est de plus en plus évident que les fraudeurs n’auraient jamais réussi à sevrer les caisses du Trésor de plusieurs milliards de nos francs, sans une chaîne de complicité de douaniers, plus précisément au niveau de son Bureau du pétrole.

batiment tresor public bamako mali

Dans le système organisationnel des douanes, le Bureau du pétrole est la structure spécialisée dans le traitement de tous les dossiers relatifs à l’importation d’hydrocarbures. Il ne faut pas le confondre avec l’Office national des produits pétroliers (ONAP) actuellement dirigé par le colonel des douanes Zoumana Mory Coulibaly, dont l’expertise en la matière est reconnue.

C’est d’ailleurs pourquoi, le directeur général de la douane a fait appel à lui pour enquêter discrètement sur la quantité énorme de pétrole lampant déclarée au cordon douanier ces derniers mois et dont le pic a été constaté au mois de mai 2015.

En effet, au vu des statistiques, la direction générale des douanes a tiqué, parce que le Mali ne peut consommer autant de pétrole lampant dont l’utilisation se marginalise au fil du temps, même dans les villages où on en raffolait jadis pour s’éclairer le soir.

Dès lors, la Direction générale des douanes tenait des indices importants quant à des opérations de fausse déclaration en douane. Et chose bizarre, le Bureau du pétrole de la douane n’a jamais signalé une quelconque anomalie, faisant donc comme si tout baignait dans le pétrole lampant, pardon, dans l’huile !

L’astuce du DG des douanes, Modibo Kane Keïta, a été de confier discrètement l’enquête à Zoumana Mory Coulibaly qui, en quelques jours, découvre ce qui se passe réellement : c’est du carburant qui est importé en lieu et place du pétrole lampant. Mais pour ne pas s’acquitter des frais de douane qui remontent à au moins 15 millions de FCFA par citerne, les importateurs, de grosses légumes des affaires de la place, mélangeaient le pétrole et le carburant pour brouiller les pistes et ainsi s’acquitter du minimum en matière de frais de dédouanement.

Par ce système maffieux, les caisses du Trésor public qui ont besoin davantage de recettes, se voient illégalement privées de plusieurs milliards de nos francs. Une enquête est ouverte et des noms d’opérateurs économiques circulent déjà, mais nous préférons continuer nos investigations avant de les citer.

Ce que nous ne manquerons pas de faire. C’est dans le cadre de cette enquête que le chef du Bureau du pétrole a été déjà entendu au Pôle économique et financier du Tribunal de Grande instance de la commune III de Bamako.

Un deuxième réseau mis à jour

Au moment où il était en interrogatoire, un autre dossier le rattrapait. Il s’agit du démantèlementd’un autre réseau quitransportait depuis le Ghana du super carburant déclaré faussement comme du gazau cordon douanier.

A la manette de ce trafic qui a fait l’objet de la «Une»  de notre précédente édition, se trouve un jeune opérateur économique, M. Sylla, qui a réalisé les opérations frauduleuses avec la société transit portant le nom de la famille. Pour ceux qui ne le savaient pas encore, M. Sylla est le fils d’un richissime homme d’affaires de Banamba. Une famille très connue pour ses investissements dans le cadre du développement de l’islam, notamment en construisant des mosquées et en procédant à de la distribution d’aide à l’occasion du Ramadan. Il est actuellement entre les mains du Pôle économique et financier dans le cadre de l’enquête ouverte sur cette affaire.

Il est à préciser que le réseau s’approvisionnait au Ghana avec des citernes sur lesquelles c’est clairement indiqué «Gaz». Mais en lieu et place du gaz, le chargement c’est du supercarburant, 20 fois plus cher que le gaz en matière de dédouanement. On imagine que le montant du préjudice subi par l’Etat est énorme.

Les sept camions citernes, partis tous du Ghana, sont passés par Koury où ils n’ont pas interceptés, malgré la présence de représentants du Bureau du pétrole. Comme c’est le cas aussi pour les voyages effectués par le réseau. Encore un indice de complicité !

Arrivés vers Ségou, les fraudeurs alertés malgré la discrétion qui entourait l’opération montée par le Bureau des enquêtes douanières – une autre preuve de complicité au sein des douanes – ont cherché à dissiper les traces du convoi. Quatre camions citernes ont bifurqué vers Koutiala pour passer par Sikasso et enfin se retrouver à Bamako pendant qu’on les attendait dans la région de Ségou. Les trois autres véhicules sont allés vers Markala.

Un de nos fidèles lecteurs nous a appelés de Markala, après notre dernière parution, pour nous expliquer que si les poursuivants arrivaient un peu plus tard, c’en était fini de la traque, puisque les fraudeurs avaient l’idée ingénieuse de vider le contenu des citernes incriminées pour cacher le contenu dans de vraies citernes de carburant stationnées dans des cours de maisons. Selon toujours notre source, l’information commençait à se répandre à Markala car ce genre d’opérations ne passe pas inaperçu.

