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Droits humains : La CEDEAO se fourvoie, le Mali rectifie

Après son essai, la Commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est attendue au tournant par les panafricanistes. Depuis que la mission a accusé les autorités maliennes et du Burkina Faso d’exactions sur un groupe ethnique, les opinions favorables à l’unité africaine chargent le président de la commission d’avoir trahi la cause de l’unité africaine au profit de son bailleur de fonds qu’est l’Union Européenne. La Commission de la CEDEAO veut remettre ça, à travers un autre communiqué incendiaire. Mais le Mali et le Burkina Faso sont au cœur d’une grave divergence au sein de la CEDEAO au sujet de certaines prises de position de la communauté.

Finalement, deux camps s’opposent actuellement au sujet des deux pays en transition politique et en guerre contre le terrorisme. Il y a le camp des soutiens de la France qui ont réussi à faire signer un communiqué accusant les autorités de Bamako et de Ouagadougou de crimes contre les populations civiles. D’autre part, il y a des chefs d’Etat qui sont contre ces accusations trop faciles de crimes, une prise de position qui pourrait se retourner contre la CEDEAO dont le souci devrait être la reconquête des opinions africaines.

Mais la Commission de la CEDEAO a choisi son camp, qui est celui de l’ancienne puissance coloniale : la France. D’aucuns disent que la commission agit de la sorte pour préserver ses intérêts, puisque l’Union Européenne dont France est un membre influent finance une grande partie des salaires des travailleurs de la CEDEAO. Mais de là à accuser les deux pays en transition d’exactions contre un groupe ethnique, il y a un grand pas que certains chefs d’Etat ne veulent pas franchir. A croire des sources proches du dossier, il y a actuellement une grande division entre les chefs d’Etat de la CEDEAO au sujet d’un prochain communiqué condamnant les responsables des deux Etats de crimes contre un groupe ethnique.

Dans l’opinion malienne, ces genres d’accusations ne peuvent venir que de personnes en totale ignorance des réalités sociologiques des pays concernés. Beaucoup de Maliens pensent que sur la base d’informations provenant d’ONG et d’associations à la solde de l’étranger, des mains invisibles poussent la CEDEAO à condamner les transitions de violations graves des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme. Si les fonctionnaires de la Commission ont accepté de faire ce qui leur est dicté, il y a des réticences au niveau des chefs d’Etat. En réalité, certains présidents savent que ces genres d’accusations créent la haine ethnique.

Tous les chefs d’Etats ne sont obnubilés par la rivalité au point de contribuer à créer les conditions d’une violence ethnique. Ce serait irresponsable de la part des chefs d’Etat africains de mettre dos à dos des groupes ethniques qui vivent ensemble depuis des millénaires pour les beaux yeux de certains pays riches. Par ailleurs, les opinions africaines sont de plus en plus farouchement opposées à ces genres d’accusations qui ont été à l’origine de manifs contre les intérêts de la France au Burkina Faso et au Niger.

On sait que les accusations de violation des droits de l’homme viennent généralement des pays occidentaux. On a l’impression que le départ des forces françaises du Mali et du Burkina Faso a braqué les milieux des droits de l’homme contre ces transitions. En réponse, Bamako accuse surtout la France de néocolonialisme en rappelant le rôle de cette dernière dans le génocide au Rwanda. Certains responsables français dont Emmanuel Macron ont appelé les chefs d’Etat de la CEDEAO à s’impliquer dans la prétendue guerre faite à des populations.

On se souvient que le gouvernement malien a plusieurs fois dit qu’il s’oppose à l’instrumentalisation de la question des droits de l’homme à des fins politiques. Selon le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, on ne peut pas aimer les Mali plus que les Maliens eux-mêmes. Dès lors, la Commission de la CEDEAO est entrée dans la danse, en prenant le relais de l’Elysée qui est conscient du danger qu’il est en train de fabriquer au Mali et au Burkina Faso. C’est d’ailleurs le recrutement des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui est l’une des causes du divorce entre Paris et Ouagadougou.

Soumaila Diarra

Source: LE PAYS

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