BAMAKO, 7 avril 2025 (Bamada.net) – Une tension sans précédent s’installe entre le Mali et l’Algérie, deux pays historiquement liés mais aujourd’hui au bord de la rupture diplomatique. En cause, la destruction d’un drone des Forces armées et de sécurité du Mali, immatriculé TZ-98D, dans la localité stratégique de Tinzawatène, à quelques encablures de la frontière algérienne. Dans un communiqué officiel N°073 daté du 6 avril 2025, le Gouvernement malien accuse sans ambages le régime algérien d’avoir abattu l’aéronef malien sur son propre territoire, qualifiant cet acte de « provocation délibérée » et de « soutien actif au terrorisme ».
Retour sur les faits : un crash qui déclenche une tempête diplomatique
Bamada.net-Tout commence dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, lorsqu’un drone militaire malien est perdu des radars lors d’une mission de surveillance dans le cercle d’Abeïbara, région de Kidal, non loin de Tinzawatène. L’épave de l’appareil est rapidement localisée, à 9,5 km au sud de la frontière algérienne, précisément aux coordonnées 19°52’04.738″N 2°53’38.101″E, soit bien à l’intérieur du territoire malien.
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Le gouvernement malien évoque alors une perte de liaison avec l’appareil à 10,2 km au sud de la frontière, à un point qui correspond aussi au territoire malien. En clair, à aucun moment, selon Bamako, le drone n’aurait franchi la frontière.
Mais quelques heures plus tard, un communiqué du Ministère algérien de la Défense revendique la destruction d’un drone ayant violé l’espace aérien algérien sur deux kilomètres. Une version aussitôt contestée par les autorités maliennes qui ouvrent une enquête et réclament des preuves concrètes.
Des conclusions sans équivoque : « un acte hostile, prémédité »
Les résultats de l’investigation préliminaire rendus publics sont formels. Le drone, en mission d’observation, venait de capter des signaux concernant une réunion de chefs terroristes de haut niveau, et s’est écrasé à la verticale – une chute incompatible avec une défaillance technique et suggérant un tir de missile Sol-Air ou Air-Air.
Mais c’est surtout le silence d’Alger qui intrigue : 72 heures après les sollicitations maliennes, aucune coopération, aucune preuve, aucune réponse officielle. Ce mutisme est interprété à Bamako comme un aveu de culpabilité, confortant l’idée d’une destruction préméditée de l’aéronef dans le but d’empêcher l’identification et la neutralisation des groupes terroristes opérant dans la zone.
Le Mali contre-attaque : ruptures diplomatiques et plainte internationale
Fidèle à sa ligne de fermeté, le Gouvernement de la Transition, par la voix de son Porte-parole, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a annoncé une série de mesures de rétorsion diplomatiques et juridiques :
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Convoquer l’Ambassadeur d’Algérie au Mali pour exprimer une vive protestation ;
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Retrait immédiat du Mali du Comité d’État-major conjoint (CEMOC), cadre de coopération sécuritaire regroupant les pays du Sahel et du Maghreb ;
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Saisine d’instances internationales pour dénoncer l’agression et obtenir réparation.
Ces décisions marquent un tournant historique dans les relations entre les deux pays. Autrefois alliés dans la lutte pour la libération de l’Algérie, le Mali rappelle son engagement actif aux côtés du Front de Libération Nationale (FLN), et déplore aujourd’hui une trahison flagrante de cet héritage commun.
Alger accusée de complicité avec les groupes armés
Au-delà du drone abattu, c’est la présence et le soutien présumés de l’Algérie aux groupes armés terroristes opérant au nord du Mali qui sont ici remis en question. Selon Bamako, la destruction du drone visait à protéger des terroristes de haut rang en pleine coordination d’opérations hostiles contre le Mali.
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Le communiqué n°073 du Gouvernement est clair : le régime algérien est accusé de jouer un double jeu, en se posant en médiateur régional tout en offrant un sanctuaire logistique aux ennemis de la paix au Sahel. Le ton employé dans le texte officiel ne laisse aucune place à l’interprétation : Alger est désigné comme « exportateur de terrorisme » et « menace à la sécurité régionale ».
Un message d’unité nationale et de résilience militaire
Dans cette atmosphère électrique, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi GOÏTA, réaffirme sa volonté d’éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes. Le gouvernement a d’ailleurs annoncé que, quelques heures après l’incident, des frappes ciblées ont été menées avec succès dans la région de Tinzawatène, neutralisant plusieurs objectifs stratégiques.
Ces actions démontrent la capacité des Forces armées maliennes à répondre avec efficacité, même face à des provocations étatiques. Le communiqué se termine par une note d’espoir et de détermination : « Rien n’entamera la volonté du peuple malien de se libérer du joug terroriste et de ses complices ».
Une crise aux multiples enjeux géopolitiques
Au-delà des implications sécuritaires, cette affaire révèle l’ampleur des tensions géopolitiques croissantes dans la région sahélo-saharienne. Alors que le Mali renforce ses alliances avec de nouveaux partenaires stratégiques, Alger semble chercher à réaffirmer son influence, quitte à brouiller les cartes du jeu régional.
Dans ce contexte, les prochaines semaines seront cruciales. Le bras de fer diplomatique est engagé, et la communauté internationale est désormais interpellée sur le rôle réel de certains acteurs dans le maintien ou la déstabilisation de la paix au Sahel.
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Mouse Touré
Source: Bamada.net