Les douaniers les ont pris sur les faits car ils étaient suivis de très près par des enquêteurs qui les filaient. La partie du convoi partie vers Koutiala sera attendue à Hérémakono où elle sera cueillie.

Précisons que l’information est venue de la Direction Générale des douanes du Burkina Faso. Comme quoi, s’il n’y avait pas eu cette «balance» comme on dit dans le jargon, le réseau allait continuer sa sale besogne au détriment de l’économie malienne. Pendant ce temps que faisaient les agents et cadres des douanes qui officient au niveau du Bureau du pétrole ? En tout cas, ils n’ont pas fait leur travail. Mais à quelles fins ?Corruption quand tu nous tiens !

Le Bureau du pétrole, félicité tout récemment par le Ministre Igor qui a ignoré le DG en tant que premier responsable des bons ou mauvais résultats, aurait donc décerné des macarons aux plus mauvais et le Bureau du pétrole est une des pistes sur lesquelles s’orientent les enquêteurs, quasiment persuadés qu’il héberge un des maillons de la chaîne de complicités. Reste à déterminer le niveau de responsabilité de chacun dans cette affaire à suivre.

Cheick Mouhamed Diarra

Des réactions !

 

Suite à notre publication n°140 du Jeudi 13 Août 2015 avec comme titre « fausse déclaration et trafic de carburant…Il y a eu des réactions que nous publions intégralement, l’essentiel étant pour nous de donner l’information, les enquêteurs se chargeant du reste.

 

Lamine N’Diaye PDG de Faso Gaz :

«Nous ne sommes ni de près, ni de loin concernés …Nos camions n’ont jamais été saisis par la douane» 

«Je m’inscris en faux contre les accusations faites contre sa société. Faso Gaz n’est ni de près, ni de loin concernée. Et nos camions n’ont jamais été saisis par les douanes. J’ai été trainé pendant toute la journée du vendredi dernier par des éléments du Pôle économique pour une affaire dont je n’ai nullement connaissance. Aussi dois-je préciser que le circuit de rechargement du pétrole et du gaz est différent. Le pétrole est chargé à partir du haut et le gaz en bas de la citerne».

Dont acte et nous pensons que M. N’diaye sera laissé tranquille au vu de cette précision qui prouve que notre information parvenait d’une source qui certainement, est proche aussi des enquêteurs. Mais dans tous les cas, la version de Lamine N’Diaye est claire et ne saurait souffrir d’ambigüité.

 

Mamadou Sylla de Sylla Transit et propriétaire de « MS Oil »

« C’est vrai que nous sommes cités dans cette affaire, mais le tort de Sylla transit fut seulement d’avoir monté le dossier à Koury. Comme tout transitaire agréé, nous travaillons pour des clients qu’on ne connait souvent même pas.  On peut traiter plus de 100 dossiers par jour a indiqué M. Sylla, avant d’ajouter que leur société de transit n’est ni propriétaire des citernes, encore moins de son contenu. En tant qu’ami de M. Doucouré (ndlr : Coumba Gaz) j’ai essayé d’intervenir à travers mes connaissances sans succès, pour un dénouement heureux par solidarité.

Il revient alors de dire que le principal auteur de cette affaire n’est ni Faso Gaz, ni Sylla Transit, mais Coumba Gaz de Mamadou Doucouré. Ce dernier actuellement en déplacement au Congo Brazza  risque beaucoup dans cette affaire car les citernes aussi bien que son contenu appartiennent à sa société. Il est le seul à pouvoir dire la vérité sur cette chose.

Les camions ont été saisis le Lundi 10 Août 2015 à 14h au bureau des  douanes de Ségou. Mais bien avant, Mamadou Doucouré s’était envolé à 6h le même jour pour le Congo ».

Nous remercions M. Sylla pour sa franchise car il a assumé l’acte posé par sa société et son niveau de responsabilité dans cette affaire ne se discutera certainement pas dans les colonnes de ce journal. La justice appréciera à sa juste valeur son niveau d’implication, mais toujours est-il qu’implication, il y a. Par ailleurs, rappelons que la stratégie consistait à faire entrer au Mali des millions de litres de pétrole présentés comme du gaz destiné à Coumba Gaz  une société de vente de gaz domestique. Et par  conséquent bénéficiant d’une facilité d’importation de matières premières comme l’exonération. Sur la base de renseignements précis, les douaniers ont intercepté sept camions citernes destinés à transporter du gaz, mais bourrés de pétrole. Ils venaient tous à Bamako. Quatre ont été interpellés vers Sikasso  et trois autres à Koury.

 

Cette fraude a occasionné une perte énorme à l’économie malienne en cette période de crise, quand on sait que les droits de douane pour une citerne de 45.000 litres de gaz sont de 600.000 F CFA alors que la même contenance en essence est de 16 millions de nos francs. Aujourd’hui, les sept camions citernes sont stationnés dans la cour du bureau de pétrole à Faladié.

Source: La Sentinelle

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